Nesles a sorti son quatrième album fin septembre pour fêter 20 ans de carrière. Hormis FIP qui l’a intégré à sa sélection d’octobre, la notoriété se fait attendre pour ce grand sensible passé par l’anglais et le punk dans une autre vie. « Permafost » est une ode acoustique à la nature, réalisée par Alain Cluzeau (Belin, Thiéfaine…). Les fans de Murat, Bashung et (surtout) Bastien Lallemant devraient naturellement sortir de leur terrier.
Ces porteurs de cheveux blancs qui parlent et susurrent pour titiller la corde sensible ont une fâcheuse tendance à vous fatiguer. Lexomil et Valium étant prescrits dans l’hexagone comme nulle part ailleurs, vous vous passerez d’un guitariste dépressif supplémentaire. Le message est clair : qu’ils dégagent avec leur chanson française fadasse.
Avant d’émettre un jugement hâtif et vous convaincre qu’il y a du bon dans cette chanson française, sortons du placard un Parisien très doué pour conter la nature. Oublions celle qui nous habite intrinsèquement ; allons sillonner celle en mémoire de Florent Nesles chez papy et mamie dans la maisonnette de campagne. Comme quoi, fantasmer Dame Nature s’avère plus utile pour véhiculer de sauvages émotions plutôt que parcourir la Patagonie à dos de cheval entre deux tasses de maté. Florent Pagny méditera sur cette pensée, lui qui s’est fait voler sa Porsche dans un ghetto pour nantis des Yvelines lorsque FIP programmait « Les Forêts » de Nesles. Jeu de mots facile, l’intéressé a signé chez Microcultures, label qui laisse ses artistes indépendants prendre leur temps en comptant sur votre financement.
Le grain de fumeur en moins, l’amoureux d’arpèges y retrouvera la patte d’un Bastien Lallemant – lui aussi n’a pas la gloire escomptée – dans cette nonchalance vocale bercée de coton. Le champ lexical de Permafrost se concentre sur la nature lorsque Lallemant puise son inspiration dans les relations humaines. C’est principalement dans l’emploi d’un vocabulaire travaillé qui ne cherche pas la rime systématique que la symbiose opère.
Les onze titres accrochent par leur chemin bucolique. Un opus à la sève authentique. « Le dur, les cailloux » narre une histoire d’amour en hiver. Pas un petit hiver du réchauffement climatique : un pur, un vrai, un dur qui se nourrit du blizzard. On a volontairement choisi un titre périlleux afin de vous convaincre que l’amour fasse boule de neige. Une histoire de grives volant de haie en haie, chantant partout le retour du redoux : peu vendeur écrit ainsi, Nesles arrive à ne pas faire du mauvais Jean Ferrat. Mieux, son enveloppe mélodieuse balaie tendrement des pics, vocal et musical.
« Je n’irai pas sur l’île ». A quoi bon Nesles, ton public taillera la route à l’écoute de Permafrost. Les mauvaises langues pointeront que ce chanteur français solitaire à la guitare triste termine son album par « Meurs le chagrin ». Loupé, cette orchestration magnifique sans parole dégage le renouveau printanier.
Je découvre sans aucun préjugés je trouve que ça sonne comme bashung plutôt bien d ailleurs bonne découverte à l heure où YouTube nous donne à écoutez des horreurs comme du Jule et faire découvre de vrais artistes c’est cool je vais acheté son album merci