Dans « Les choses qu’on ne peut dire à personne », Betrand Burgalat se raconte, tout au fond, et nous raconte. Ça tombe bien, BB est pour nous un personnage tendre et farfelu, une artiste qui pose, 30 ans après ses débuts dans la musique, avec verres fumés, complet ou cuir sans moustache, et dégaine mal assurée d’un ex-sosie de crooner qui a roulé sa bosse. Nouveau clip en partance.
Bertrand Burgalat, c’est le chic d’un genre d’homme en voix d’extinction, du temps où les 70s ne se limitaient pas à ces photos qu’on aime regarder en riant. C’est la force de brouiller les pistes. Est-il ce chanteur de cabaret pour un troisième âge libéré ? C’est une hypothèse. Est-il ce qu’attendait la jeunesse des années 2010, celle qui a déterré la variété de ses parents (grand-parents ?). Peu probable. Réanime-t-il une quelconque nostalgie feutrée des salons enfumés ? Peut-être un peu. Touche-t-il simplement par sa douceur ? Principalement. S’en carre-t-il totalement ? Absolument.
Il est facile de le dire, mais il n’y a pas besoin de connaître BB personnellement (le fait de le réduire à ses initiales ne nous permet rien) pour comprendre que ce type a l’écriture au fond de ses veines. Blog, chansons, musique, contes, livres et on en passe, on a rarement trouvé autant de passion sans mièvrerie. Vous l’avez compris, ne comptez pas sur nous pour casser du sucre sur le dos d’un diabétique.
Suite à cette introduction un peu longue, on vous propose aujourd’hui le morceau « Musées et cimetières », où Burgalat imagine son épitaphe comme pouvait le faire un Milan Kundera (« Avant d’être oublié, nous serons changés en kitsch »), déploie le champ lexical de la grisaille et prophétise ce qui restera de nous.
Un clip réalisé par Benoît Forgeard, avec Yattanoel Yansane. À propos de ce choix dans l’acteur et ami de Burgalat, le réalisateur a déposé ces quelques mots, comme une photographie :
« Bertrand m’a suggéré l’idée de filmer Yattanoël Yansane. Simplement. D’en faire un portrait muet. Après quelques semaines d’approche feutrée, car l’homme n’est pas joignable facilement, je lui ai donné rendez-vous à Paris Plages. Une averse est tombée, malgré la chaleur. Il faut regarder l’image en s’imaginant l’odeur du bitume. Quelques jours plus tard, nous avons pris le bateau depuis l’Ile Saint-Louis. Je m’appliquai à filmer son regard sur la ville et sur tous ces êtres, rassemblés sur les ponts et les berges, dont on ne saura jamais ce qu’ils sont venus faire, d’où ils venaient et où ils sont repartis. »
Bertrand Burgalat –
Musées et cimetières
Bertrand Burgalat jouera au MaMA Festival, le 19 octobre au Lycée J. Decour – Théâtre.
Merci pour cet instant