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Le Clacson : « On n’est pas une boîte à concerts »

Une ville qui cogne sur sa propre salle, pourtant soutenue par le Département, la Région et la Drac (Direction des Affaires Culturelles Régionales, qui met en œuvre les décisions du Ministère). La situation peut paraître cocasse, mais le non-sens est fréquent dans le champ des musiques actuelles. Bien souvent, la question n’est alors plus de savoir si les différentes collectivités territoriales soutiennent telle ou telle salle, ni même à quelle hauteur, mais bien de comprendre pourquoi elle le font. A ce titre, le cas du Clacson est édifiant.

Voilà trente ans que la salle basée à Oullins, dans l’agglomération lyonnaise, n’en fait pas mystère : son cahier des charges, c’est d’abord le rock. Le QG local des grosses guitares est ici. C’est même précisément pour cette raison que les collectivités la financent, au titre du soutien « aux musiques amplifiées et urbaines ». Une évidence que chacun reconnaît, mais dans son coin. Marion Bornaz, programmatrice de la salle, souligne « l’absence d’échange entre les élus. Ils communiquent peu entre eux ». La Ville d’Oullins a ainsi pris le contre-pied de ses compères cravatés. Sans concertation, sans préavis, et sans rendez-vous préalable. Un courrier de quelques lignes fera l’affaire : limitateur de décibels et résidences interdites. Il y a encore quelques semaines, la ville manifestait pourtant son vif intérêt pour la constitution d’une Smac éclatée, en concertation avec Lyon et Feyzin. Et quand l’équipe du Clacson croise entre deux portes les élus, tout va bien. Les courriers, eux, disent le contraire. « On se méfie. Les mots s’envolent, les écrits restent, non ? ». En somme, une belle cacophonie institutionnelle, et un vieux serpent de mer, avec notamment une politique lyonnaise en faveur des musiques actuelles particulièrement inerte. Double discours, mon amour.

Principale hypocrisie du courrier de la ville d’Oullins : ce limitateur de 97 décibels, à la suite d’une étude acoustique commandée par la ville. Or, 300 personnes qui applaudissent approchent les 90 décibels. Le seul son d’une batterie atteint les 100. Légalement, la limite est fixée à 105 décibels. Amis punks, restez chez vous. A Oullins, point de salut pour l’électrique. « Leur méthode est autoritaire, à base de courriers menaçants. ». Alors Marion Bornaz et son équipe ripostent, et pas à moitié. Un communiqué de presse musclé, à la hauteur de la colère suscitée par le courrier signé par Clotilde Pouzergue, adjointe à la Culture. Nous avons tenté de la joindre, sans succès. Mais on sait que, depuis le coup de gueule du Clacson, la ville souhaite temporiser et précise que rien ne se décidera sans concertation.

Deux hypothèses : soit la ville d’Oullins est suffisamment cramée du bulbe pour oublier la spécificité de sa salle. Soit elle lui met, en connaissance de cause, le gun sur la tempe et propose à sa programmatrice d’appuyer elle-même sur la gâchette, en tournant le dos à ce qui fait historiquement son identité.

Marion Bornaz reconnaît que la situation est tout de même plus complexe que cela, avec une salle au cœur d’une MJC, où travaillent de nombreux employés municipaux (Bureau Info Jeunesse, personnel technique, la centrale des télésurveillance…). Une cohabitation délicate, en journée. Des grands travaux sont certes prévus, pour que tout ce petit monde poursuive sa vie commune, même si le ver paraît bel et bien dans le fruit. L’entêtement de la ville à vouloir y loger des activités inconciliables interroge : « Cela ne marche pas, ce bâtiment est un gruyère. Idéalement, il faudrait tout raser. ». Marion Bornaz sait que le rapport de force s’annonce déséquilibré dans les négociations qui s’engagent. Obtenir un rendez-vous avec le maire reste à ce jour mission impossible. « On souhaite sortir de ce huit-clos qui dure depuis trop longtemps, et notamment inviter aux futurs rendez-vous des représentants de la Fédurock (Fédération de lieux de musiques amplifiées/actuelles), à laquelle nous venons d’adhérer. ».

La pression est donc maintenue sur une ville qui finance pourtant les activités de la MJC à hauteur de 140 000 euros. Avec une revendication forte : « Nous ne sommes pas une boîte à concerts. Même s’il n’y a pas de budget spécifique pour les résidences, leur interdiction remet en cause la philosophie globale du projet. Le Clacson est un lieu d’échanges et de réseaux, où on peut accueillir des groupes et les conseiller.». A bon entendeur.

Photo : Kylesa au Clacson. Crédit photo : Gaëlle Brunet

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2 commentaires

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Sourdoreille 25.11.2011

Bonjour,

Pourquoi pas, je laisse ceux qui l’ont le publier ici. Ce courrier contredirait donc à la fois la pose d’un limitateur de décibels à 97db et l’interdiction de résidences d’artistes au Clacson ? Si oui, tant mieux. Permettez-moi tout de même d’en douter.

Bonne journée.

Cordialement.

Ronan – Sourdoreille.

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Clément Delorme 25.11.2011

Permettez-moi de vous suggérer de rendre public le courrier de Mme Pouzergue. Alors l’ensemble de votre article tombera de lui-même, pour votre plus grande satisfaction, j’en suis convaincu.
Bien cordialement,
Clément Delorme, conseiller municipal de la Ville d’Oullins

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