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H-Burns raconte Smog – Ma madeleine de Proust

Les madeleines de Proust. Ces petits actes, odeurs, mélodies et sensations qui, brutalement, font resurgir de notre mémoire de lointains souvenirs, souvent chargés d’émotion. Dans cette série d’articles, nous proposons à quelques uns des artistes que nous soutenons le plus de rassembler ces morceaux qui constituent leurs madeleines de Proust et de nous raconter le souvenir qui y reste étroitement lié. Dans ce huitième épisode, on donne la parole à Renaud Brustlein aka H-Burns, auteur d’un album qui nous a carrément obsédé l’an passé : Night Moves. Il se replonge ici avec joie dans son adolescence, à travers une chanson d’une de ses idoles, Bill Callahan.

« Il est assez troublant d’entendre quelqu’un chanter et décrire un moment un peu suspendu qui semble tout droit sorti de sa propre adolescence. C’est très souvent le cas pour moi, avec Bill Callahan, que j’écoute et qui m’accompagne depuis près de 20 ans, de ses débuts Lo-Fi à sa classe de crooner aux cheveux poivre et sel. Il a toujours été obsédé dans ses thématiques par l’adolescence, c’est également une période qui me fascine, et dont énormément de choses me restent.

Je me souviens quand cet album A River ain’t too much to love est sorti, ça devait être en 2005. En parallèle de mon job de l’époque, responsable d’un petit cinéma art et essai à Romans-Sur-Isère dans la Drôme, avec quelques bons camarades nous programmions des concerts près de chez nous, vers Valence, dans la région des collines. Nous avions cassé notre mince tirelire associative pour faire à cette époque, pendant un été caniculaire, Smog pour la tournée en soutien de cet album, dans un café concert boite de nuit au beau milieu des champs d’abricotiers. L’album ne quittait déjà pas ma platine, et puis ce soir là, au milieu de ma région de jeunesse, il a joué « Drinking at the dam ». Je crois me souvenir que nous avions coulé notre association ce soir là, mais qu’importe, vu les souvenirs qu’il nous reste.

Ce soir là, je me suis physiquement retrouvé projeté dans ces journées où on faisait sauter les cours pour aller boire des bières près du barrage. Comme Bill apparemment. L’entendre chanter ce morceau là, sa vie à lui dans mon décor à moi m’a fait en quelque sorte m’approprier sa chanson mentalement pour illustrer et cristaliser ma propre adolescence, l’associer à ces sensations, ces moments où l’on découvre un peu la vie, les premières bières, les premières filles. Il y a d’ailleurs cette sublime phrase « skinmags in the bramble, for the first part of my life, i thought women had orange skin« , les magazines érotiques, les buissons, les bières chaudes, le barrage de petite ville, une forme de champ lexical et de mythologie de la jeunesse, en tout cas de la mienne et de celle de mes amis d’enfance. A chaque fois que je l’entends, je me retrouve dans les buissons qui surplombent l’Isère, près du barrage, et cela me procure une sensation familière et doucement mélancolique presque troublante, comme l’impression de partager des souvenirs communs et intimes avec le grand Bill. »

Smog – Drinking at the dam

Crédit Photo : Casse Bon Bon

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