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Nadine Shah, le baiser volé

La voix chevrotante de Nadine Shah nous a hantés pour de bon. Comme prévu. Des ballades qui sortent de terre, qui forcent le respect et qui parlent des oubliés et de leurs luttes. Un an après un album d’une folle beauté, voici un entretien court mais intense avec elle. Comme un baiser volé.

Ta musique joue sur l’intensité, l’inquiétude, l’obscurité. On est loin de la pop easy listening… Cette musique ne te parle pas ?

J’aime bien tous les genres de musique, un peu de pop entre autres. J’aimerais pouvoir faire de la musique plus joyeuse mais je ne suis juste pas très douée pour ça, donc je m’en tiens à ce que je sais faire de mieux : de la musique dark.

Ton premier album  s’appelle « Love your dum and mad ». Tu joues souvent sur les mots…

Oui, ça m’arrive beaucoup. Le nom du disque était le titre d’une peinture d’un bon ami. J’ai d’ailleurs utilisé ses œuvres pour tous mes singles et la pochette de l’album.

A propos de tes chansons, on parle souvent de ta « voix hantée / possédée / habitée ». Tu le prends comment ?

Je trouve que ça me va bien, en tout cas sur ce disque. Il me semble que même très jeune, j’ai toujours eu la voix d’une vieille femme. Ça a peut-être un lien.

Tu as sorti une version en français (en écoute ci-dessus) de ton single Deary Town. C’est un exercice que tu avais déjà pratiqué ?

C’est la première fois qu’on a traduit l’une de mes chansons dans une langue différente. Celle-ci est la première que j’ai écrite de ma vie, alors tu imagines que je l’ai chantée pendant des années. Encore et encore et encore. Ça m’a lassée. J’étais si jeune quand je l’ai écrite et je dois avouer que j’écris bien mieux aujourd’hui. Ensuite, un ami me l’a traduite de Dreary Town en Ville Morose et lui a donné une nouvelle vie. Même en Angleterre aujourd’hui, j’essaie de leur chanter en français.

Tu t’es déjà faite porte parole des gens atteints de graves maladies mentales. Tu as déjà clamé que la société n’aidait pas ces gens suffisamment…

Les maladies mentales deviennent de plus en plus répandues. C’est assez récent que les gens en parlent ouvertement. Forcément, les gens ont peur de l’inconnu et comme il y a tellement de choses que l’on ne sait pas à propos des troubles mentaux, on préfère ne pas en parler.  La société a besoin de plus de connaissances et de compréhension sur le sujet.

Certains de tes amis en sont atteints. Cette proximité avec eux ont-il affecté ta musique et tes paroles ?

Oui, j’écris sur les gens autour de moi et il y a de nombreuses chansons de l’album qui parlent de leurs luttes quotidiennes.

Tu fais partie de ceux qui pensent que les gens de la ville sont plus tarés que les gens de la campagne ?

Ah ah. Vous l’êtes tous.

Petite curiosité : tu es plus influencée par des poètes, des romanciers ou plutôt des musiciens et des chanteurs ?

Tous, évidemment. Qui que ce soit qui soit créatif et qui aime la beauté. Mon poète favori est Philip Larkin, un brillant et misérable poète anglais. Le premier vrai livre que j’ai lu et qui m’ait fait un puissant effet était L’étranger d’Albert Camus. J’adore Dostoïevski, principalement son bouquin Les Frères Karamazov, où on trouve les meilleurs personnages. Et pour finir sur les chanteurs, la liste est longue mais mon préféré est Scott Walker.

Son premier album « Love your dum and mad » sortait en 2013 chez Apollo, une sous-division « ambient music » du label électronique R&S Records qui a déjà abrité Aphex Twin, Ken Ishii, Space Dimension Controller, James Blake…

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