Rencontre avec le chauve le plus célèbre de Grenoble, qui nous parle de sa ville et nous conseille notamment quelques rades.
De retour avec album très subtile – « Tides Of Mind », le producteur de techno Oxia met ainsi fin à huit années de silence (« 24 Heures », 2004). L’occasion était trop belle pour ne pas l’inclure dans notre série irrégulomadaire sur la relation des artistes à leur ville. Aujourd’hui, on parlera donc de Grenoble et de son vivier de beatmakers (Oxia, Miss Kittin, Kiko…) et du fameux label Goodlife, pierre angulaire de la techno made in France. Pour accompagner tout ça, quatre titres : Domino, son vieux tube, et trois autres sur lesquels on peut croiser Mesparrow et Miss Kittin.
Les premières images de Grenoble que tu gardes en tête ?
Ce sont évidemment les montagnes qui entourent la ville, on y est tous très attaché, elles peuvent parfois me manquer quand je ne suis pas à Grenoble pendant plusieurs jours…
Plus jeune, c’est une ville dont tu étais fier ou que tu cherchais à fuir ?
Ni l’un ni l’autre, je ne peux pas dire que j’en étais particulièrement fier, mais je ne cherchais pas pour autant à la fuir, même si j’ai souvent pensais partir à Paris pour mon métier. Mais finalement j’y suis resté, même revenu après avoir vécu deux ans à Lyon. Je suis plus attaché au gens qui m’entourent, ma famille, mes amis, qu’à la ville en elle-même, même si je m’y sens bien.
Oxia – Domino
Au niveau des musiques électroniques, la ville est fortement associée à Goodlife. Quand et pour quelles raisons as-tu intégré ce projet ?
Oui c’est vrai qu’on a souvent associé le label à la ville, même si il y a d’autres choses, mais quand nous avons commencé à jouer pas mal et un peu partout, avec The Hacker avec qui j’ai fondé Goodlife, le nom de la ville était toujours inscrit derrière le nom du label, donc l’association s’est faite assez vite. Nous avons donc créé Goodlife avec Michel (The Hacker) et Alex Reynaud, en 1998. J’avais déjà fondé un label avec Kiko qui s’appelait Ozone records. Michel voulait créer un label, c’est venu assez naturellement. Nous avions envie de réunir nos influences respectives, à savoir plus funk et groove pour moi et plus dark et new wave pour Michel. On trouvait ça intéressant et cela a très bien fonctionné pendant plusieurs années.
Sur la fin, il y a maintenant 4 ans environ, nous étions de moins en moins d’accord sur les choix artistiques, donc nous avons préféré arrêter et rester amis, plutôt que de se prendre la tête. De plus, je n’avais plus trop le temps de m’investir dans le label. Michel et Alex ont remonté un label de leur côté avec Gesaffelstein, qui s’appelle Zone.
Oxia Feat. Mesparrow – Traveling Fast
Comment Goodlife a su se démarquer dans le paysage ?
Déjà il y avait beaucoup moins de labels qu’à l’heure actuelle, donc c’était entre guillemets plus facile. Et je pense que c’est aussi l’association de nos influences qui a fait la réputation du label. Nous pouvions sortir des choses très groovy et des chose plus dark, tout en restant dans un même état d’esprit, qui est d’ailleurs le nom de l’un de mes EP sur Goodlife sorti en 1999.
Kiko, The Hacker, Miss Kittin, toi… Belle époque, non ?
Oui c’est vrai qu’on s’est tous bien démarqué et tout dans un style un peu différent. Nous avons la chance que cela continue, encore aujourd’hui, mais nous avons beaucoup travaillé pour cela.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Des super souvenirs, de très bonnes expériences et une amitié toujours présente. Nous sommes toujours tous en contact. Il n’y a plus que Michel et moi qui habitons Grenoble maintenant. Et je suis aussi content de voir que chacun a réussi.
Retour sur ta ville. Au-delà de la musique, quels sont les atouts de ta ville aujourd’hui ?
Il y a les montagnes et le ski avec toutes les stations aux alentours de la ville. C’est une ville très chaleureuse et conviviale. Pour être honnête, je ne fais pas tant de choses que ça à Grenoble…
Les nuits parisiennes ont connu quelques galères (pétition, fermeture de lieux), est-ce un problème aussi à Grenoble ?
Oui il y a eu un peu ce genre de galères, mais il y a plusieurs années, et rien de vraiment semblable à ma connaissance. Ces dernières années, il y a toujours de très bonnes soirées, mais ça n’est pas trop comparable à ce qui se passe à Paris, car ça reste une petite ville.
Oxia – Harmonie
Passes-tu beaucoup de temps dans les clubs de ta ville ? Quels sont les endroits que tu conseilles ?
On ne peut pas dire que j’aille super souvent en club à Grenoble, enfin surtout ces deux dernières années… Entre les week-ends où je joue et mon album, je ne suis pas trop sorti en semaine, mis à part dans le bar d’un pote qui s’appelle le 1900. De temps en temps au Bar de la Mc2 et le Vertigo où j’avais une résidence pendant plusieurs années il y a 5 ou 6 ans. J’y passais pas mal de temps à une époque, j’y ai d’ailleurs rejoué début mai et c’était super cool. Mais il n’y a pas vraiment de clubs dédiés à la musique électronique pointue à Grenoble, ou bien c’est plus des salles où il y a des soirées ponctuelles. Il y a aussi un bar « electro » très cool où je jouais souvent il y a quelques années qui s’appelle le Mark 13, mais ça fait un moment que je n’y suis pas allé.
Quelle ville te semble permettre un épanouissement fort de la musique électronique aujourd’hui?
Il y en a pas mal… Pour l’étranger, la première c’est bien sûr Berlin où il y a d’ailleurs de nombreux artistes français qui s’y sont installés. Il y a des clubs hallucinants, qui ne s’arrêtent pas du week-end, tu peux jouer vraiment tout ce que tu veux… Il y a également Londres, Barcelone avec entre autres le Sonar. Puis, en France je pense que Paris se défend toujours pas mal. Il y a aussi Lyon avec notamment les Nuits Sonores ou Elektro System. Merci !
Crédit photo : Pierre-Emmanuel Rastoin
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