1) Tu es une idole

On connait peu tes idoles à toi. Celles qui ont façonné le timide personnage public que tu es. Tu cites souvent Scott Walker ou Mike Chapman qui t’obséderaient. Prends plus exemple sur eux Alex, inspire-toi de leur excentricité. Bon, c’est vrai que The Age of the Understatement, le sublime premier album des Last Shadow Puppets réalisé avec ton pote Miles Kane, ou même AM, le dernier né des Arctic Monkeys, n’existeraient peut-être pas sans eux. Très bien, on te croit. Mais d’une idole à une autre, il n’y a qu’un pas. C’est à ton tour d’atteindre ce statut, désormais. Et pas seulement auprès des midinettes et d’ados musiciens encore plus prépubères que tu ne l’étais à l’époque des premières démos de Whatever people say I Am that’s what I’m not. Non. Il faut que tu saches que dans nos contrées françaises, un certain Etienne Daho est désormais fan de toi alors que tu n’étais pas né qu’il arpentait déjà ses premières scènes. Il a même cherché à venir te saluer lors de ton dernier Olympia mais n’a pas pu se frayer un chemin au milieu de ta horde de fans. Alors il est reparti. Alex, t’es l’idole des jeunes… Et des vieux. Perds pas espoir.

2) Tu es beau

Dès 2005, tu cartonnes sur le web. Manque de pot, c’est pile au moment où ton acné te déclare la guerre. Une guerre sans merci, où tous les coups sont permis. Avec ses crevasses, ses rampes skatables et ses teintes révolutionnaires, ta peau attire géologues, kids et designers. Quand je te dis que tu n’as pas tout perdu de cette époque. De cette peau partiellement ravagée tu as essayé de détourner finement l’attention vers une coupe de cheveux que n’osaient plus arborer que les fans invétérés d’Elvis qui, eux, n’avaient ni Photoshop ni maquilleurs. Sois en conscient, merde. Gomina style… Bien t’en a pris. Avant, tu cachais tes vilains boutons avec tes cheveux. Désormais, on ne les voit plus. On ne voit plus que ton peigne, ton incessant, inratable, increvable putain de peigne. Promis, désormais tu es beau, Alex. Ne doute plus de ça et cesse de penser qu’une coupe de cheveux se défait le temps d’un morceau, ça n’existe pas. Je suis un peu dur avec toi, je le conçois bien, mais il faut que tu te reprennes. N’est-ce pas le rôle d’un ami de te dire les choses franchement, toi qui te dévalue sans cesse ? Sans cesse quand le rideau se baisse.

3) Tu chantes bien

Tu as toujours bien chanté, je te rassure tout de suite. Mais c’est vrai qu’au début, il y avait ce souffle court, ce petit côté chien fou. Ou poulet sans tête si tu préfères. Depuis, ta voix s’est posée, elle a pris l’envergure souhaitée. Bravo, félicite-toi de temps à autre. Rappelle-toi de ton enfance, tes parents profs, les groupes à la noix, tes talents de basketteur, t’en as eu des occasions de gueuler et de te rebeller. On ne le dit pas assez mais il faut bien plus qu’un message et des convictions pour faire entendre sa voix, il faut surtout de solides cordes vocales. Tu t’es entraîné dur pour arriver à tes récentes prouesses vocales. Alors même si tu n’es toujours pas satisfait « oui, mais les autres garçons du cours de musique, et bah ils chantent mieux », tu sais mieux que quiconque que c’est pas en rechignant que tu trouveras une solution. Le phrasé peut être toujours aussi speed, tu as désormais cette assurance que tant de personnes associent à de l’arrogance. Laisse courir, ce sont des rageux. Ces mêmes gens trouvent que Tarantino est le roi du plagiat, que Scarlett Johansson est devenue laide et que Rafaël Nadal est dopé.

4) Tu es juste timide

Tu es même prêt à faire le guignol lors d’une cérémonie pour qu’on t’aime. C’est touchant. Mais c’est inutile. Balancer un micro en demandant de t’envoyer la facture, ça c’est bon pour un vulgaire Liam Gallagher sous cocaïne. Il a besoin de ça. Pas toi. Et si tu veux vraiment faire un coup d’éclat, mate-toi des vidéos de Gainsbourg ou de Groucho Marx. C’est un métier à part entière de faire le mariole. Non, toi tu peux juste venir dire merci. Tu n’imagines pas le pouvoir d’un mot universel, d’un regard humble et d’une simple révérence. Et on te remerciera en retour, petits oiseaux chétifs que nous sommes devant tant de talent.

Quand est sorti Everything you’ve come to expect, le deuxième album des Last Shadow Puppets, tu espérais un triomphe. C’est simplement un succès. Autant dire une cuisante humiliation dans ton schéma de pensée, toi qui a si aisément mis la critique à tes pieds par la grâce d’un dernier album des Arctic Monkeys dont on on constate encore, trois ans après les faits, les formidables débats qu’ils ont causés. Mais pour toi, c’est le coup de trop. Tu n’oses plus parler de ta musique, tu jettes juste des coups d’œil à la foule. Certains trouvent ça hautain alors que tout n’est que « pudeur » chez toi.