Notre deuxième famille, Astropolis, a 25 ans. A quelques heures d’un week-end d’anthologie pour fêter ce quart de siècle étoilé, nous avons rassemblé un souvenir (ou parfois un peu plus) de 25 proches du festivals. Miossec, Agoria, Manu, AZF, Lenny Dee, Electric Rescue, Jennifer Cardini, Théo Muller et plein d’autres racontent leurs idylles brestoises.
Miossec
Faire son premier concert, en tant que chanteur, entre Monsieur Philippe Katerine et Neil Hannon de Divine Comedy au Vauban, a été tellement ébranlant que, 25 ans après, j’en sens encore les secousses en écrivant ce texte. Une drôle de soirée, après laquelle plus rien ne sera plus pareil : ma propre vie et celles des organisateurs qui allaient créer et incarner dans la foulée la grande aventure Astropolis. D’ailleurs Je me suis toujours demandé si ma façon de chanter ce soir là, ne les avait pas définitivement poussés dans les bras de la techno. C’est une théorie qui tient la route. Demandez à Christian Roux.
Rémy Gourlaouen,
Made Festival (Rennes)
Je mixais dans la cour en 2009, et j’avais invité une amie (qui a peur des chats) à venir au festoche me voir. Elle a donc garé sa voiture samedi aprem sur le parking en face de la gare et devant un parc. A 7h du mat, je termine mon set et ramène mon amie à sa voiture. Et nous trouvons un billet d’Astro de la veille sur le pare-brise avec marqué dessus « faites attention, vous avez un chat dans le moteur. ».. Je regarde mon amie le sourire aux lèvres en lui disant… conneries !
Et puis dans le doute, j’ouvre le capot. Quelle n’est pas ma surprise en entendant le moteur « ronronner » sans être allumé… Au fond du moteur j’aperçois les grand yeux d’un chaton complètement flippé, qui essaye de miauler. Donc je vais récupérer un bâton et tente de faire dégager le chat du moteur, mais plus ça va, plus il s’enfonce… Et il finit par toucher une sonde. Voilà un voyant rouge allumé, il faut appeler le dépannage.
Evidemment expliquer à SOS dépannage que nous sortons d’Astropolis et que nous avons un chat dans notre moteur n’est pas facile facile. Il est 9h30 quand SOS dépannage se pointe. Une caricature de dépanneur : veste sans manches, bob sur la tête, mégot au bec, et bide Kronenbourg…
– « Bah alors ? »
– « C’est quoi l’histoire ? »
– « Y’a un chat dans le moteur ! »
Il nous regarde médusé et jette un œil dans le moteur…
– « Bah oui dites donc ! C’est un chat ! »
Il commence à démonter la calandre et finit par choper le chat… Il le pose a côté de la voiture… Très vite le chat se précipite de nouveau dans le moteur, mais plus loin ! Il démonte une bonne partie de l’avant de la voiture, et finit par rechoper le chat. Il le catapulte comme un boulet derrière un fourré du parc… Dix minutes plus tard, on revoit le chat courir dans le parc… Et notre dépanneur, très fier de lui, remonte la voiture… Vers midi, tout le monde rentre dormir.
Le lendemain après-midi, je croise un pote que j’avais vu la veille déchiré à Astro. Il me dit qu’il a dormi sur Brest et qu’il lui ai arrivé un truc dingue. En attendant son train, il a planté sa tente dans un parc en face de la gare, et que vers 10h du mat, un chat lui est tombé dessus…
Agoria
J’ai tout traversé avec les Sonic. Notre passion indestructible est sans doute stockée dans un temple, une forteresse, un manoir ou une cour, dont ils seraient les gardiens. Des k7 démos aux tricots rayés, des signaux de détresses aux éclatantes communions, rien ne remplacera notre sprint crawlé. Nous faisions tranquillement la planche au large d’une île de la Nouvelle-Calédonie tandis que deux requins nous visèrent puis nous dépassèrent. Ils étaient sans doute amicaux mais nous n’avons jamais nagé aussi vite que ce jour là.
