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Kuduro, bass music et rap US : interview fleuve du collectif montréalais Moonshine

Très impliqué dans la vie nocturne montréalaise, le collectif Moonshine n’est pas là pour se marrer quand il s’agit de fourrer un dancefloor. Fondé il y a cinq ans par Pierre Kwenders, artiste congolais venu s’installer au Canada dans sa prime jeunesse, c’est désormais une quarantaine d’artistes (musiciens, DJ’s, chanteurs, producteurs, beatmakers, plasticiens, VJ’s…) qui gravitent de près ou de loin autour de ce système lunaire et de son label.

Un numéro de téléphone à composer pour connaître un line-up et un spot tenus secrets jusqu’au dernier moment, une approche inclusive, le fonctionnement de Moonshine s’inspire clairement de la culture rave. Connu pour organiser des soirées dans la capitale québécoise le samedi qui suit la pleine lune, Moonshine ride aussi la planète pour spread du love et revendiquer le droit à la fête par et pour tous. Coupé-décalé, kuduro, rumba-congolaise, bass music, rap US et français… la piste brûle à chacune de leurs interventions. De passage en France pour plusieurs dates (Nuits Fauves, Les 3 Eléphants, We Love Green…), on en a profité pour se poser dans l’herbe, fumer des spliffs et discuter de la place des cultures alternatives au Canada, de leur manière d’appréhender et de s’approprier la nuit et de la « fine line » entre mainstream et underground.

On a discuté avec Félix Brochier (musicien), June Barry aka BOYCOTT (VJ) et Nissan (chargé de la communication) de leur rêve éveillé.

« On a toujours voulu garder l’événement pas cher : 10 dollars. Si t’as pas de thunes, eh bien on va te faire rentrer quand même. »
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RENCONTRE AVEC
MOONSHINE

Du 10 au 17 mai dernier s’est tenue à Montréal la 10ème édition du festival Chromatic, il y était notamment question lors d’une conférence, de la place des cultures alternatives dans la nuit montréalaise. Hervé Kalongo, votre manager, était invité à celle-ci : pouvez-vous nous dire ce qu’il en est ressorti ?

Nissan : C’était intéressant parce qu’il y avait une porte-parole de la ville de Montréal (Ndlr : Christine Gosselin, conseillère du District du Vieux-Rosemont) qui était là pour défendre non seulement cette dernière et ses intérêts mais qui avait aussi l’esprit très ouvert pour savoir comment aider la communauté de gens qui organisent des soirées, des événements dans le night life. Elle est souvent revenu sur un point, c’est qu’il fallait qu’on se présente à la mairie, au Conseil Municipal, pour prendre la parole et faire valoir nos besoins.

Vous y croyez ou c’est juste du vent ?

June : Je n’étais pas à la discussion en tant que telle mais je pense que cette personne c’était juste une politicienne. Dire qu’on doit aller se présenter nous-mêmes à chaque fois, c’est un peu une excuse. On est là, on lui parle, on lui exprime nos besoins, qui sont connus déjà et malgré ça, la police arrête des événements sans aucune raison valable. Ça a juste un peu dévié sur la responsabilité de la ville. On peut voir que juste après Chromatic, notre événement s’est fait fermer aussi. A chaque fois, on paye une amende.

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Quels sont les motifs invoqués pour interdire vos events ? En France, quand les autorités saisissent le matériel, c’est souvent parce qu’il n’y a pas d’autorisation…

June : Le problème c’est qu’il n’y a pas de lieu ! On n’a pas de place ni d’endroits abordables capables de nous accueillir.

Félix : Oui, c’est une question mais ça ne l’est pas en même temps. Montréal et le Canada, sont des lieux où les libertés individuelles sont quand même respectées. Et même si ce n’est pas parfait et que des fois il y a des soirées qui se font fermer – juste parce que la municipalité décide à un moment donné qu’il ne faut pas qu’il y ait d’événement à cet endroit là parce que ça dérange le voisinage ou parce qu’il y a des projets de développement – dans l’ensemble il y a quand même une certaine liberté. C’est de cette façon-là qu’on a décidé d’évoluer, dans notre cadre de liberté, en faisant notre truc, en sachant qu’on le fait pour les bonnes raisons. C’est à dire de rassembler les communautés, d’exprimer notre créativité parce que tout le projet est parti finalement d’un groupe humain qui aime créer, chacun dans son domaine. Je me mets dans la peau des autorités, je comprends qu’elles soient obligées de maintenir un certain cadre légal, qu’elles doivent contenter tout le monde et qu’on n’est pas tout le monde. On en est seulement une partie. De ce point de vue-là, je trouve que non, ce n’est pas parfait. Quand j’entends la porte-parole de la ville, je me dis que c’est très politicien de sa part de dire de venir se présenter à la mairie parce que si t’y vas, on te dit que tu ne pourras pas faire ta soirée. Mais par ailleurs, jusque ici on a pu faire notre truc. On est quand même à notre cinquante-troisième Moonshine.

