La Rochelle, 2011. Un ancien silo à grains des années 1920 est réhabilité par l’architecte Patrick Bouchain. Le lieu développé sur 3 plateaux de 1000 m2 chacun – studios de répétitions, régie d’enregistrement, espace d’expositions, espace disquaire-libraire, club de 420 places, salle modulable de 400 à 1300 places – propose depuis 5 ans pas loin de 60 événements par saison, la plupart du temps d’excellente facture. Avant de fêter leur anniversaire qui commence demain, on a ouvert les guillemets à son directeur artistique David Fourrier et à deux de ses parrains Serge Teyssot-Gay et Miossec qui nous ont écrit des mots d’amour. Qui sont pour eux des mots de tous les jours.
David Fourrier
David Fourrier par Marie Monteiro
Sur le ton du « Je me souviens… » de Perec.
Je me souviens de l’ouverture de La Sirène le 1er avril 2011 et de notre scène envahie par Paulo Furtado Aka The Legendary Tigerman et ses sirènes Peaches, Maria de Medeiros, Cibelle, Lisa Kekaula, Phoebe Killdeer, Rita Redshoes… Un lancement très rock’n’roll!
Je me souviens de la rencontre de Patti Smith et de Lenny Kaye avec 250 étudiants à l’Université de La Rochelle, amphithéâtre 4, un jeudi 3 novembre. Un moment émouvant, magique et poétique en amont du concert magistral du soir.
Je me souviens avoir écouté en grand privilégié se créer l’album Vers les lueurs de Dominique A en résidence dans nos murs un mois de décembre. C’était quelques semaines avant que ces titres ne soient enregistrés à Bruxelles, que le public ne les acclame et que la profession couronne Dominique d’une Victoire de la musique.
Je me souviens de Serge Teyssot-Gay, seul en scène pour un solo inspiré, sur le plateau du club, laissant le public abasourdi et captivé et de la rencontre discussion passionnante sur l’univers de la musique qui suivit. Un temps suspendu.
Je me souviens d’Ibrahim Maalouf enregistrant dans notre studio, au débotté, un titre « jingle » de 42 secondes, composé de 12 pistes de trompettes lovées les unes aux autres et spécialement créé pour notre cinquième anniversaire!
Je me souviens que demain nous appartient…
Serge Teyssot-Gay
Serge Teyssot-Gay, par Stéphane Burlot
Je n’ai pas d’anecdote, juste du ressenti.
Ma relation avec La Sirène est liée à David Fourrier, que j’ai rencontré lors de mon passage avec Noir Désir sur le festival de Fontenay-le-Comte qu’il avait monté dans les années 80. J’apprécie son état d’esprit de programmateur défricheur créatif, sa capacité à générer une émulation autour de lui, à créer des conditions relationnelles avec les artistes qui s’enrichissent dans le temps. La Sirène est un lieu, avec une équipe, qui offre une possibilité de confort d’accueil optimum pour le travail des résidents comme pour celui des musiciens de passage. Un lieu de vie, de convergence d’idées, ouvert sur des propositions artistiques singulières. Voilà ce qui rend cet endroit si unique.
Christophe Miossec
Miossec par Christophe Acker
Et bien le meilleur souvenir c’était il n’y a pas longtemps, c’était à l’automne et ce n’était pas à La Sirène, c’était devant le musée maritime. Pour accueillir le Petit Ensemble (violon, accordéon, guitare), La Sirène s’était décarcassée pour monter une scène en plein air. Les loges et l’after étaient dans un bateau et çà vous laisse des souvenirs de toute beauté, nous les habitués des salles obscures et bétonnées. La Sirène avait vraiment pigé notre objectif : faire de petits concerts militants et pas chers dans des endroits improbables, donner du baume au cœur à une population au moral, comment dire… Entamé. J’ai eu comme l’impression que ce soir là, tout le monde avait la banane. Merci La Sirène, pour la beauté du geste.
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