Lenny Dee
J’ai beaucoup de bons souvenirs à Brest. En fait, chaque fois que j’ai joué, c’était encore mieux que la fois précédente.Je dois dire que j’aime les fans d’Astro. C’est l’endroit où Manu et moi avons eu beaucoup de moments incroyables, là où nous avons poussé le hardcore en France, comme jamais auparavant. J’ai beaucoup d’amour pour l’équipe. Tout le meilleur pour leurs 25 ans.
Jennifer Cardini
Mon plus beau souvenir d’Astropolis date de 2005 et c’est d’avoir dîné au restaurant, à Brest, avec tout Underground Resistance. Oui, tout Underground Resistance. C’était très impressionnant pour moi, Detroit et plus particulièrement UR ont eu une influence majeure sur ma carrière de DJ ; pour le reste, les Bretons ayant un très bon sens de l’hospitalité, c’est un peu flou !
Chichi,
Paco Tyson (Nantes)
C’est drôle mais quand je pense à Astro, ce n’est pas un DJ ou un moment en backstage ou au Vauban qui me revient de suite à l’esprit. C’est l’édition 2005 où jouaient les Béru qui m’a le plus marqué. Le premier choc c’était en arrivant à l’entrée du festival, où pour la première fois je voyais débarquer un nombre incalculable de keupons plus bouillants les uns que les autres, 8°6 chaudes à la main. Premier gros bordel à l’entrée du festival. Je me souviens que la sécu avait dû laisser passer je ne sais pas combien de personnes sous la pression de la foule qui, bien entendu, n’avait pas de places. Je ne me suis pas fait contrôler ce soir là, la sécurité avait ouvert les barrières pour éviter un débordement forcement ingérable. Je savais que cette soirée serait exceptionnelle à partir de ce moment là. Bien entendu le peak time ça a été leur concert, que je me rappelle d’avoir vu de loin car le chapiteau était blindé à craquer mais on pouvait sentir qu’il se passait quelque chose d’exceptionnel et ce fut le cas. Les Béru ce soir-là ont pété un concert mythique, et je me rappelle n’avoir jamais autant croisé de crêtes de toute ma vie. Un de mes meilleurs souvenirs à Astro même s’il y en a tant d’autres, celui-ci est clairement légendaire pour moi.
Zaltan
Je suis venu à Astropolis quand j’avais 19 ans, donc en 2005 ! J’étais venu pour voir le showcase de UR avec mon ami de toujours Inzpector Tanzi. J’avais un short très moulant et des bretelles. Sobre et chic, comme à mon habitude à l’époque. J’ai dansé comme un fou toute la nuit. Je me souviens surtout du live de Los Hermanos au petit matin sous le crachin. Avec Juan Atkins à la basse il me semble. Un pur moment de bonheur. J’ai aussi flirté avec une fille hyper jolie. Nous avons fini par parler un petit peu et je me suis rendu compte qu’elle sortait avec mon gardien d’immeuble à Paris. Improbable! Je ne l’ai jamais revue mais cette nuit a été parfaite. Que du love! J’ai aussi parlé de cette soirée avec Low Jack qui y était aussi. Je ne le connaissais pas à l’époque. Tout les deux nous avons eu une révélation cette nuit-là : la techno c’est de la funk en fait ! Inutile de vous dire l’émotion que j’ai eu lorsque j’ai été booké l’année dernière au manoir! Long Life to Astro !
Théo Muller
Sans hésitation le set de Joy Orbison & Barnt en 2017. Je n’avais pas ressenti quelque chose d’aussi beau dans La Cour depuis le live à rallonge de Mathew Jonson en 2010. Il faisait un temps merdique mais comme d’habitude en Bretagne, on s’en fout. On avait tout perdu ou plutôt rien à perdre. All in, c’est le closing. La musique jouée était brillante, hexagonale, troublante, un vortex si puissant que les murs tremblaient. Mystique ! J’avais un palmier sur la tête, les zinzins de Quimperlé de la boue sur les joues ; des athlètes étaient accrochés aux fenêtres du Manoir de Keroual… On appelle ça La Cour des Miracles je crois. On danse, on se sourit à l’envers amusé par ce joyeux bordel. C’est la rave, la messe, le Breizh Power est incontestable.
