La techno a-t-elle eu besoin de reconnaissance ? Apparaître comme une musique, une vraie musique aux yeux du secteur fut longtemps une lutte sans merci. Parmi les nombreux moyens mis en oeuvre, les reprises de certains solistes et orchestres classiques ont compté comme autant de preuves indéniables du pouvoir sensible du genre.
Jeff Mills par l’Orchestre National de Montpellier – Dj prodige de la scène techno de Detroit, il est celui qui a co-fondé Underground Resistance, label qui a marqué le monde de sa patte, de son indépendance et de son intégrité face au business malsain de l’industrie musicale. Son agilité légendaire derrière les platines et ses créations mystiques lui ont valu son surnom de « sorcier » (The Wizard). Mais c’est de son talent de compositeur qu’il est question ici. L’orchestre national de Montpellier conduit par Thomas Roussel en 2007 s’est pris au jeu et donne une leçon mélodique à tous les électroniques-sceptiques. La reprise de The Bells en compagnie de Jeff Mills est une pure merveille.
Derrick May par Francesco Tristano – Impossible de s’empêcher de glisser une réadaptation du pianiste luxembourgeois membre d’Aufgang (InFiné) en 2006 d’un morceau culte de la techno. Derrick May n’est autre que l’un des pères de la techno de Détroit et son titre Strings of Life (en 1987 sous le nom Rhythim is Rhythim sur Transmat) a fait le tour de la Terre une bonne centaine de fois. Dans l’émission « Ce soir ou jamais » Laurent Garnier soulignait en 2009 au sujet de la musique électronique « Le Boléro de Ravel, c’est de la musique répétitive ! ». La justification est de bon goût et le pianiste mettra tout le monde d’accord.
Laurent Garnier et ses invités – Outre le prestige d’avoir joué dans les meilleurs clubs du monde, Laurent Garnier a toujours été le porte drapeau de la culture rave comme un mouvement musical. Une première reconnaissance du grand public est venue avec sa victoire de la musique, dans la catégorie Dance Music créée sur mesure en 1998. En 2010, apparemment pas assez satisfait, accompagné de son compère de toujours Scan-X et d’une dizaine de musiciens, il interprète dans la symbolique salle Pleyel, une longue envolée colorée où instruments et machines s’aident et se magnifient.
Stimming par le Brandenburgisches Staatsorchester – L’un des chefs de file de Dyinamic Music (le label de Solomun à qui tout réussi), Stimming a sorti November Morning, l’un des EPs les plus intéressants de cette fin 2012. Face A, 64 musiciens de l’Orchestre d’État du Brandebourg interprètent la composition de l’artiste hambourgeois ; face B, place à l’originale. Voici la face A.
Pantha du Prince (en photo) & The Bell Laboratory – Pour rester dans le thème des cloches après Jeff Mills, le producteur allemand Pantha du Prince vient de pondre l’album « Elements of Light » en janvier dernier. Il y est accompagné d’un ensemble de musiciens s’amusant sur une cinquantaine de cloches. Alors, il y aura toujours ceux qui s’attristent de voir l’artiste se la jouer intello et s’éloigner de la bonne techno minimale, d’autres s’ennuieront, mais pour le reste, cette étrange association promet un moment très intime et apaisant.
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