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Moodymann est le seul vrai rockeur de la house

Moodymann a beau paraître l’un des plus gros fuckeurs de la house mondiale, il n’en reste pas moins le meilleur, toutes catégories confondues. L’homme dont le son, la production et la voix sont reconnaissables parmi mille a toujours semblé au-dessus des nuages. Il le sait, joue au branleur, compose des hymnes charnels tous les semestres, et n’en a toujours rien à foutre des gens honnêtes. DJ Harvey et San Proper aiment ça.

Voir en Moodymann un musicien mystérieux est un sport national. Beaucoup sont ceux qui l’imaginent en un être bardé de paradoxes, un artiste cramé qui brûle la vie au lance flammes pour ne pas avoir à se demander par quel bout commencer. Difficile à cerner. Des décennies après, Moodymann, comme ses collègues Theo Parrish et Andrés, ne vieillit jamais. Parce qu’il a toujours été son propre média, on ne connaîtra Moody que de sa propre bouche.

On le trouve derrière ses lunettes et son bandana, un filet facial, déguisé en femme, sur scène à insulter le public de blancs qu’il n’arrive pas toujours à assumer, chez lui à gamberger quand il annule ses sets au dernier moment, à Detroit là où il était et reste l’un des seuls à fomenter une house unique. À Detroit la seule ville capable d’accoucher d’un alien pareil. Detroit, la seule image qui le fasse tenir, vibrer et créer.

Dans une quasi-unique interview pour RBMA, on frôle la prestation Andy Kaufmannesque – la verve d’un prêcheur en plus. Avec lui, Lou Reed ricane de son rire sardonique qui survit encore aux insectes nécrophiles peuplant sa tombe. Une seconde interview pour Scion AV est introduite par Moody entouré de trois femmes dans un lit.

moodymann

Moody, ou Kenny Dixon Jr (imaginez le senior), on le trouve ou on ne le trouve pas. On croit le comprendre. On songe un instant capter l’essence et la magie de sa musique, on s’en amuse, on la décortique, on est tout mouillés, mués d’une excitation profonde. « EUREKA! Je l’ai compris. » Mais on est toujours loin du but, mis de côté, comme le traitement appliqué à sa voix.

Moodymann compose pour le sexe et les vieilles ambiances qui craquellent. Sa musique est éternellement vintage. Par conséquent, elle est une dame immortelle jamais ringarde. Elle avance en solitaire dans les marécages chauds-humides qui habitent le cerveau de son créateur. La biodiversité y est foisonnante et ses lobes sont en constante mutation. Comme des mantras, il répètes une liste de mots : soul, jazz, Detroit, mo’fock.

Ses adeptes sont partout, mais tellement disséminés qu’il est encore un peu tôt pour parler de fils spirituels, bercés au son de « Why do you feel », de « I can’t kick this feeling when it hits » ou plus récemment de « Lyk u use 2 ». Ici Damiano von Erckert lui rend hommage avec ce titre au nom qui ne trompe pas: « Tribute to a hero ».

On le trouve aussi chez Grems, son plus grand fan dans le jeu du rap français (avancer à 2’46 pour un bout d’un morceau nommé « Tusay ») :

Moodymann déteste probablement les rockeurs, mais dézingue en un coup de fader trois générations de pastiches de punks. Quand DJ Harvey semble être tout désigné pour être son équivalent de gangsta rappeur, que DJ Stingray a plus le look de votre pire cauchemar, et que San Proper paraît plus gentils-les-petits-oiseaux, Kenny joue dans l’impertinence.

Après le syndrome de Stockholm, place au syndrome Alex Turner qui nous pousse donc une nouvelle fois à aimer les plus excentriques et égocentriques artistes de cette planète. Ouais, foutu monde.

Mais Moody s’en branle.

Moodymann jouera dans le chnord à Marcq-en-Baroeul (Lille Métropole) pour une soirée LUX à La Cité des Échanges : event.

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1 commentaire

1 commentaire

TechnicsMk2 11.05.2019

Article Chiadé, l’auteur Zélé transpire l’arogance et surtout la méconnaissance. KDJ n’a rien à voir avec cette liste de clichés/fantasme…
J’aurai préféré faire la sourde oreille.

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