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Astropolis, l’exploration d’une édition sans « grosse » tête d’affiche

Du 5 au 10 février 2019, Astropolis repart la fleur au fusil repeupler le monde d’étoiles technoïdes. Le festival brestois mise d’ailleurs cet hiver sur une absence de headliners. Et alors ?

Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est un assez gros pari qui se tient sur la pointe bretonne, en février. Après plusieurs éditions hivernales rassemblant quelques gros noms assurant à leur façon un remplissage correct du festival brestois, l’équipe organisatrice d’Astropolis fait tapis avec un line-up qui essaie de s’affranchir d’une quelconque tête d’affiche.

Coup d’œil dans le rétro sur les édition hivernales passées : en 2012, l’orga invite Busy P, Radio Slave, Nicolas Jaar, Mr Scruff, Para One, etc ; en 2013 Rone, Jeff Mills, Wankelmut, Joris Delacroix, Noisia, DJ Hell, etc ; en 2014, Brodinski, ƱZ, Cajmere (aka Green Velvet), etc ; puis en 2015 Moodymann, Model 500 (avec Juan Atkins et Mad Mike entre autres), Perc, Luke Slater, Simian Mobile Disco, etc ; en 2016, Carl Craig & Tristano Francesco, Laurent Garnier, The Shoes, E S B (le groupe krautrock de Yann Tiersen), Mount Kimbie, etc ; en 2017, Robert Hood aka Floorplan, Fatima Yamaha, Helena Hauff, etc ; et en 2018, Charlotte De Witte, Kerri Chandler, Hunee, etc.

Mais à l’hiver 2019, voici les deux premières lignes de la prog : Kenny Dope, Luke Vibert, Deena Abdelwahed, Anna, Djrum, SHXCXCHCXSH, Varg… Hein ? Quoi ? Calme-toi, soldat rigoriste de l’armée de puristes pointillistes. OK, ces artistes ne sortent pas de nulle part. On vous présente pourtant, dans ces prochains paragraphes, certains des dj et producteurs qui ne se voient pas si souvent dans ce refrain si cher à monsieur Charles Aznavour. On en profite pour glisser que c’est un des meilleurs line-up proposéss par Astro, un des plus explorateurs qui soit. On semble discerner ça et là une envie d’identité au-delà du name dropping, d’aventure d’entre deux kicks, de découvertes hallucinatoires encore plus prégnantes. Et l’envie de laisser de côté les cachets mirobolants, au moins l’espace d’une saison.

Avant toute chose, vous pouvez aussi retrouver toutes les infos liées au festival sur son site ici ou sur son event Facebook . Et on vous ramène des souvenirs vidéo, comme à notre habitude.

lost-city-of-z

The Lost City of Tek

Quand on ne connaît pas le nom du faiseur de hits

« Kenny Dope ? Aucune idée – Mais si, faites un effort. » La house new-yorkaise qui fait transpirer les murs depuis 1989, c’est lui. Mais oui. Avec Little Louie Vega, il est à l’origine du groupe culte Masters At Work à qui on doit une tapée de solides mix, remix et hits house qui t’attrapent par le paquet avant de t’avoir demandé ce que tu faisais dans la vie. Influencé par et ami avec le producteur Todd Terry qui lui a filé sa première boîte à rythmes, tout ce qu’il touche devient plus vocal, soul et kitsch. Pourtant, qui connaît son nom ? Les puristes, les aficionados, les musicologues et les teufeurs de la première heure, peut-être. Pour les autres, seuls Lil’Louis, Frankie Knuckles ou Larry Heard ont gravé leur nom dans la roche. Astropolis en fait sa tête d’affiche scintillante, sexuelle, majestueuse. Classic shit ci-dessous.

