Pour cette édition 2016 de notre étude, l’équipe Sourdoreille a épluché la programmation de plus de 550 festivals français, sur la période fin mars / fin septembre. Si le gagnant n’est pas une surprise tant le retour de Louise Attaque était attendu et sa présence en festivals évidente, c’est son score qui surprend.
L’étude est mise à jour régulièrement.
Dernière mise à jour : 26 avril 2016.
Pour accéder aux 550 festivals de l’étude, cliquez ICI.
Présent sur 30 festivals cet été, Louise Attaque réalise un score quasi inédit depuis l’existence de cette étude (2011). Pour comparaison, l’an passé, Massilia Sound System arrivait en tête du classement avec « seulement » 21 dates. Fauve obtenait la première place de 2014 avec 26 dates. Seul Zebda avait fait un plus gros score avec 36 festivals squattés en 2012. Mais Louise Attaque se distingue par rapport à ses prédécesseurs en étant présent sur la quasi totalité des plus gros festivals français : Vieilles Charrues, Eurockéennes, Solidays, Printemps de Bourges, Francofolies, Cabaret Vert…
On pensait voir Les Insus se glisser dans ce classement mais la bande à Aubert et Bertignac coûte trop chers pour nombre de festivals et ne seront « que » sur 14 événements héxagonaux.
La lecture de ce classement, et la hausse générale du nombre de festivals squattés par les premiers du classement pourrait laisser penser à une tendance à l’uniformisation. La réalité semble plus complexe. Pour Olivier Wurth, directeur général d’Auguri (tourneur notamment de JAIN), si uniformisation il y a, « elle est avant tout liée à l’offre et à certaines années moins riches en grosses tournées d’artistes français et surtout internationaux. Car en général, vous ne recherchez ponctuellement une similitude que sur le haut des affiches, mais chaque festival travaille aussi sa différence dans sa programmation de jeunes artistes, de découvertes ou de coups de coeur moins médiatiques. » Un constat qui peut être illustré par l’exemple d’Europavox. Le festival 6 des 20 squatteurs de cette édition 2016. Mais derrière, Europavox propose une programmation composé pour près de la moitié d’artistes européens, dont la plupart n’ont encore jamais joué en France.
Pour François Missonnier, directeur et fondateur de Rock en Seine, ce débat sur l’uniformisation des progs est surtout un truc de journalistes et de professionnels de la musique : « Un journaliste c’est un spectateur privilégié. Et les programmateurs ne font pas leur festivals pour ces professionnels qui enchainent les festivals. Au nom de quoi devrait-on priver le public d’artistes comme Louise Attaque, Nekfeu ou JAIN ? Sous prétexte qu’ils jouent partout ? Ce n’est pas une paresse de programmation, c’est faire plaisir à un public. »
« Le public a envie de voir les artistes qui font l’actu. » François Missonnier, directeur de Rock en Seine.
Avec 14 des 20 squatteurs de l’année, le Printemps de Bourges reste, comme chaque année, le festival à accueillir le plus de squatteurs dans l’absolu. Mais cela ne représente qu’une infime partie des 153 artistes de sa programmation. Derrière, Solidays et Art Rock complète le podium avec respectivement 12 et 11 des 20 squatteurs présents sur leur édition 2016.
L’évolution de l’éco-système des festivals français ne peut s’appréhender sans un regard porté sur ce qui se passe à l’étranger. Chez les voisins européens, les festivals connaissent des croissances vertigineuses : croissance dans le nombre de festivaliers accueillis mais également sur les prix des entrées. De plus en plus d’événements peuvent ainsi proposer d’énormes cachets pour faire venir les têtes d’affiches internationales les plus recherchées. François Missonnier, compare ainsi son festival à la référence des messes US : « Coachella, c’est 80 000 spectateurs par jours contre 38 000 à Rock en Seine. Le prix du pass est trois fois plus cher là bas. Et en plus, ils programment moins de groupes que nous. Ils ont donc six fois plus de recettes pour moins de groupes programmés. Difficile de lutter concernant les cachets des têtes d’affiches. »
Les festivals français semblent donc de plus en plus en difficulté pour programmer des artistes étrangers, notamment les plus côtés. Pour maintenir une programmation attrayante, il faut donc proposer des têtes d’affiches françaises. Et il n’y en a malheureusement pas des centaines à se produire chaque année. L’infographie ci-dessous montre d’ailleurs à quel point les festivals ayant le plus de ressemblances sont ceux avec la ligne artistique la plus concentrée sur la scène française : Bourges, Francofolies, Vieilles Charrues et Chorus.
On peut noter qu’aucun tourneur ne trust le top 20 de cette édition 2016 : aucune structure ne compte en effet plus de deux artistes présents dans ce top. La stratégie de présence en festival semble pourtant de plus en plus essentielle pour les artistes, notamment émergents. Pour des artistes comme JAIN, Feu! Chatterton, Jeanne Added ou Hyphen Hyphen, les festivals permettent souvent de franchir un cap en terme d’exposition et de notoriété. Pour Olivier Wurth, directeur général d’Auguri, le développement d’un artiste est un exercice de plus en plus difficile et nécessite une discussion permanente des opportunités qui se présentent : « Et il est encore plus nécessaire de coordonner notre stratégie quand ce développement prend aussi une dimension internationale, ce qui est le cas de JAIN. Les artistes aiment chanter, jouer. Il y a un vrai challenge à se confronter à un public de festival qui n’est pas forcément là pour vous, ou pas que pour vous. C’est un stress supplémentaire que la plupart transforment vite en excitation et en impatience d’attaquer cette période particulière. »
« Il y a un vrai challenge à se confronter à un public de festival qui n’est pas forcément là pour vous. » Olivier Wurth, directeur général d’Auguri.
C’est donc assez logiquement que certains artistes se retrouvent sur les mêmes festivals. JAIN croisera ainsi 13 fois la route de Louise Attaque et Jeanne Added cet été, et 12 fois celle de Feu! Chatterton. Les artistes restent en revanche attentifs à ne pas se produire dans une même zone géographique sur une période trop proche, et ce, même lorsque les festivals n’imposent pas d’exclusivité : « C’est dans notre intérêt aussi de ne pas saturer le public d’une même zone. Et si un artiste à le potentiel de jouer plusieurs concerts sur une région ou une autre, tout se discute. On est entre gens ouverts et intelligents. » Olivier Wurth, directeur général d’Auguri.
L’artiste qui cartonne et qui met le feu en festival, c’est Naâman !!!!
Vous n’en parlez pas, c’est incroyable. Pourquoi ?