Sous le charme du trio depuis trois ans – qui se mue en quatuor sur scène – il était temps de voir ce que Baden Baden valait instruments en main. La déception d’une Cigale en configuration assise estompée, le verdict fut sans appel. Les Parisiens savent transmettre leur pop lumineuse avec énergie, sans surjouer. Une justesse qui les honore.
Une impression ressort vite : le sens du détail obsède ces musiciens. Le pointilleux jeu de lumières de Baden Baden se marie avec la couleur des notes. Jamais crue, elle se dissout dans le ton de la mesure. A l’instar de la douce voix d’Eric Javelle qui poétise les moments intimes de l’existence, la complicité des deux guitaristes offre un régal visuel et auditif. Les « tubes » s’enchaînent pendant que les têtes dodelinent.
Énorme claque lors de la reprise de Dominique A. Là, les cervicales ont été chahutées. Le Courage des Oiseaux en version electro pop dégage une intensité folle. Il était casse-gueule de reprendre pareil chef-d’œuvre en studio. Il était d’autant plus audacieux de se l’accaparer en concert. A la vue du résultat de mercredi, le public a dû à se demander si les élèves n’ont pas dépassé le maître. Sans exagérer, ce titre est magnifié comme jamais à travers la puissance d’un synthé.
Aller à un concert, laisser libre court à son esprit, fermer les yeux dans une antre à l’acoustique superbe : ça stimule évidemment le cerveau. Les mots prennent alors tout leurs sens. On rentre chez soi pour se précipiter sur un site recensant les paroles de chansons. Une idée s’impose. Davantage qu’un report, la lecture d’un couplet de L’Échappée se suffit à elle-même.
Maintenant je donne tout, de toute façon, puisque je perds.
Je regarde le monde, mais le monde ne me voit pas.
De toute façon, moi, je m’y perds dans ses bras, dans ses draps.
Jusqu’au fond de ses yeux, on s’appelle quelque fois.
Les messages sont à blanc, on a atteint le firmament.
C’était beau. C’était lumineux. On a aimé se perdre dans la forêt sentimentale de Baden Baden.
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