Même si votre musique n’est pas forcément celle qu’on retrouve en rave, votre état d’esprit ou votre manière d’annoncer les soirées, de communiquer, d’y accéder avec le numéro de téléphone à composer le jour-même pour connaître le lieu et le line-up, eux s’inspire clairement de cette culture, vous confirmez ?

Félix : Complètement ! Comme on joue ce jeu de la liberté à fond, ça marche. C’est quand t’es dans l’entre-deux que ça peut être compliqué. Tu ne peux pas avoir une démarche commerciale mais en même temps vouloir travailler hors des sentiers battus et ne pas respecter les règles. On a toujours voulu garder l’événement pas cher (10 dollars) et si t’as pas de thunes pour rentrer et bien on va te faire rentrer quand même. Ça devient finalement un truc difficile à contrôler, à réprimer et de fait ça nous arrive assez peu, une fois de temps en temps – comme au dernier événement où on est tombé sur les mauvaises personnes. Le règlement, c’est toujours quelque chose avec lequel tu peux travailler.

Vous avez traîné un peu dans le milieu des raves, des free parties ?

Félix : Moi oui, beaucoup quand je vivais encore en France, en banlieue parisienne, il y a quinze ans. On avait un petit groupe de potes et on posait des sound-systems dans des champs et on avait cette manière de fonctionner. C’est donc quelque chose qui m’a plu tout de suite quand j’ai fait connaissance de Nissan, Hervé (Kalongo), Pierre (Kwenders)… Je ne sais pas pour toi Nissan, vous aviez des raves à Montréal à cette époque là ?

Nissan : Ouais, il y en avait certainement, après c’est sûr que ce n’était pas les sons qu’on écoutait ou qu’on joue avec Moonshine maintenant mais la culture underground a toujours existé d’une manière ou d’une autre.

Félix : Elle nous a inspiré en tout cas, c’est sûr.

Nissan : Quand j’avais la vingtaine, je sortais dans des boîtes commerciales.

Félix : Il y a toujours eu une scène de ce type à Montréal, à Durocher notamment où on a fait nos premières Moonshine et qui est un quartier un peu légendaire de la ville. C’est une rue avec des gros bâtiments industriels et qui depuis vingt ou trente ans accueille des raves. Ce sont des soirées assez intimes avec très peu de communication autour. Il faut connaître. Tu sais que c’est là. De fait, tous les débits de boissons ferment à trois heures du matin à Montréal. Il y a plein de gens qui veulent continuer la nuit, dont c’est le terrain de jeu, qui veulent s’y exprimer et qui se retrouvaient dans ce genre de soirées. On est les héritiers de cette culture même si on arrive avec un bagage musical différent.

« On m’a dit que Moonshine c’était une party de blacks. J’étais tellement offusquée par ça. Je leur ai dit que c’était parce qu’ils n’étaient jamais venus. »

C’est aussi ça votre message, que la nuit ce n’est pas uniquement des mecs en roue libre qui veulent continuer à se buter à la fermeture de clubs et qu’il y a aussi des gens qui veulent juste vivre la nuit et se l’approprier à travers différents lieux, différents modes d’action et de pensée… ?

Félix : Absolument ! Et ça, c’est vraiment le centre de notre message, même par rapport à toutes ces questions un peu plus institutionnelles, c’est à dire d’être clair sur le fait que ce qu’on fait c’est créer. C’est vraiment essayer d’avoir une proposition artistique cohérente et qui rassemble un maximum de talents dans des disciplines différentes mais complémentaires.

Nissan : On a vraiment envie de rassembler les gens autour de la piste de danse et de partager les sons qu’on écoute. Quoi de mieux que la musique pour rassembler tout le monde.

Félix : Justement musicalement parlant, on touche un spectre assez large. Il y aussi beaucoup de techno dans Moonshine.

Nissan : Il y a beaucoup d’afro-house, de deep-house…

Félix : D’un certain point de vue, la house de Détroit est très influencée par les différents styles de musiques africaines et donc il y a un cousinage naturel. Après, on avait envie de l’emmener plus loin. Dans le crew, il y en a beaucoup qui ne sont pas nés à Montréal et qui ont un bagage musical différent à amener par rapport à ce que les gens écoutent et qui en même temps était compatible.

Votre manière de construire les sets et de justement faire des mash-ups, des ponts entre des styles complètement différents, n’est pas sans faire penser aux 2manydj’s…Vous n’êtes pas beaucoup dans ce créneau là, de nos jour, vous confirmez ?