Elisa do Brasil
A mon premier Astro, en 1999, je suis arrivée assez stressée. On était garés dans le château avec le bus de Joystick. Avant de partir, petit conseil de Laurent Ho et de Tonio : « Stresse pas, ça ne peut que bien se passer! ». Assez impressionnant d’arriver dans cette belle cour. Les techniciens étaient très gentils. La cour s’est remplie petit à petit. Le set est passé tout seul, bien mieux que les suivants. Je me souviens de Manu et Torgull qui me regardaient les bras croisés du fond de la cour. J’avais joué une drum aussi barrée que leur musique. Une année Goldie et Sigma ont raté leur avion, ils sont arrivés au petit matin, en jet. Du coup j’ai fait un set de 4 h avec Miss Trouble et Youthstar. Je crois que c’était encore mon anniversaire. C’était fou ! Arrivée derrière moi sur scène, Goldie me mordit l’oreille si fort que ma boucle d’oreille ne s’en ai jamais remise. Je me souviens aussi d’avoir mixé enceinte… deux fois de suite. Dont une au petit matin. J’avais bien évidemment dormi avant. Je ne pouvais pas passer à coté de la scène Mekanik, les kicks du hardcore me rendaient malade. La drum, elle, est très bien passée.
Gigsta
Il y a eu la fois où j’étais persuadée d’être sur Jupiter (alors que j’étais à Kériolet), celle où j’ai joué de la jungle pour une édition d’hiver (après avoir fait mes armes au tremplin d’été) ou encore la fois où je me suis tentée aux rimes et vers (à l’occasion d’un édito émerveillé) … Mais il y a eu une année particulièrement légendaire (il me semble, quatre ou cinq années passées). Cette édition là est trop sauvage pour se laisser dompter par des contraintes poétiques. J’avais interviewé Kowton autour d’une galette et d’une bière. Le Britannique avait vaguement mésestimé la météo bretonne et je lui avais prêté mon coupe-vent kaki (juste un tout petit peu trop petit pour lui) qui l’avait protégé du crachin pendant son set dans la cour. Il avait joué au milieu de la nuit, navigant impeccablement entre kuduro, glock & roll et tout un tas de choses breakées qu’on n’avait pas souvent la chance d’entendre en Bretagne… pendant qu’on dansait n’importe comment avec les copains. A ce souvenir étrangement précis, s’ajoutent une multitude de fragments mémorables – un festivalier vomissant dans sa chaussure, des portables perdus, quelques clichés Kodak confirmant que la fête fut bonne et le sentiment féroce d’être tombée amoureuse d’un endroit précieux ne lésinant ni sur la qualité musicale, ni sur le sens de l’humour.
AZF
Mon souvenir c’est évidemment en 2016, à Beau Rivage. La date qui m’a fait connaître en France ! Je venais de faire une Boiler Room, c’est ma première « grosse » scène et ma première rencontre avec le public breton. Et quelle rencontre ! Ils ne m’ont jamais quittée, c’est la région où j’ai le plus joué de toute ma carrière ! Je suis toujours hyper contente d’y revenir. C’est vraiment l’un des publics avec lequel j’ai le plus d’attachement, car depuis ce jour, y a pas une fois ou j’y retourne et où on ne me parle pas de cette date. Et le plus incroyable, c’est qu’il faisait beau pendant mon set, le soir la pluie torrentielle s’est abattue sur le festival, 30 cm de boue et tout le monde qui continuait à danser. C’est ce jour que j’ai compris que le public d’Astro était définitivement différent des autres. Et quand tu connais un peu les gars qui sont aux commandes tu comprends pourquoi.
The Hacker
En 2001, on joue notre live avec Miss Kittin. Astro est le premier festival à nous booker, on tourne déjà à l’étranger mais pas en France. En plus ce soir là il y a Suicide. Maxi-pression, mais au final tout se passe bien. J’avais peur de la réaction des Bretons, je me disais qu’ils adoraient le hardcore et que nos trucs new wave allaient les emmerder. Astro a été déterminant, après ça on s’est mis à beaucoup tourner.