Quand le pote d’Aphex Twin rase les murs de la fame

« Putain y’a Luke Vibert, meuf! – Hein ? » Si toi jeune petit tapeur de pied, ainsi que les labels Planet Mu, Rephlex, Ninja Tune, Warp et Hypercolour ne vous y êtes pas trompés, c’est bien parce que Luke Vibert est inloupable dans l’histoire de la techno. Pourquoi ? Parce qu’il se fout bien de la techno. On virera d’une main dédaigneuse le titre d’intelligent dance music, juste bon à déclarer s’élever au-dessus de la masse, on lui préférera musique gazouilleuse, psychédélique et acid qu’il a distillée dans sa dizaine d’albums et ses nombreux EP. Rappelons-nous qu’il a quand même composé un disque avec Jean-Jacques Perrey, pionnier français de la musique électronique et son ondioline, cet instrument mythique qui fait danser le diable et les sirènes depuis les années 40. Aphex like this. Aciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid.

Quand la Tunisie a un incroyable talent

« Dans le futur, ce sera sur du Deena Abdelwahed que les gens danseront – Mais non, c’est impossible ». Et pourtant comme le dit l’adage, impossible n’est pas tunisien. Avec Khonnar, Deena a réussi l’incongru, rassembler public, organisateurs et médias autour de sa musique bidouillée à caractère politique. Celle qui habite à Toulouse, cumule une signature chez Infiné, une résidence à la Concrete, des dates au Berghain, et un attrait tout particulier au re-travail des traditions musicales maghrébines. Et tout le monde s’est retrouvé par terre. C’était pas gagné, non. Mais, maintenant que c’est fait (qu’il est facile d’arriver après la bataille), on se doit de valider l’évidence : Abdelwahed est une grande musicienne, fine, radicale et ambitieuse (dans sa musique on entend).

Quand la Suède éteint la lumière

« Trop bien, y’a les Suédois SHXCXCHCXSH et Varg qui jouent à Astro – Chouette, je vais réécouter Todd Terje et Lindstrom – Euh, ils sont pas Norvégiens eux… ? » Ok, fin de la vanne scandinave. Il y a deux façons de bien écrire SHXCXCHCXSH sans faire de faute. La première consiste à l’apprendre par cœur, ce qui est une activité relativement ennuyeuse. La seconde est de s’enfiler 5 tequilas-gin-vodka en moins de 7 minutes, d’éteindre lumière et d’essayer d’écrire « Je t’aime » à sa mère sur son téléphone. Avec Varg (programmé aussi à cette édition d’Astropolis l’hiver) ou Abdulla Rashim, ils défendent une autre idée de la techno et jouent sur le clair-obscur – chacun à sa manière. L’exploration est totale, s’effectue entre les lignes, empile et craque les couches de son.

Quand l’EBM, le post-punk et l’electro sont la nouvelle pop

« Miley Serious – Astropolis font dans le concours de sosies ? Remboursé. » Vous l’aurez remarqué, vos festivals techno préférés aiment quand la techno rencontre les garage des punks. Helena Hauff remplit des hangars partout dans le monde, The Hacker et Miss Kittin se refont une répute de headliners pas vraiment prévue, et on se surprend à aimer les voix saturées. C’est notamment le cas de Miley Serious, qui rafle les lettres d’amour de la scène électronique française. 2019 consacre définitivement cette pure dj et host chez Rinse FM France, pas vraiment intéressée dans la production (pour le moment du moins). Avec Miley, noir c’est noir, mais surtout noise c’est noise.

Quand l’Angleterre a toujours un temps d’avance

« Djrum ? Il a fait une faute de frappe ou quoi ? – Hein ? » Avec le dj anglais Djrum, la règle du UK techno 1 – 0 Berghain 4/4 reste inchangée depuis quelques années. A l’instar de ses compatriotes Objekt, Ben UFO ou Call Super, il rappelle qu’il n’y a pas que le hip-hop (avec le grime) qui est touché par les rythmes breakés, sorte de gros bras d’honneur à 30 ans de techno binaire. En même temps, ça ne vient pas de nulle part, l’Angleterre a toujours été prompte à faire un pas de côté – ou plutôt à danser en dehors du temps – que ce soit avec la 2-step, le dubstep ou les délires sus-cités des expérimentateurs Warp-iens. Clairement l’un des djs placés dans notre liste très restreinte des artistes que l’on veut absolument voir à cette édition d’Astropolis l’hiver. Et dont on se rappellera. Bon, ça, ça reste encore à confirmer.

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