Nissan : C’est l’évolution naturelle des goûts des gens. C’est le mélange entre l’électronique, les musiques africaines, latines… avec le métissage du monde, c’était voué à arriver et on est un peu les premiers à le propager ici.

Il y a des DJ’s qui souhaitent raconter une histoire, emmener les gens quelque part, d’autres qui souhaitent juste dropper des bangers et des lasers, comment vous vous situez par rapport à ça ? Même toi June avec la scénographie, comment t’abordes ça ?

June : Pour moi il y a définitivement une histoire. C’est extrêmement personnel ce que je fais avec Moonshine et j’ai clairement une intention. Ce qui m’inspire, c’est aussi les nombreux parallèles entre le collectif et ce qui s’est passé à New-York dans les années 80, notamment au Paradise Garage. Pour moi, nos soirées ne sont pas des raves, juste des gros rassemblements de gens qui veulent vivre quelque chose en commun et qui mettent les barrières de côté. Tu peux y venir et voir des gens de n’importe quelle scène et ils ne se sentent pas différents. Tout le monde est juste là pour danser et je pense que c’est ça qui est vraiment différent. Je vais dire quelque chose de terrible mais certaines personnes m’ont dit que Moonshine c’est une party de blacks. J’étais tellement offusquée par ça et je leur ai dit que c’était parce qu’ils n’étaient jamais venus. C’est une rumeur. Tout le monde est mélangé et danse sous le parasol d’une certaine musique et c’est ça qui est beau.

« C’est souvent les mêmes citoyens qui se plaignent qu’il manque des poubelles ou que telle ou telle rue n’est pas déneigée mais personne n’est là pour défendre nos intérêts et nos besoins [l’inclusion, le féminisme, la création.] »

Tu parles de cette époque new-yorkaise avec le Paradise Garage, mais juste avant il y avait aussi le Loft avec David Mancuso, qui est le pionnier des soirées privées, en appartement, vous êtes aussi un peu dans cette lignée là, non ?

Félix : Complètement, dans les cuisines du crew.

Nissan : Il y a une grande variété de cultures à Montréal. La ville a su se créer une niche où toutes ces personnes qui ont un background différent s’y retrouvent. Il y a autant d’anglophones que de francophones, d’immigrés que de locaux, de noirs, de blancs, uptown, downtown… tout le monde s’y retrouve et forme ses propres petits cercles. Tout le monde danse sur le même son à la fin. C’est ça qui fait que ça unifie les gens.

Ça ne vous fait pas chier qu’on utilise le terme « inclusives » pour définir vos soirées ? Ça devrait quand même être la base…

Nissan : Pour rebondir sur ce qu’on disait au début, je pense que la porte-parole de la ville avait quand même une bonne volonté de faire les choses parce qu’elle expliquait que c’est souvent les mêmes citoyens qui reviennent pour se plaindre qu’il manque des poubelles ou que telle ou telle rue n’est pas déneigée mais personne n’est là pour défendre nos intérêts et nos besoins. Il n’y a pas de « guichet », d’endroit où se présenter pour poser ces questions là. On est en train de défricher des nouveaux terrains.

Il y aussi des grosses machines comme les Piknic Electronik, l’Igloofest, le Mutek… qui prennent pas mal de place…

Nissan : Maintenant avec la popularisation de l’électronique, ça devient de moins en moins accessible aux communautés marginalisées, d’où l’intérêt pour nous d’inverser la tendance à ce niveau.

D’après ce que je sais, vous êtes au moins vingt ou trente collectifs à Montréal à œuvrer dans cette direction… Vous confirmez ?

Nissan : Je ne sais pas si on est une trentaine mais il y en a certainement un bon petit nombre qui organise des soirées de la sorte.

June : C’est vrai que tout le monde est dans un collectif à Montréal. Tout le monde est un artiste, tout le monde fait quelque chose. C’est vraiment l’effervescence.

Félix : C’est une super ville pour ça. On est en plus à un moment de renouveau de la scène. Ça a été une scène très rock pendant longtemps et là on sent que tous les jeunes artistes qui apparaissent en ce moment viennent d’autres univers comme le R’n’B ou le rap avec des artistes comme Enima, Lost, The Posterz, le crew de Nissan. Il y a pas mal de choses qui se passent aussi bien côté anglophone que francophone. En musiques électroniques aussi il y a plein de talents qui sont sortis de Montréal ces dernières années. Je pense bien sûr à Kaytranada mais ce n’est pas le seul.

Jack-Empire

Il a d’ailleurs joué dans vos soirées, vous êtes proches ?

Félix : Ouais c’est un ami et il est souvent là pour passer un bon moment avec la famille.

Qu’est-ce qui détermine le choix du lieu pour une Moonshine ?

Félix : La possibilité d’en faire un espace vraiment ouvert.

Vu que les choix sont limités, est-ce que ce n’est pas parfois aussi lui qui vous choisit ?