Electric Rescue
En 2000, c’est la dernière Astropolis à Keriolet, on ne le sait pas bien sûr. Cette année-là, le plateau est encore plus varié et intéressant que les années précédentes. De Christian Morgenstern à Thomas Brikmann en passant par Claude Young qui scratche avec le coude ou le front, à The Horrorist et bien sur, Laurent Garnier, Manu le Malin. Mais celui qui a retenu e plus mon attention, c’est Ben Sims. Nous sommes arrivés la veille bien sûr, pour préserver nos forces au maximum, un temps magnifique, toute la journée d’Astro idem, Météo France ne prévoit aucune pluie, du coup pas de couverture sur la scène. Il est 6h30 me semble-t-il, Ben Sims prend les platines, et nous dégomme à coups de techno imparable, c’est le bordel total sur le floor, façon Astropolis, un mélange improbable de personnes heureuses.
Le paradis est atteint, les sourires figés, et pourtant celle qui était annoncée comme impossible arrive, la pluie bretonne, qui commence toute fine, tout continu, les gens sont heureux, Ben Sims en feu. La pluie s’intensifie et se transforme en averse, rien ne change la folie s’intensifie. Moi collé devant Ben Sims au premier rang, voyant les gouttes s’accumuler sur les vinyles, mais rien ne saute et Ben continue à 3 platines, plus fort que la pluie. Arrivent alors Matthieu et Gildas avec deux énormes parasols en guise de parapluie géant. Il est presque 8h du matin, tout le monde est au taquet, rien ne change la fête continue, moi toujours devant mort de rire et pas que. La fête continue, la pluie s’intensifie mais Astropolis continue sous l’averse et les gens sont heureux. Rien n’arrête Astropolis.
Blutch
Mon souvenir le plus fort restera l’année 2014. C’est l’année qui a changé la direction dans ma vie. Je participe au tremplin pour la première fois, étant quelqu’un de très carré à l’époque, j’attends les dernières heures pour envoyer mes morceaux. À ce moment-là (vers mai je crois) je n’avais pas encore fini les morceaux de mon premier EP Equilibrium. J’avais envoyé mes morceaux précédents sans grande conviction. J’étais livreur de pizza à Morlaix pour l’été en ce temps-là. N’ayant pas reçu de nouvelles par mail, je m’étais presque fait à l’idée de ne pas être pris. Et un jour, entre deux services, un numéro inconnu, je décroche, on m’annonce que je suis pris pour faire un live en ouverture de la grosse scène le grand soir.
Une fois raccroché, j’ai littéralement couru dans toute la baraque en criant que j’allais jouer à Astro à tous mes colocs. C’était malade pour moi. J’ai donc fait mon premier live de ma vie sur l’Astrofloor, j’ai pu assister aux balances de LFO avant qu’il ne s’en aille, j’ai pu voir les « coulisses » du festival, j’ai pu jouer devant plus de 1000 personnes… C’était le début d’une nouvelle vie et la première fois que j’ai réalisé que je pouvais peut-être en faire quelque chose de viable de mon amour pour la musique.
Les mois suivant Astro, je discute et rencontre Florian, qui me supporte toujours aujourd’hui et m’aiguille sur tout mes choix par rapport à la musique (et il a du courage des fois). Il me booke sur Fortress en septembre, et c’est la première fois que je rencontre les créateurs du festival, les Sonics, les gens du bureau… J’ai des étoiles plein les yeux depuis 5 ans grâce à toute cette formidable équipe, et j’ai l’impression que ça n’est pas près de s’arrêter.
Clémence Meunier, Tsugi
Juillet 2018, Keroual, 6 heures du matin. Tout le festival danse devant Laurent Garnier. C’est la cohue là-bas. Je rejoins une bande d’irréductibles qui reste chevillée à la Mekanik, devant Elisa Do Brasil. On n’est pas super nombreux, mais c’est une vraie communion entre les résistants et elle, et des regards se croisent comme pour dire « ah, toi aussi t’es là, on se comprend » – j’adore les sets de Laurent Garnier hein, mais danser des heures sur de la drum’n’bass ça ne m’arrive plus qu’à Astropolis pour être honnête. Et qu’est-ce que ça a fait du bien ! Jusqu’au bout à se niquer les rotules, à jumper avec des mecs et des filles qu’on ne connaissait pas cinq minutes avant, à se laisser complètement porter par son set, en confiance, entre gens qui aiment vraiment ça, jusqu’à la toute dernière minute du festival… Pour finir par sortir du chapiteau et être tout étonnée par l’arrivée du soleil. Un grand moment.
