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Acid Arab : « Notre but, c’est la transe au sens noble du terme »

Acid Arab est un projet participatif lancé par Guido Minisky et Hervé Carvalho, DJs résidents du club parisien Chez Moune. A force de passer des disques de musiques orientales et d’acid house, ils décident de prouver à travers leurs EPs et désormais un album « Collections » l’évidente efficacité de ces sonorités sur les danseurs. Avec eux, la transe n’a plus aucune barrière. Rave party et mariage égyptien se confondent et rencontrent l’electro chaâbi, le label Versatile et la scène parisienne.

Acid Arab est né lors d’un voyage en Tunisie, quel a été le déclencheur du projet ?

Acid Arab n’est pas né en Tunisie mais ce voyage nous a permis de figer certaines choses. Il y a eu d’autres moment fondateurs avant ça. Guido était directeur artistique d’un club qui s’appelle les 9 Billards qui était aussi un bar kabyle où il y avait cet esprit de mélange de styles et de générations. C’est aussi parti d’un groupe Facebook qu’on avait créé, où les gens partageaient des morceaux acid et orientaux. Donc, ça flottait depuis un moment et ce voyage a été le déclencheur. On est parti jouer dans un festival pour lequel Gilb’R était aussi invité. On a rencontré pas mal de gens notamment un musicologue, Slim Gouja, qui a un projet de vie assez dingue : écrire un solfège pour la musique orientale. Parce qu’elle est de tradition orale à la base et que la seule manière de l’apprendre, c’est par le solfège occidental – qui leur a été imposé.

Vous avez dû entendre parler du documentaire Electro Chaâbi ?

Oui, bien sûr. On a rencontré la réalisatrice Hind Meddeb à la soirée de soutien au rappeur tunisien Weld El 15 au New Morning [l’événement comptait parmi ses rangs Rocé, Oxmo Puccino, Acid Arab et d’autres artistes]. On a été sensibilisés à cette musique par Hind et du coup, on va aller en Egypte dans quinze jours. C’est une scène super fascinante, on aimerait beaucoup amener des artistes locaux à Paris. Mais pour l’instant, tout ce qu’on connaît, c’est via Youtube, tu vois ce site ?

L’acid house et la musique orientale étaient faites pour s’entendre ?

Au delà du fait qu’elles étaient faites pour s’entendre, c’est la même musique. Il y a énormément de ponts entre les deux, c’est une musique de l’instant qui est enregistrée en one shot, pas très produite… Il y a de la musique orientale très produite mais c’est pas celle qui nous intéresse. Celle qui conduit à la transe, oui, et tu le retrouves dans l’acid. C’est la même chose qui s’est passée à Chicago : des mecs qui enregistrent un morceau dans la journée pour le jouer le soir. Au niveau des sonorités, oui, tu as la zokra, qui est une flûte à double anche beaucoup utilisée. C’est hyper aigu, hyper agressif et ça fait penser en tous points à une ligne de TB 303 [générateur de basses fondateur du son de l’acid house]. Les rythmes très soutenus aussi. Parfois, on trouve des morceaux et on se dit que c’est vraiment la même musique, la même recherche de la transe.

C’est une musique qui va au-delà du simple mélange ?

C’est pas vraiment un mélange. On essaie de mettre les musiques orientales et l’acid house au même niveau sur le dancefloor. On n’utilise pas la musique orientale comme un gimmick, on est pas dans l’orientalisme, le métissage, la fusion. On essaie d’être radicaux des deux côtés. Notre but, c’est la transe au sens noble du terme. Pas la trance-goa…

Est-ce qu’il y a, en Orient, des artistes qui ont la même démarche que vous ?

Justement, pas vraiment en fait. Pour l’instant, les producteurs contemporains qu’on rencontre, ils ont une démarche de mimétisme, surtout en Tunisie. Ils font de la house, genre Crosstown Rebels, Ibiza ou carrément Guetta. Ils essaient assez rarement de profiter de leur patrimoine culturel. On a bossé avec des producteurs marocains sur l’album, comme Dimmit, qui est génial, mais c’est rare.

Les Anglais ils s’y sont mis depuis un peu de temps eux ? Four Tet par exemple.

Ouais, enfin nous comparer à Four Tet, c’est un peu abusé parce que c’est énorme ce qu’il a fait. On n’a pas forcément la même démarche, nous on est plus dans un trip techno, plus rock que lui. Son morceau Circling, on le joue et c’est dingue, tu te perds dans un rythme africanisant.

Acid Arab est venu vers les artistes qui ont collaboré sur l’album ou l’inverse ?

La plupart, oui. Crackboy, par exemple est venu vers nous. Son remix d’Omar Souleyman est un peu le tube de toutes nos soirées qui est le point de départ d’Acid Arab. Ensuite, c’est Versatile, par le biais de Gilb’R qui a été contacter les I:Cube, Étienne Jaumet. Après, c’était beaucoup de mails envoyés qui présentaient le projet et avec Versatile avec nous, ça nous renforçait. Et on a eu beaucoup plus de réponses positives que prévues. On a dû faire des choix difficiles pour la playlist définitive de l’album.

Comment comprendre le bon retour du public français à la musique d’Acid Arab ?

Nous, ça nous paraît évident. On le comprend pas vraiment, ça va très vite depuis un an. Ça va de Legowelt qui passe le morceau Tanki Tanki à une soirée à la sortie de cet album et les bons retours. Après, on est persuadés qu’il y a plein de gens qui détestent cette musique. Mais, ça a le mérite de parler aux clubbers et aux gens qui aiment la world music. On sort parfois du monde de la musique électronique et ça nous ravit.

On peut s’attendre à un album entièrement composé par Acid Arab ?

Oui, bien sûr. Déjà, on pense déjà à un volume 2. Ensuite, il y a l’idée de faire un EP 100% Acid Arab. Là, c’était un projet participatif.

Le duo sera dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 aux Trans Musicales de Rennes pour un DJ set arabisé de 5:15 à 06:50. Ne les manquez pas (+ d’infos sur le site du festival).

Crédits photo : Flavien Prioreau

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