MENU
En lecture PARTAGER L'ARTICLE

Bacchantes, tribales queens

Début février 2021, Bacchantes sortait son premier album sur Figures Libres Records, le label du festival Les Rockomotives où on les avait découvertes l’année dernière. 10 chansons d’un rock ésotérique et tellurique où chant lyrique se mêle à un post-rock sans concession. Une bien belle trouvaille dénichée en terres bretonnes.

Plonger dans le premier album de Bacchantes, c’est se pointer à l’improviste en pleine messe païenne. Dès l’ouverture du disque on comprend que l’on sera bousculé par l’intransigeance du quatuor. La musique tout d’abord, distordue, transcendantale ou la guitare électrique découpe les nappes de synthé et d’harmonium indien, le tout tenu par une batterie tribale semblant sortie d’un rite initiatique séculaire.

Puis la voix, ou plus exactement les voix, ces quatre voix qui s’entremêlent en harmonies parfaites pour venir conter la poésie de Bacchantes ou celles des autres (Gérard de Nerval, Edward James, Verlaine…). Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici, mettre en musique les textes, les mettre en musique dans leurs moindres recoins, chaque mot étant travaillé, harmonisé, ciselé pour sortir dans sa forme la plus belle.

Il faut bien vous dire qu’en entrouvrant la porte du grand sabbat de Bacchantes vous entrez dans un disque et un univers musical à nul autre pareil. Même si l’on peut identifier quelques mondes connus dans la musique des quatre musiciennes, comme le post-rock anarchiste d’A Silver Mt. Zion avec qui Bacchantes peut se cousiner sur les longues plages noise et les longues complaintes harmoniques, il est bien difficile de trouver à qui les identifier. C’est en cela que réside la beauté de ces prêtresses de Bacchus, ce monde nouveau mais pas totalement inconnu, qui réveille (à l’audition) des émotions multiples, de la brutalité à la folie soudaine de « Hélébore Fétide » ; à la très grande beauté de « Terre d’ Allégresse » extrait du « Chant des Marais », chant dramatique composé par les déportés allemands du camp de Börgermoor en Basse-Saxe ; en passant par la grande performance que constitue « Sécheresse », cathédrale sonore et vocale folle reposant sur une pop noise chiadée.

Étrange, inconnue mais en même temps curieusement familière, la musique de Bacchantes s’inscrit dans un lyrisme rock en dehors du temps. Bacchantes construit un objet total, ou tout est lié le long des 10 morceaux comme un long soupir à quatre voix qui envahit l’espace, créant par cet album une sorte de transe, on lance le disque et en quelques secondes on ne sait pas plus si on écoute Bacchantes depuis dix minutes ou des heures.

L’album intégral

L’album Bacchantes est sorti le 5 février sur Figure Libres Records.

Photo en une : Bacchantes © Tesslye Lopez

Partager cet article
0 commentaire

0 commentaire

Soyez le premier à commenter cet article
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération
Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Sourdoreille : la playlist ultime
Toutes les playlists

0:00
0:00
REVENIR
EN HAUT