The DJ Producer
Ces 25 dernières années, j’ai eu l’honneur de jouer à Astropolis à tant de reprises… J’ai beaucoup de souvenirs d’Astropolis, de l’époque où la scène Mekanik était dans les bois et où on était carrément des hors la loi du hardcore, au moment où j’ai vu Laurent Garnier clôturer la Spring de Keriolet et qu’il m’a littéralement foutu en larmes. Tant de souvenirs. Pour les 25 ans, je prévois de fabriquer mes propres souvenirs à base de gros classiques et la masse de tracks de mon récent album Future Incognito. J’espère que vous me joindrez tous dans la destruction cérébrale qui va suivre. Avec ton mon amour.
JP Deniaud, Trax
Je me souviens d’un temps où Astropolis était le diable. À l’époque, pour les ravers des champs dont j’étais, écouter de la techno ailleurs que devant un mur d’enceintes au milieu de nulle part était une hérésie, un blasphème. Il fallait que la musique mitraille, qu’elle crache et cravache, et surtout, qu’elle soit en liberté : pas de tickets, de file d’attente, de bars payants et autres clôtures. Libre.
Pourquoi s’est-on alors retrouvé sur ce champ-parking d’Astropolis en ce début août 2005 ? Pour un supposé mini Astro off, en marge de la 11e édition du festival, avec réunion de sound-systems freeparteux. Ni une ni deux, les 400 bornes pour rejoindre l’armée rebelle sont avalés. Sur place, l’arrivée s’arrose comme il se doit sous un soleil de plomb. Alors que les tours des camions-sonos commencent, un flyer circule de main en main. Un étrange nom s’est ajouté au line-up du festival : Kamouflage. « Avec un K, parce qu’on en est tous » dirait Manu le Malin.
Or, le bruit court que sous ce nom se cachent les fameux Bérus. Depuis des années que la free écoute en boucle Porcherie en VO ou en remix hardtek – un classique ! – notre sang ne fait qu’un tour : il nous faut assister au concert. Pas de ticket ? Pas grave. La troupe se met en marche, et bientôt, plusieurs centaines de fêtards prennent d’assaut l’enceinte du festival. Soudain, on entend là-bas que les portes viennent de tomber. Mouvement de foule. Poussière, cris, rires. Ça y est, le festival est à nous.
Quelques heures et boissons plus tard, la nuit tombe et les premiers riffs rugissent sur la main stage. La foule hurle et scande en rythme « La jeunesse emmerde le Front National », égraine les « Salut à toi », et les « la la la laaa la » religieusement. Les pogos démarrent et ne cesseront qu’avec le dernier morceau. Premier pogo pour moi, c’est du costaud, la bagarre, faut tenir bon la barre. Je réalise à un moment que mon sac est ouvert, des affaires n’y sont plus, comme ce T-shirt que je vois maintenant sur la tête d’un autre, là-bas devant. Mais plus rien à faire, c’est trop bon. Vive le Feu !
Manu Le Malin
Aux début d’Astro à Keriolet, chaque année, une fois la fête terminée et le site évacué, on se retrouvait avec l’Astroteam comprenant les Brestois, Cristophe bien sûr, et quelques « invités » triés sur le volet. On ressortait un petit soundsystem, les platines et c’était parti pour quelques heures, sauf une année ou on coupera le son à la levée du jour le lundi ! Apparemment ce matin-là, la légende dit que j’aurais eu une « petite conversation » avec les gargouilles du château…
Christian Roux,
père spirituel d’Astropolis
Voici un abécédaire avec 900 signes. Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’autres explications. D’aucuns ne connaissent pas Déolen ou les Moineaux Blancs ? Tant pis pour eux.
