L’homme Vox Low est un sauvage. Un être psychédélique qui a vu le jour sur scène, en 2015, dans la Chaufferie de la Machine du Moulin Rouge à l’occasion de la première édition du Paris Psych Fest. Ce bon vieux Garage Mu. Une naissance intense. Un heureux événement par 40°, face à une salle bondée, une horde de spectateurs blindés. Alors on continue. Avant leur passage au même festival dans la grande salle du club parisien, Jean-Christophe Couderc, Benoît Raymond, Mathieu Autin et Guillaume Léglise nous révèlent leur psyché.
Quel est votre souvenir d’enfance le plus psychédélique ?
Jean Christophe Couderc : Quand je suis tombé, j’ai fait tous les escaliers de chez ma grand-mère. J’ai vu des araignées un peu partout, je devais avoir 3 ou 4 ans. Dans mon sommeil de choc. C’était étrange, comme une deuxième dimension.
Mathieu Autin : Sans doute le papier peint de la salle de bain de mes parents. Des motifs orange et marron qui partaient en bande. C’était une époque un peu glauque. Entre ça et nos dessins animés : Rémi sans famille, Téléchat. Super glauque, Topor était très psychédélique. Avec des marionnettes, complètement absurdes. J’ai essayé de montrer Téléchat à mes enfants, mais ça n’a pas pris. Rires.
Guillaume Léglise : La fête foraine à 4, 5 ans. Avec mon grand frère qui a 7 ans de plus que moi. J’ai compris plus tard seulement que c’était une fête foraine. Ça me paraissait tellement grand, avec toutes les lumières et les couleurs.
Tu as cherché à retrouver cette sensation à l’âge adulte ?
Guillaume : Avec la drogue tu veux dire ? Le moment le plus psychédélique qui m’est arrivé plus tard, c’est un concert de Death in Vegas. A la Route du Rock de Saint-Malo en 2001. Génial, une énergie assez chouette.
On est dans un monde psychédélique aujourd’hui ?
Mathieu : Beaucoup moins. Bien plus angoissant ! Un espèce de control freak assez flippant. Un mélange d’idiocratie et dans un truc politiquement correct très contrôlé. Quand on pense à Topor et ses dessins animés de l’époque, avec la musique de François de Roubaix. il y avait Chapi Chapo, il n’y avait pas de part de média, de sondage. Le mec ne savait pas ce qu’il faisait, il se marrait. On n’avait pas de taux d’audience, ils n’avaient de compte à rendre à personne.
On est dans une société basée sur la performance ?
Mathieu : A tous les niveaux, même en musique. Des maisons de disques, les directeurs marketing ont supplanté les directeurs artistiques depuis belle lurette, ça change la donne. Nous chez Born Bad records, il n’y en a pas du tout. Après JB (Jean-Baptiste Guillot, boss du label) il est comme tout le monde, il fait tourner la baraque. Certains le traitent de mégalo, moi je ne trouve pas.
Quel est le track le plus psychédélique que vous ayez fait récemment ?
Jean-Christophe : « Trapped on the moon », la guitare et les ambiances, les paroles sur la folie et l’amour et sur la religion, les illuminés surtout.
Qui sont les illuminés ?
Tous : Nous. Tout le monde. Les suiveurs. Ceux qui se font suivre.
Quel est votre style, aujourd’hui ?
Mathieu : Le mot à la mode : on est crossover. On l’a toujours été, avec Think Twice, c’était la même à l’époque de DFA, Death in Vegas, la volonté d’une culture club, electro, mélangé avec tout ce qui était disco punk, les James Chance, Liquid, ESG. On est revenu à nos amours d’adolescents de new wave, de psyché. Toujours avec cette touche électro.
Que représente ce concert au Paris Psych Fest pour vous ?
Jean-Christophe : La fin d’un cycle. On a sorti l’album, ça se passe bien, on revient à La Machine en passant de la Chaufferie à la grosse scène.
Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?
Benoît : Globalement, ça n’a pas été difficile. Après il y avait parfois un truc un peu sale qu’on aimait, et qui finissait trop propre. On revenait en arrière.
Vous êtes devenu trop propres ?
Mathieu : Non, on est content. L’album est un processus différent. Avec nos EP sur des petits labels, on était plus libre, il y avait moins de budget de prod, on faisait notre truc. Là, on avait un exercice qui nous plaisait : on avait l’habitude de faire des morceaux entre 8 et 10 minutes, et là JB nous a dit : “Bon, les gars, je ne veux pas mettre que 4 morceaux sur l’album donc faut faire des efforts !”. C’était cool, des morceaux différents, plus courts, plus pop.
Aujourd’hui, quel est le message que vous voulez faire passer avec vos sons ?
Guillaume : Il n’y a pas de message, c’est plutôt un constat, un feeling de ce qui se passe autour de nous. On a 45 ans, des gamins. J’ai entendu cette phrase qui me plaît bien : « Si à 20 ans t’es pas de gauche c’est que t’as pas de cœur, si à 40 ans tu l’es encore c’est que t’as pas de tête ». IL y a un truc un peu fatalisme, désabusé. Du mal à croire que quoi que ce soit va changer. Pas vraiment confiance en l’être humain, et en même temps on l’adore. En même temps c’est un sentiment partagé, on est bons vivants, hédonistes, on aime les gens, se marrer, on aime l’humour. En même temps il y a un truc un peu sombre, un constat. Mais rien de définitif.
Vox Low jouera demain 1er septembre à la Machine du Moulin Rouge dans le cadre du Paris Psych Fest. Event.
Crédits photos : Arnaud Juherian
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