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Astropolis en mode hivernal

Interview avec le co-programmateur de l'évènement brestois, qui se décline en hiver. Réalisée par nos confrères de Fm-r.info

(PAR FM-R.INFO)

An de grâce 2.0.1.2 : à l’heure où Astropolis s’apprête à fêter sa majorité, les Sonics, collectif de joyeux lurons brestois, accoucheront du 19 au 22 janvier d’un petit frère forcément turbulent. En attendant cette déclinaison hivernale, rencontre exclusive avec Gildas, co-programmateur, dans l’arrière salle enfumée d’une célèbre boîte de nuit rennaise.

Rassure moi, Astropolis l’hiver, c’est tout sauf Astropolis au rabais ?

Absolument: c’est un projet auquel on pensait depuis longtemps, sans avoir le temps de le mettre sur pied, car nous sommes que trois dans la structure. Entre les soirées durant l’année et le festival chaque été, on est plutôt bien occupés. On voulait monter ce projet sur Brest, une ville où il ne se passe pas grand chose en électro, si on n’y met pas son grain de sable. Explorer de nouveaux territoires, autres que ceux proposés à l’année, à Brest donc, et uniquement dans des salles qui existent. On préfère commencer petit et on verra comment ça se passe.

Pour cette version hivernale, on a d’abord envie de mettre des projets annexes en place, durant la journée, comme des ateliers d’initiation à des logiciels de mixage ou de production. Il n’existe pas dans le Grand Ouest d’endroits où échanger autour de ces thématiques là, on pense aussi à des conférences autour du développement durable concernant les rassemblements culturels , du spectacle électro pour les gamins, de la médiation. Offrir un rendez-vous hivernal permet également des réunions et des rencontres durant la journée (dur dur de la faire l’été), comme une table ronde que nous allons proposer, en partenariat avec d’autres festivals bretons, qui font partie par exemple du collectif du développement durable et solidaire en Bretagne. Ces réunions par exemple permis de mettre en place le billet TER à 10eur sur présentation du ticket du festival, les toilettes sèches (et propres), les gobelets consignés…

Question RH: Vous cherchez donc élargir le spectre de vos compétences ?

Oui et non, il s’agit plus de profiter de nos 17 ans d’ancienneté et de nos acquis, de nos expériences pour commencer à passer le relais. On a commencé à organiser des concerts pop / rock à Brest et on faisait des after techno. Aujourd’hui il n’y a plus beaucoup d’assos qui montent des soirées, tout le monde est assez frileux, avec cette peur du gendarme.

Et bien évidemment on table sur quelques concerts le soir au Vauban, à la Carène et à la Suite. Ca n’a pas toujours été simple de convaincre nos interlocuteurs : il faut savoir militer intelligemment et provoquer le débat. Ca nous a pris du temps mais ça commence à avancer. La programmation sort la semaine prochaine, toujours en respectant l’identité d’Astro. Showcases l’après-midi et concerts le soir: Nicolas Jaar, François K, Nicolas Masseyeff (qui sort son album), un peu de dubstep – même si on va s’en farcir pas mal cet été (rires), Doctor P qu’on a jamais fait, un peu d’électro forcément pour les kid avec Mickey Moonlight, Club Cheval, Busy P et plein d’autres à confirmer, on part sur des jauges à 2000 par soir. Ce projet en hiver nous permet de faire des artistes qu’on ne pourrait pas faire l’été, car ils coûtent dix fois plus cher ou sont bookés sur d’autres festivals plus importants en Europe ou ailleurs.

Avez vous convié Manu (le Malin) ou Elisa (do Brasil) à cette édition ?

Non, on leur doit énormément, ils ont apporté leur pierre respective à l’édifice et c’est pas fini! Mais on a voulu partir sur d’autres bases, pour ne pas tout mélanger. L’hiver, on n’a pas de thématique globale comme l’été, pour vraiment se différencier. Beaucoup de choses vont émerger pour cette première: j’ai, par exemple, envie de prolonger le dispositif « tremplin » en réinvitant les différents groupes locaux des cinq dernières années qui ont des projets artsitiques. Exemple avec Arno Gonzalez, qui vient de sortir son album: il est en train de préparer une création avec le Chabada et la présentera cet hiver. On va aussi mettre un tremplin vj’s grand ouest en place.

Vous restez également dans l’ouverture de votre ligne artistique, prise depuis quelques années déjà, en regardant du côté de la pop ou du rock ?

On vient de là: les premiers concerts qu’on a organisé, c’était les Boo Radleys, Divine Comedy, Moose, Dominique A, j’écoutais tous les jours religieusement Bernard Lenoir jusqu’à cet été, j’achète les Inrocks presque chaque semaine wink
En résumé, j’aime ou j’aime pas, quelque soit le style.
Le plus compliqué finalement, c’est de satisfaire toutes les générations, du clubber des années 90 qui a maintenant 35 ans au kid de 15 ans. Le premier te dira que Boys Noize c’est à chier alors qu’il n’a pas écouté. Et il ne comprendra pas le kid qui slamme là dessus. Moi, j’ai toujours voulu favoriser les mélanges avec nos 4 scènes. Ca a pris du temps mais désormais on arrive à une période où chacun sait en avance quel (s) artiste (s) il veut voir, tout style confondu. On continue à faire ce que l’on aime, en programmant ce qui nous plaît, sans trop de contraintes.

Quid de Mansfield TYA programmé au Vauban ?

J’aime bien les OVNI, j’ai fait Suicide il y a quelques années, qui représente quelque chose de fort tant dans le rock’n’roll que dans l’électro ou Julie Cruise, la chanteuse égérie de David Lynch. Cet été, on a fait La Femme sur le Toit de la Carène, ça reste bricolé, ils sont jeunes et insouciants, j’adore leur fraîcheur, même si ce n’est pas franchement toujours en place.
Chez Rebekka Warrior (chanteuse de Mansfield TYA et de Sexy Sushi), j’adore les deux extrêmes de la palette, savoir faire n’importe quoi avec Sexy Sushi et être une écorchée vive pour Mansfield TYA, offrir son âme sur scène, c’est assez dingue.

Conclusion: l’artiste ou le groupe, que tu adores et que tu n’as jamais réussi à faire ?

Ah t’es dur ! Si, je sais, j’aurai adoré faire les Happy Mondays à la grande époque. Ou les Stone Roses. D’ailleurs, j’étais comme un dingue l’autre jour à attendre l’annonce de leur reformation à Manchester cet été. Je n’ai même pas réussi à aller jusqu’à la fin du processus d’achat des places, malgré les trois ordis du bureau ! Qu’importe, je vais aller les voir à Manchester et entendre dans leur fief un album qui m’a donné des frissons : le pied quoi!

Il y a encore beaucoup d’artistes pour lesquels je fais des kilomètres. Jeff Mills, par exemple, un alien, que j’aime depuis ses débuts. La première fois qu’on l’a fait, c’était une salle omnisports dans la banlieue de Brest. Lui ne comprenait pas trop où il était tombé, entre sa chambre d’hôtel au-dessus d’un bar-tabac et un mec qui se baladait avec un flingue à la fermeture du bar. Pour le rassurer, on arrêtait pas de lui dire « Don’t worry, Jeff, it’s just like Chicago » (rires).

Interview initialement parue chez nos confrères de fm-r.info

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