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Une route du rock à boue de bras

Cette année, pour certains d’entre nous, les premiers noms dévoilés de la fournée Route du Rock 2014 ont suffi à nous convaincre. Déjà pris d’une affection nostalgique pour le Fort St Père, plus aucun doute n’était permis. Des pensées aux actes il n’y a qu’un pas :  Saint-Malo nous voilà !

Chap 1: « Told you so »

On nous avait pourtant bien dit qu’en Bretagne il ne pleuvait que sur les cons et ce n’est pas faute d’avoir fait un test de Q.I avant le départ… mais rien n’y a fait : jeudi, c’est par une saucée phénoménale que nous sommes accueillis !

Tels des croutons dans une soupe malouine, on essaye de ne pas se ramollir. Finalement, chaque année, la pluie est au rendez-vous alors il va falloir finir par s’y faire et avec le sourire s’il vous plaît. Situation tragi-comique néanmoins de monter les tentes sous ce déluge. Les plus malins auront déjà prévus les bottes, les autres dévaliseront tous les revendeurs environnants le jour suivant !

   route du dock 2014 boue

Mais place à la musique, les concerts eux n’attendent pas le soleil pour commencer. Une voix au loin nous appelle. Stephan Eicher ? Bob Dylan ? Non non, The War on Drugs. Le groupe de Philadelphia tente difficilement de réchauffer les corps et les cœurs… il va falloir y mettre un peu plus d’énergie mais le moral revient petit à petit. S’en suit un arc-en-ciel digne d’un final de mon petit poney et enfin quelques U.V bien mérités.

Petit passage en revue du site, nos deux scènes sont toujours là. En anticipant un peu le public on pourra naviguer rapidement de l’une à l’autre sans risquer de sacrifier notre planning des 3 prochains jours. Pour la monnaie, plus de Bayards mais de vulgaires jetons (token)… dommage c’est moins charmant. 1T = 2,80€, à 1T le demi et 2 la pinte, les prix sont doux de même que les sourires de bénévoles.

Kurt Vile & the Violators nous fait un peu planer, on se pose enfin, la boue est omniprésente et se pratique pieds-nus pour les plus zen, crispés à tenter de sauver ses nouvelles chaussures en toile pour les plus stress et en caoutchouc pour les autres. On remue quand même bien sur cette fin de concert électrique suivi d’un ultime morceau acoustique devant lequel on aimerait bien tous communier. On sent la foule encore un peu humide, patience, ça va prendre.

Devant Real Estate un heureux bienfaiteur en Poncho nous offrira des cerises à l’eau de vie… ou était-ce des mirabelles ? En tout cas merci bien. Bientôt 23h, on attaque Thee oh Sees. Ou bien c’est eux qui nous attaquent on ne sait plus trop bien ! Ces 3 performers électrisent la scène avec leur bon gros rock et essorent nos côtés grunge et stoner. La nuit est tombée et le festival trouve son rythme.

Un des gros noms du line-up fait alors son entrée: tonton Caribou paye son set en deux temps. Avec une belle montée en puissance. La chouette mise en lumière qui accompagne cette avalanche de tubes consécutifs (Odessa, Can’t do Without You, Sun…) arrivera-t-il à bout des plus sceptiques? Chacun ses goûts mais nous on était aux anges et on pense que ceux qui slamaient au risque de prendre un beau bain de boue n’étaient pas malheureux non plus.

 

Ce jeudi: Darkside fermait les portes d’un premier jour déjà fort de café. Et quitte à jouer les portiers Dave Harrington et Nicolas Jaar, n’ont pas pu s’empêcher d’entre-ouvrir celles des enfers. Des cordes se mettent à tomber du ciel, les flashs brulent nos visages sur lesquels on discerne des expressions brutes et syncopées. Entre Jaar qui joue du bassin sur ses machines et Harrington qui se contorsionne autour de sa guitare, la scène du Fort est le théâtre d’un drôle d’accouplement. On se met à nu et on plonge nous aussi dedans. Impossible d’échapper à l’expérience Darkside. Pour dire au revoir, le duo New Yorkais décident d’éclater nos tympans et sûrement aussi ceux des déserteurs à l’autre bout du site par un final apocalyptique de Golden Arrow puissance 11/10 qui kidnappe nos tripes. Le sound system n’explosera pas.. on en a douté un instant!

 

Le groupe a annoncé dimanche sa fin marquée par un dernier concert le 12 Septembre à Brooklyn (#Ô-rage-Ô-désespoir).

 

Chap 2: « La Bretagne ça vous gagne… ou pas »

 

Vendredi on se réveille aussi mouillés que la veille. Heureusement, le charme de ce festival c’est que nous avons chaque jour jusqu’à la fin d’après midi pour visiter Saint-Malo et ses remparts, aller manger une bonne galette, faire carrément trempette dans la mer tout en écoutant/découvrant des artistes comme l’intriguant Aquaserge ou l’électro des petits poulains de Pégase qui ont bien kiffés la vue depuis la plage.

 

 Pegase

 

Une bonne idée donc mais, qu’ils soient venus en navette ou en voiture, nombreux sont ceux qui déchanteront quand viendra l’heure de rejoindre le site. Car justement il faudra plus d’une heure pour rejoindre le fort St Père depuis Saint-Malo ce jour là. L’évènement Portishead qui a justifié à lui seul une bonne partie des ventes de billets crée l’affluence, les bouchons et vite une source certaine de stress pour nombre de festivaliers. L’orga a eu beau s’affairer à poser de la paille ici et là, les piscines de boue et autres hectolitres de gadoue accueillent les nouveaux arrivants qui ont cru ne jamais arriver à temps pour voir leur british fantasmagoriques sur scène.

