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Ariel Pink, le punk à tutu de la pop

Pom Pom, voilà le nom du dernier délire d’Ariel Pink. Ses paroles déliquescentes et énigmatiques souvent inscrites dans la provocation à outrance font de lui le punk à tutu de la pop. Véritable weird idole, il balaye le ridicule d’un revers de la main et a été choisi comme égérie du couturier Yves Saint-Laurent en 2013, en compagnie de Marylin Manson, Courtney Love et Kim Gordon. Portrait d’un prince du kitsch adulé des freaks.

Sorti le 17 novembre, Pom Pom, un double album de 17 titres, révèle une nouvelle fois l’identité composite et excentrique du personnage, véritable amalgame de l’héritage pop. Cet ado de 36 ans à la sensibilité trouble a grandi à la lumière de MTV, R. Stevie Moore (lui) et du métal gothique. Dans sa jeunesse, il partage son temps entre l’université, squats de junkies et un āshram bouddhiste.

La presse et le public s’interrogent encore : est-il un génie farfelu ou un provocateur avisé qui s’amuse à détourner les représentations populaires ?

Le chanteur blond décoloré, via Pom Pom, délivre une mosaïque déroutante de desseins et d’influences.

Ariel a entreprit d’y réconcilier l’inconciliable. Agréablement séduit par des titres comme « Goth Bomb » qui nous fait tout droit chavirer dans l’univers 90s d’Empire Records d’Allan Moyle (lui) ; on retrouve aussi et surtout des titres inclassables. « Jell-O » composée avec Kim Fowley donne la sensation d’être un publicitaire sous LSD incarnant le suprême du kitsch. Le kitsch est peut être la pierre de touche pour saisir la cohérence (s’il y en a) de son travail. Kitsch comme « Sexual Athletic », une track emprunte de rock vintage qui se transforme en chanson de noël lubrique avec, en arrière-fond, de l’électronique hypnotique. Ou encore « Dinosaur Carebears », chanson délurée et intrigante qui passe successivement d’une esthétique gothique brouillée et monstrueuse à une musique de manège, avant de se terminer par une chanson dub rafraîchissante rythmée par un beat lo-fi.

En tout cas, difficile d’être un inconditionnel d’Ariel sans verser dans le psychédélisme, la drogue, l’ironie acerbe et incisive ou d’être tombé sur la tête.

On s’ennuie, on ne comprend rien puis tout d’un coup on ballote la tête. Ariel Pink est clairement emblématique d’un temps que les plus de 40 ans ne peuvent pas connaître. Il est le narrateur d’un conte de fée contemporain crasseux et insipide qui transmet tout de même une morale par son excessivité. Celle de peindre un monde où advertising et horreurs se fondent et se confondent.

C’est en ce sens que (sous réserve de jugement de valeur) Ariel Pink est le prince du kitsch non pas comme le définit Milan Kundera, c’est-à-dire: « la négation absolue de la merde (…) ce qui exclut de son champ de vision tout ce que l’existence humaine a d’essentiellement inacceptable » puisque avec Pink tout est outrageusement assimilé.

Crédit photo : Sasha Eisenman/PR Vogue

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