Alt-J, un raccourci pas si simple

Découvert quelques semaines avant la sortie de son premier album, Alt-J avait tout du phénomène hype : un nom très 2.0 (raccourci anglais pour réaliser le ∆) et une chanson, Matilda, à l’efficacité aussi ravageuse que douteuse. Sorti il y a quelques jours, An Awesome Wave, le premier album du jeune groupe anglais vient balayer nos quelques doutes et impose Alt-J comme l’une des belles surprises de l’été.

Tout commence par Matilda : ce titre, découvert par hasard, fait immédiatement tilt. Je sais pertinemment pourquoi : la voix nasillarde et assumée de Joe Newman me rappelle un mélange de Why? et d’Okkervil River. Rien que ça. La mélodie, simpliste et répétitive à souhait, se marie parfaitement à la rythmique minimaliste du batteur.

J’avais saigné à blanc ce single en puissance (une cinquantaine d’écoutes en deux semaines). L’album est arrivé pile au bon moment. L’occasion de voir ce qu’a vraiment ce groupe dans le bide. Rapidement, on découvre que la pop d’Alt-J n’est pas si simple et immédiate que peut l’être Matilda. Les arrangements puisent allègrement dans la folk la plus indé qui soit : Fleet Foxes, Siskiyou voire Tunng ! Dans le même temps, le groupe s’amuse à bousculer ces mélodies avec des rythmes déconstruits et brutaux, usant même de nappes électro proches du dubstep.

Au final, ce premier album se révèle bien plus complexe et moins pop qu’attendu. Alt-J y propose une musique à tiroirs, aussi épurée que torturée. Sans chercher à rentrer dans une case, mais sans non plus vouloir à tout prix faire différent, le quatuor frappe fort et juste. A l’image du titre Taro, ovni musical sur la corde raide qui narre la mort du photographe Robert Capa lors de la guerre d’Indochine. On est loin, très loin, de la pop mielleuse…

Le groupe a eu l’excellente idée de mettre sur son site officiel l’intégralité de l’album en écoute gratuite, le tout avec des annotations dans chacun des titres en guise d’explication de texte. L’ensemble est également disponible via leur Soundclound :