« Ayant toujours prétendu que les nobles drogues conservaient beaucoup mieux que l’alcool, je me dois de faire étalage d’une mémoire acérée plutôt qu’altérée ».
A – Annkrist / Astropolis
B – Brest la Blanche / Brigitte
C – CCM / Caroline
D – Déolen / Délec /
E – Edw
F – Fête / Festival / Fréquence Mutine
G – Gildas / Genèse / GG / Guérin (la place évidemment !)
H – Hardcore / Hippy / House
I- Idyllique / aux Innocents les mains pleines
J – JDP (2 many Dj’s)
K – Kernouès / Kériolet / Kerjaouen / Kéroual
L – Lolo / Lysergique / Liza n’Eliaz / Légende
M – MGB / Mentor / Miossec / Moineaux Blancs / Manu Le Malin & Casana
N – 90’s
O – L’Ovni !
P – Pop / Port Parallèle / Pasqua
Q – Quartz (Malsaine Nationale !)
R – Rave Up / Ô Trans / Rétine
S – Sonic Floor & Crew / Suicide / Salle des Conférences / Spring
T – Trois Curés
U – UR
V – Vénitien (Grand blond) / Vauban
W – West Side
X – XTC
Y – Yann De Keroulas
Z – Zébulon – Meet U at Astropolis #26
Lesneu
A Fortress au fort de la Penfeld, c’était le 21 septembre 2013 (je viens de vérifier sur Google), j’avais 19 ans donc. Je me souviens plus exactement avec qui j’y était mais je me souviens quelle idée je m’étais mise en tête. Mon frangin venait de me faire découvrir les Bantam Lyons, on était pas encore copain à l’époque. J’étais comme un dingue, et il faisaient justement un DJ set en ouverture de la soirée.
Ludo – Sonic Crew
Mon tout premier Astro en 97 au château de Kériolet. J’avais fait le déplacement avec une bande de potes, je venais d’avoir mon permis de conduire. Ce soir-là, il y avait Richie Hawtin dans la cour et surtout Laurent Garnier que je venais voir pour la seconde fois, et qui jouait dans la salle des gardes. Cette nuit-là, il avait envoyé tout le monde sur orbite jusqu’au petit matin, c’était fou. Encore aujourd’hui je m’en suis toujours pas remis. Bref, c’est vers la fin de son set que Alex (Grolex, mon partenaire dans Sonic Crew) et moi avions remarqué un lecteur/enregistreur K7 devant les platines vinyles en mode « libre service » tourné vers le dancefloor, le genre de truc impensable. On s’est pas fait longtemps prier, à la fin de son set on a braqué les K7 en espérant revivre la soirée tranquille à la maison. Hélas je vous le donne en mille, les K7 étaient désespérément vierges, certainement punis par notre crise de kleptomanie.
Loïg – Echap
C’est super dur de donner UNE anecdote sur Astropolis, parce que c’est le festival qui nous a donné envie d’être quelque chose. Si on a fait un manoir en 2015, c’est grâce à Astro. Si on écoute de la techno, voire même de la musique en général, c’est grâce à Astro. Si on a autant de potes, c’est grâce à Astro. Mais bon, voilà une pilée de conneries qu’on a vécu entre un set de Kevorkian et deux tickets boisson. Une dame m’a tirée sur la moustache super fort parce qu’elle pensait que c’était une fausse (point bonus : elle connaissait trois titres de morceaux du groupe Yes). On a fait une croisière (merci encore douze mille fois) avec un stress : on avait vendu trop de tickets (désolé encore mille fois, on avait mal compris), mais suffisamment de nos potes ont loupé le départ pour cause de sieste (bravo encore mille fois). On a perdu notre barman en chef venu de Paris au milieu de Keroual, il est réapparu au petit matin en expliquant qu’il avait tout simplement « compris ».
