Focus sur l’intrépide chevauchée des trois Strasbourgeois de 100%Chevalier. Si pendant que vous perdiez votre temps sur les bancs de l’université à écouter d’une oreille discrète les frasques de la soirée de la mignonne camarade d’à côté, peut-être avez-vous manqué, par distraction, les subtilités de la littérature médiévale de Chrétien de Troyes. Vous êtes un gueux mais personne ne vous jettera la pierre. Cependant, pour le peu que vous ayez étudié la sociologie, il serait regrettable que vous n’ayez pas pris un concept dans les dents : le Mana. Spiritualité maximale.
Avec 100%Chevalier, il trouve une définition parfaitement appropriée, qui laisse transparaître une efficacité et une puissance transcendante, faite ici de rayons lumineux de décibels et d’une rythmique galopante, infatigable.
En live, le trio préfère jouer au milieu du public, en cercle, cassant le rapprochement musique / spectacle scénique (avec son lot d’arrogance sur piédestal), pour former un épicentre, propre au rituel : ensemble, en contact et en danger. Derrière leur étendard les trois valeureux invoquent, lorsqu’on demande leurs influences, un mélange de rock progressif et de post-punk : Three Trapped Tigers, Liquid Liquid, King Crimson, Tool… Il manquerait à cette liste une sorte de Tame Impala-africain-muet-sous-acide pour situer leurs créations.
Musicalement, la charge est toute aussi brutale que vertueuse, un brin exotique. Un rappel salvateur : l’efficacité du son n’est pas réductible à une facilité de la composition et de l’interprétation. Chose encore plus rare chez les groupes français, pris dans le faux dilemme de devoir chanter dans leur langue natale ou écorcher plus ou moins profondément la langue de Shakespeare, 100%Chevalier est une formation purement instrumentale.
Second rappel : l’aventure n’a pas besoin d’être narrée par une voix si elle est vécue de manière fictive par la musique, plateforme des sensations et de l’imagination faites par une recette magique : 30% de batterie + 30% de guitare + 30% de basse + 10% de sueur. Un choix qui les honore, en plus de les faire épouser une modernité artistique légère et abstraite, à la différence d’un rock progressif parfois trop pompeux, lugubre et lourd.
La structure des chansons est toujours progressive, mais le chemin est dansant, sans cassure violente et les codes surfaits ont été chassés. Ses compositions semblent toutes vouloir prendre la forme d’une courbe envolée, comme dans une transe. 100%Chevalier adopte un héroïsme moderne, avec une finesse difficilement identifiable derrière un nom qui a le mérite d’afficher la provenance sans publicité mensongère : celle de l’authenticité.
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