 

Après avoir joué aux escargots en conserve et en manque de musique, on arrive donc un peu tard pour Anna Calvi et on fonce à Slowdive. Le groupe tient ses promesses. Du shoegaze très honnête que l’on écoute en étant presque nostalgique de ces années où l’on était pas très bien dans notre peau. A défaut de fixer nos Doc’ noires, on scrute nos bottes jaunes: et alors?

 

Enfin la messe sonne. Beth Gibbons entre. Les lumières s’éteignent et les milliers de témoins débutent leur prière.

 

L’énorme écran derrière Portishead accompagne à merveille les morceaux à la manière d’une captation blindée d’effets analogiques très bien pensés. Le groupe de retour à la Route du Rock après un passage 16 ans plus tôt nous comble avec sa légendaire retenue et le savoir-faire subtil de chacun des musiciens, Beth et sa voix cristalline en tête de gondole. Qu’elles soient issues de Dummy ou Third, les premières notes de chaque titre nous promettent 5 minutes de bonheur.

 

Côté gastro on trouve un combo gagnant en chargeant le stand « mémé patate » de remplir nos petits ventres et celui du cidre de nous abreuver un peu autrement!

 

Liars offre ensuite une belle transition. Comme muni d’un convecteur temporel, on traverse des décennies, d’un début de set limite new-wave jusqu’à un présent bien plus électro sans oublier les premiers amours des trois américains avec quelques morceaux très rock. Un vrai carnaval multicolore riche en vitamines A, E, B6, B12…

 

C’est alors qu’une immense chenille envahit le site. « Accroche tes mains à ma taille, la chenille corsaire ne fait pas dans le détail« . On ne sait pas où elle commence ni où elle finit mais elle est immense et vise le Guinness book! Grâce à sa bonne B.O et une com’ maligne, elle aurait atteint le score incroyable de 3000 participants !

 

Nos jambes veulent se coucher (les possibilités de s’assoir sont quasi nulles ici) mais on veut une belle histoire avant. On veut que Moderat nous la raconte et que Pfadfinderei nous l’illustre. Dommage que leur superbe projection ne soit finalement pas très adaptée à une scène de festival. C’était quand même très beau ne serait-ce que pour voir en live Milk lancer la machine à danser en quelques minutes avec son pouvoir magique.

 

Chap 3: « Venez comme vous êtes! »

 

Samedi on passe faire un dernier coucou à la Manche, on s’enfile une ultime blanche Hermine et on décolle illico. Échaudés par notre mésaventure de la veille on ne veux pas louper Mac De Marco. Tee-shirt Simpson, dents du bonheur, canette de bière à la main gauche et clope à la main droite, le jeune canadien de 24 ans se lève à peine et entre en scène comme ton pote sortirait de son garage pour venir glander avec toi.

 

La foule est déjà compacte et entonne Salad days à l’unisson. De Marco confirme qu’il était bien un des atouts de la prog 2014.

 

Un capital sympathie qui ne fera que croître pendant une heure. Il faut patienter le temps que Mac change une corde à l’arrache? …pas de soucis! Ses acolytes au look aussi loufoques qu’adorables ont un trick pour ça: une petite reprise de Yellow de Coldplay qu’ils finiront tous ensemble, public compris, survolés de près par une montgolfière. Un gros slam pour finir cette communion entre lui et nous et c’est déjà la fin. Snif.

Après tant de simplicité et de convivialité, assez difficile d’accrocher avec Baxter Dury, mais Temples est là pour nous consoler. Mais l’accélérateur de soirée, le ginseng intra-oriculaire de ce samedi soir c’est bien Cheveu.

Fins connaisseurs des blagues Carambar, on savait déjà que Cheveu, ça décoiffait. Mais à ce point c’est du militantisme pour la calvitie. Originaux et sans concession les 3 français allument notre batterie de secours. Ils jouent fort, ils jouent vite et en plus ils sont drôles. Franchement entre l’électro et le punk, il est parfois bon de ne pas avoir à choisir. On commençait à avoir quelques courbatures, nous voici prêts à danser toute la soirée.

Ca tombe très bien le cours de danse commence maintenant. Jamie XX dont on a beaucoup entendu parler l’an passé affronte le jury du Fort. La boule à facette est de sortie et brille de mille feux. Une pincée de musique du monde, une dose de disco et puis on vire dans l’univers technoïde des balades à la J.XX. Ici pas de kick torturé et sombre, juste une rêverie innocente qui avale ses 80 minutes imparties et nous avec sans difficulté.

Le temps de dire ouf, un norvégien barbu s’est glissé derrière les platines. On ne comprend pas très bien si le concert a déjà commencé… mais il semblerait bien qu’en super DJ, Todd Terje ait voulu assurer la transition avec son propre live ! Il nous balance un de ces petits remix disco dont il a le secret (You Should Be Dancin des Bee Gee’s) puis attaque direct avec le « vrai » live avec deux de ses meilleures cartouches: Strandbar et Delorean Dynamite. 

Si vous n’étiez pas encore passés au point de rendez-vous chercher ceux de vos amis qui manquaient encore, dommage pour vous. Impossible de quitter la piste. Les riffs des claviers du Todd sont imparables et transforment le champ de boue devant lui en piste ambiance « Roller derby ». On entendra dans la foule à la fin du set: « Waou je ne pensais pas danser autant en venant ici ». Tu m’étonnes. On se quitte là dessus d’ailleurs. Nous on va se jeter directement dans la machine à laver et rincer nos bottes pour la prochaine fois. Merci pour tout #RDR14.

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