Sônge
Quand j’étais petite j’allais à la messe de Noël avec mamie, maintenant je vais à Astropolis avec les copains. C’est un peu pareil. Stephan Bodzin en pape épileptique lance son tube « Luka Leon » et les murs de la cour se mettent à trembler. Before sur le port avec un soundsystem de feu ! En fait c’était les enceintes grésillantes d’une petite voiture, et puis on était 5. Et on écoutait Djadja. En boucle! Une amitié est née sur le port de Brest. Dans le parc du château, j’ai vu une grande roue illuminée, aussi un banc qui faisait la hauteur d’un cheval. J’ai regardé autour de moi, tout le monde avait l’air de trouver ça normal.
C’était encore incroyable Astro mais je ne sais toujours pas comment rentrer à la maison à Quimper. Dernière chance, j’appelle ma maman. Soudain un camion Volkswagen perce le ciel, elle est là avec un grand sourire et une auréole au dessus de la tête. Retour au bled, Astro, à l’année prochaine.
David Boschet – photographe,
GratuitPourLesFilles.fr
Il y a quelques années, des croisières étaient organisées dans la rade de Brest avec différents collectifs. En 2015, en clôture de cette 21e édition, l’une d’entre elle fut confiée à l’équipe de la Domingo d’Angers. Un dimanche après-midi. Le temps était radieux, l’ambiance était détendue, comme elle peut l’être après tout les efforts d’un samedi soir à Keroual.
La musique d’un Dj Québécois battait son plein et l’ambiance était euphorique. Puis Antoine Beaujean pris son tour aux platines. Au lieu de surenchérir, il coupa le son brutalement et mis fin à l’euphorie. Tous reconnurent The Wall des Pink Floyd, dans un édit que nombres d’entre n’avais jamais entendu et qui appartenait à sa mère, il me semble. L’introduction était très lente, sombre, presque pesante. Aux antipodes du morceau précédent, pendant un court instant la surprise régnait sur la piste. Médusés, les danseurs les plus acharnés, tant que les groupes en discussions sur le côté, tous marquaient l’arrêt. Interpellés, solennels, ne sachant plus comment réagir… Soudain, la rythmique s’envola, … et le bateau entier pris feu avec lui, baigné par le soleil d’un formidable dimanche. Sur tous les visages, on pouvait lire la joie et la communion était palpable. Un instant de grâce.
Kmyle
Lorsque je me produisais avec Electric Rescue sous le duo Laval au lever du soleil dans la cour, il y avait une atmosphère tellement unique et une communion totale avec le peuple breton, je me sentais ancré dans le sol par des racines. Pour moi c’était déjà l’apothéose spirituelle, mais ce n’était pas fini. Avec tous les copains après cela nous avions décidé de tous festoyer sur la terrasse du Vauban de Brest, le matin même. Accompagnés des artistes, et de toute cette bande de joyeux lurons d’astro-potes. Les heures s’écoulèrent doucement mais surement au soleil, dans un apaisement et une certaine bienveillance. Un moment assez unique. Avec laurent Garnier, nous parlions souvent en échange téléphonique, mail, et autres , mais cette fois-ci, c’est la première fois que nous avions l’occasion d’être en face et dans un moment comme celui-ci. Il ne connaissait pas mon visage (internet rules), et je me foutais aussi de savoir qui est qui, nous étions ici pour vivre Astropolis, pas autre chose. Nous étions donc comme deux personnes qui viennent de se rencontrer et qui échangeaient sur des sujets loufoques tel que le cinéma érotique des années 80, et j’en passe. Ccela a duré bien plusieurs heures, et les paroles s’entrecoupaient avec les amis.
Quelques pastis plus tard, nous étions rendus assez tard dans l’après-midi et toujours au même endroit sur cette terrasse, une assemblée de philosophes de comptoir. A un certain moment nous nous sommes présentés, car nous avions oublié de le faire au tout début de cette journée bizarre, nous avons bien ri de cette situation et nous avons donc continué ce moment unique. Après quoi, et dans cette jovialité assez complète, nous avons décidé de manger tous ensemble non loin du Vauban. C’était un épisode tellement épique, que je n’en dirais pas plus. Et puis, j’ai aussi rencontré ma femme autour de cette table à ce moment-là , Astro, c’est une aventure de cœur.
Et puis, tout ce qui sa passe à Astro reste à Astro .
Crédit photo en une David Boschet
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