Félix : Il y a ça aussi .

Nissan : Entre autres. La disponibilité, la capacité…il y a plein de choses qui rentrent en ligne de compte. Vu qu’on a le soucis de continuellement faire la fête dans de nouveaux espaces pour maintenir l’aspect mystérieux, les SMS For Location n’auraient plus lieu si l’adresse était la même.

Est-ce que vous voulez vous cantonner à une certaine jauge et que ça ne devienne pas trop grand non plus ?

Nissan : On espère trouver les espaces aussi grands que nos ambitions.

Félix : Tant que les gens sont bien. Mais en effet, notre but c’est pas de grandir pour grandir. Notre but c’est de garder l’âme de la fête et de s’assurer que les gens se sentent bien quand ils viennent à Moonshine.

Nissan : Ça a toujours été une fête entre nous, pour nous, parmi nous et tranquillement, ça grossit de manière organique.

Félix : On veut que ce soit une communauté. On veut que tout les gens se connaissent et que ça reste comme ça le plus longtemps possible. C’est le cas pour l’instant même s’il y a toujours des gens qui viennent parce qu’ils en ont entendu parler mais il y a quand un noyau de gens à Moonshine qui se retrouvent, dont c’est vraiment le lieu de rendez-vous. Il y a des relations qui se nouent, des couples qui se forment…

Vous avez de grandes ambitions mais en même temps on sent que le mainstream vous fait chier, elle est où la limite pour vous ?

Nissan : C’est un peu contrariant, le fait qu’on fasse des fêtes un peu underground, marginalisées mais en même temps d’essayer d’opérer dans l’ordre pour ne pas offusquer les autorités, c’est une fine line.

En off vous me parliez d’un éventuel partenariat avec un industriel du cannabis, est-ce que justement ça ne vous ferait pas dépasser cette fine line ?

Nissan : Je pense qu’on fait quand même un très bon travail pour maintenir l’authenticité de la fête même quand on a de grosses collaborations sur la table. On a déjà fait un événement avec Redbull et on a pas mal imposé notre direction artistique et notre ADN de la fête malgré le fait qu’il y ait des gros sous en jeu. On a eu d’autres collaborations de la sorte et on fait toujours nos visuels. C’est toujours June qui s’occupe de la DA, des installations, de la projection…

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Comment ça se passe au niveau des sorties du label ? Comment s’opère le choix de produire un artiste plus qu’un autre ?

Félix : On a de la chance d’avoir dans les compétences internes des gens qui connaissent assez bien l’industrie. Nissan gère des artistes, Hervé aussi, moi j’ai bossé pendant pas mal d’années en maison de disques et j’ai une agence de management et donc on a les connaissances et les outils pour sortir de la musique et faire ça correctement. Un peu comme tout le reste, c’était une question de besoin. Il y avait Pierre qui avait un nouveau projet qui s’appelle ABAKOS avec Ngabonziza Kiroko et sur lequel ils ont travaillé avec Base Camp, un trio de Nashville signé sur Owsla le label de Skrillex. Ils voulaient faire un album et avaient l’opportunité d’aller travailler à Nashville, il fallait que ça se fasse vite, les labels à Montréal ne comprenaient pas forcément trop l’esthétique musicale du truc et donc on s’est dit qu’on allait le faire nous-mêmes. Il y a une quarantaine d’artistes qui évoluent de près ou de loin dans la galaxie Moonshine. Après, comme tout le reste il faut que ça reste une affaire de famille. Le but, ce n’est pas de faire un gros label qui signe tout le monde, c’est juste d’avoir les moyens de faire nos trucs comme on les sent. On sort de plus en plus de musique, d’ailleurs on prépare une nouvelle mixtape SMS For Location Vol.3.

Nissan : Pour la fin d’année !

Félix : C’est téléchargeable gratuitement par SMS, comme pas mal de choses dans Moonshine. Sur le Soundcloud, il y a un numéro de téléphone, tu textes et tu reçois le lien. On s’apprête aussi à sortir le nouvel EP de Jerico, un jeune producteur haïtien montréalais qui déboîte vraiment. On travaille aussi avec DJ P2N, un artiste congolais que Pierre et Hervé ont découvert quand ils sont allés à Kinshasa en décembre.

Est-ce que vous vous sentiriez de créer un festival à Montréal et de l’exporter à l’étranger comme les Piknic Electronik ou le Mutek ?

Félix : Justement, l’export, je ne sais pas si c’est le mot dans notre cas parce qu’on va à la rencontre de plein de gens et on ouvre nous-mêmes notre spectre musical en faisant ça. A chaque fois qu’on arrive dans un nouveau pays, on découvre des nouveaux sons qu’on intègre dans nos sélections et on voit plus ça comme un grand voyage. L’opportunité est au service de notre processus créatif.

 

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