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Le Noiseur : « Sur scène, je commence à basculer vers le plaisir »

Le Noiseur n’est pas le mec le plus enjoué de la chanson française. Doux euphémisme pour qualifier ce pianiste chantant à la manière de Daniel Darc. Si la beau-gosse attitude de Simon Campocasso lui confère des faux airs de Raphaël, son univers mélancolique n’a (heureusement) rien de comparable. En attendant l’album prévu pour fin 2014/début 2015, c’est un EP accrocheur que vient de sortir ce fumeur invétéré bercé par le rap. Entre deux lattes à la terrasse d’un café, en ce lundi pluvieux, récit d’une rencontre avec un garçon pas aussi noir que sa musique peut le laisser transparaître.

Dans tes influences, tu revendiques entre autres Gainsbourg et Miossec. Gainsbarre était hanté par la mort et le Brestois l’évoque beaucoup dans son dernier disque. Retrouvera-t-on cette thématique dans ton futur album ?

Oui, j’en parle. C’est pas la thématique la plus importante dans le disque, mais oui, il y a quelques moments qui parlent de cette question.

Au moment de signer dans le même label que Miossec (Pias), as-tu connu l’excitation d’un gamin qui va rencontrer l’une de ses « idoles » ?

(sourire) Effectivement, ça fait partie des choses qui me touchent beaucoup. C’est quelqu’un de… Il fait partie des deux trois chanteurs qui font qu’à un moment j’ai osé écrire, osé faire ce disque. Donc, ouais, c’est superbe d’être dans son label.

A la première écoute, j’ai tout de suite pensé à Daniel Darc. Tu l’écoutais ado ou tu l’as découvert plus tard ?

Non, pas ado. Daniel Darc, je l’ai découvert avec « Crève Cœur ». C’était en 2003, je crois.

Même si Darc reste Darc et que tu as ton style, n’as-tu pas trouvé en lui une source d’inspiration dans la manière de chanter ?

Je ne l’ai pas énormément écouté, mais je me rends compte de plus en plus qu’il y a un truc avec Daniel Darc. C’est quelqu’un qui aimait beaucoup parler dans son chant. Je pense que l’on a cela en commun.

Tu as puisé cette diction dans le rap, une musique que tu aimais jeune, à en croire ta bio…

Le rap est la première musique que j’ai écouté. Et je n’ai vraiment écouté que ça pendant des années. C’est ça qui m’a donné envie de faire de la musique. Au collège et au lycée, j’écoutais des trucs comme NTM. Ça ne ressent pas trop dans le disque mais, par la suite en tout cas, j’aimerai vraiment faire des morceaux rappés. C’est la musique que j’ai aimé ado et que j’aimerai toujours.

Tu as eu le déclic d’écrire cet album après une rupture amoureuse. Même si certains l’ont fait, penses-tu que le rap marche pour des moments aussi intimes ?

Je pense que le rap ne marche pas pour des chansons d’amour, mais ça marche pour se raconter. C’est plus ça que j’imaginais. Quand c’est bien fait dans le rap, parler de soi est hyper touchant. Puis c’est un peu plus second degré, donc ça permet d’explorer encore plein de choses.

« Loin de Vous » a été joliment remixé par Saint Michel. Tu les connaissais ou l’initiative vient du duo ?

Je ne les connaissais pas personnellement, mais j’ai beaucoup aimé leur disque. Et il se trouve qu’on a le même manager, ce qui a facilité les choses. J’adore leur disque qui est très, très bien produit. C’est Philippe, l’ingé-son, qui améliore ce son que je trouve magnifique. J’ai été super content qu’ils aient accepté de remixer mon titre. D’autant qu’il est super beau ce remix.

Tu vas assurer la première partie de Cyril Mokaiesh à La Cigale, le 16 juin. Pas trop les jetons de chanter dans une telle salle ?

Ce sera de loin la plus grosse salle que j’aurai fait. Mais bon, je n’ai pas fait beaucoup de concerts : une dizaine de dates, quinze je crois. Au début, j’étais vraiment pétrifié. J’ai eu la chance de faire le Chantier des Francos : une session en décembre et une la semaine dernière. Ça déclenche plein de choses et ça fait vraiment gagner du temps. J’ai trouvé trois musiciens avec qui ça se passe bien sur scène, donc ça commence à basculer vers le plaisir. Pour La Cigale, j’ai hâte d’y aller. Même si je ne ferai peut-être pas le malin (rires). Mais pour l’instant, je ne suis pas dans l’angoisse.

En tant que pianiste, pourquoi as-tu fait le choix de « seulement » chanter ?

C’est pas vraiment un choix (rires). C’est que je n’arrive pas encore à bien chanter en jouant. Là, je vais prendre des cours pour faire des chansons seul à certains moments. J’ai un clavier sur scène, je joue quelques trucs pour commencer.

As-tu réalisé cet album seul ou des amis t’ont aidé à le bidouiller ?

Je l’ai fait tout seul en home studio, chez moi, avec des maquettes qui étaient abouties. Ensuite, on a juste retravaillé des records, ajouté des batteries… Un album vraiment fait à la maison ! On a même gardé les voix enregistrées chez moi (sourire).

Chanter un titre parlant d’une rupture d’amour les jours où ça va bien – à moins que tu prennes du Lexomil au quotidien – ce n’est pas difficile ? Je pense par exemple à « Loin de Vous« .

Loin de Vous ne raconte pas une rupture, ce n’est pas une chanson d’amour. Elle est plus mystérieuse. C’est la plus personnelle du disque. On l’a joué deux fois sur scène, on vient de commencer. Elle a quelque chose d’hypnotique et elle est assez forte aussi pour les musiciens. Justement, c’est une chanson qui nous emporte plus. Vu qu’elle me rappelle des choses, c’est plus facile pour moi de rentrer dedans, même si cinq minutes avant on s’est marrés. Si on les a écrites, c’est que ça nous fait du bien de les chanter…

Aimerais-tu écrire pour d’autres ?

J’aimerais bien, ouais. J’ai un petit peu commencé. Il y a des collaborations qui se profilent. Je vais m’y mettre sérieusement.

En cinéphile averti, pour quel réalisateur rêverais-tu de composer un BO ?

Sans hésiter, Joachim Trier. C’est un réalisateur danois dont j’ai aimé les trois films. Si t’as l’occasion, je te conseille de regarder « Oslo 31 Août ».


Prochains concerts : 
à Paris le 2 juin pour la [PIAS] Nites (Flèche d’Or) et le le 25 juin (Les Trois Baudets), à Clermont-Ferrand le 12 juin (La Coopérative de Mai), à La Rochelle le 11 juillet (Francofolies).

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