MENU
En lecture PARTAGER L'ARTICLE

L’homme qui filmait le Japon avec du Nujabes et du DJ Krush dans les oreilles

Dix semaines que Sourdoreille vous balance une par une les escapades planantes d’un Rémois au Japon. Si chaque épisode de la série Sanpo est un poème nippon qui donne une furieuse envie de chiller en kimono, un verre de saké à la main, on voulait s’assurer que la démarche du réalisateur Grégory Sacré avait bien été captée. On a donc sorti notre plus beau combo sandales en bois + chaussettes blanches pour mettre les choses au clair. Kanpai !

Sanpo est une famille de 10 vidéos, qui parle de voyage, de Japon et de musique. Avant de m’expliquer ça en détail, raconte-moi d’où t’est venue cette idée.

Grégory Sacré : Tout découle de mon premier voyage au Japon en 2010. J’ai eu un réel coup de foudre pour ce pays qui me passionne déjà depuis des années. À un moment je me suis retrouvé seul et j’ai eu l’occasion de mettre mon casque et d’aller marcher en écoutant de la musique. C’était Nujabes, DJ Okawari et DJ Krush et c’était un moment d’harmonie incroyable. En rentrant en France j’ai monté mon film de voyage sur ces musiques et j’ai pris un pied pas possible. Il y avait comme une symbiose entre ces deux univers. Ça m’a fait vibrer et j’ai eu besoin de communiquer cette alchimie qui a enfanté huit ans plus tard de Sanpo.

« Sanpo » signifie « balade »… En quoi nous emmènes-tu en balade dans ces clips ?

C’est une découverte musicale et sensorielle du Japon. J’ai envie que les gens puissent découvrir le Japon avec un nouveau regard. On montre toujours les mêmes lieux, les mêmes clichés et cet angle « entre modernité et tradition ». Ce n’est pas la vision que j’en ai. J’ai envie de montrer une facette plus brute du pays et je souhaitais la montrer en musique. Lorsque je voyage, j’aime aller là où mes pas me mènent. Je regarde la vue aérienne de mon GPS et me dirige vers ce qui m’inspire. Je construis mon trajet comme ça. En partant au Japon, à part Tokyo et Kyoto et Fukuoka, aucune destination n’était précisément fixée. Lorsque je filme par exemple à Odaiba de 12h à 15h : j’arrive sans programme et l’esprit libre, je laisse faire mon feeling. Il y a forcément des choses qui « popent” de partout et que tu peux suivre à l’instinct : un passant, le soleil, un chat… C’est littéralement une balade.

Angleterre, Norvège, France… les artistes qui illustrent chaque épisode (et inversement) viennent d’un peu partout. Comment les as-tu contactés ?

Ce sont des artistes que j’apprécie et que j’écoute beaucoup. J’utilise des plateformes comme Bandcamp et Soundcloud pour découvrir des artistes qui ne sont pas forcément médiatisés. J’avais cette espèce de Top 10 à qui j’ai envoyé un message pour leur parler de Sanpo, accompagné d’un dossier et de vidéos que j’avais déjà faites. La plupart ont fini par participer pour mon plus grand plaisir. Il fallait que les artistes soient intéressés par le projet et, même si j’avais bien sûr un budget pour rémunérer leur travail, je n’abordais pas du tout l’aspect financier au départ. Il m’est arrivé d’avoir des accords de principe avant même d’avoir parlé argent et ça m’a beaucoup stimulé.

Dans Sanpo il y a de la prise de vue, de la composition musicale, des calligraphies, du montage… Comment as-tu fusionné toutes ces techniques ?

Ce projet est une combinaison de plusieurs visions artistiques. Celles des musiciens, des calligraphes et bien sûr la mienne. Je tourne d’abord mes balades sur un créneau précis de trois heures que je découpe en gros en deux temps. Je fais un premier passage où j’improvise vraiment mon trajet, puis je refais le chemin en sens inverse pour capter les gros plans. Une fois rentré, j’ai fait des bout-à-bouts avec toutes les images d’un épisode et je les ai envoyées aux compositeurs et aux calligraphes. Les uns se sont inspirés des images pour composer un titre original et les autres pour m’envoyer des calligraphies que leur ont inspiré ces plans. Seulement alors, j’ai fait le montage en combinant tout cela.

Parle-moi justement des calligraphies (dont la traduction est disponible en activant les sous-titres sur YouTube, ndlr) qui parsèment les épisodes de la série.

J’ai contacté des calligraphes japonais, j’en ai aussi rencontré dans la rue à Kyoto alors que je tournais un épisode. Je leur ai envoyé les mêmes bout-à-bouts comme pour les musiciens. Ils m’ont proposé une petite dizaine d’idéogrammes qui expriment bien souvent des idées, des impressions plus que des mots littéralement traduisibles en français. La calligraphie est un art à part entière au Japon. Il s’agit parfois de donner un autre sens aux mots et ça n’a d’ailleurs pas toujours été facile de tous leur donner une place précise.

Tu utilises énormément les ralentis et joues avec le cours du temps comme avec un élastique. Que cherches-tu a exprimer avec ces effets ?

En développant la série je voulais que les gens ressentent ce que je ressens quand je me balade. Le rythme de marche est lent, je lève la tête, je marque une pause et m’attarde sur les détails… Je voulais retranscrire cette notion. Au Japon je trouve qu’il y a cette aura reposante, en ville comme à la campagne et il n’y a qu’au ralenti que j’arrive à retranscrire cela.

Y a-t-il un souvenir en particulier que tu gardes de ce projet ?

La première vidéo que j’ai monté a vraiment été spéciale. Shin-ski est le premier artiste avec lequel j’ai été en contact et il m’a demandé s’il pouvait choisir parmi les dix endroits où j’avais tourné. Il se trouve qu’il avait justement grandit à « Mima » et que sa grand-mère y habite encore. Une coïncidence incroyable parce que c’est un coin complètement perdu au Japon. À Mima encore j’ai entendu un oiseau typique dont le chant a été utilisé sur des albums de DJ Krush et Okawari qui intègrent souvent des sons de nature dans leurs compo. Comme je filme au ralenti et que je ne prends presque pas de son, je n’avais même pas de micro et j’ai capté ça avec mon portable. Et justement l’artiste m’a demandé si je n’avais pas des sons d’ambiance de Mima. Ce chant d’oiseau et celui d’une petite clochette ont au final fait partie intégrante de ce morceau.

Sanpo est-il voué à évoluer à travers une nouvelle série ?

J’aimerais beaucoup faire une suite. Toujours en posant ce regard différent sur le Japon. J’aimerais aussi que les épisodes mis à la suite couvrent intégralement les 24 heures d’une journée. Ça serait l’occasion de faire des épisodes de nuit et un lever du soleil. J’aimerais aussi aller dans d’autres lieux. Pourquoi pas des endroits abandonnés, désaffectés ou un décor entièrement naturel ? Pourquoi pas intégrer du mouvement pour que des danseurs puissent s’exprimer librement dans mes cadres. Mes vidéos seraient la fusion de toutes ces disciplines que m’inspirent ces balades japonaises.

Merci

Arigato

L’intégrale de la série est disponible dans notre playlist :

ICI

Sachez qu’une figurine se cache dans tous les épisodes de Sanpo. Le petit malin qui réussira à la trouver dans chacun des dix clips et à nous envoyer les temps auxquels elle apparaît aura un petit cadeau.

Partager cet article
0 commentaire

0 commentaire

Soyez le premier à commenter cet article
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération
Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Sourdoreille : la playlist ultime
Toutes les playlists

0:00
0:00
REVENIR
EN HAUT