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King Gizzard & the Lizard Wizard, les sept sorciers du psychédélisme

Dans le cadre du Paris Psych Fest 2015 qui a lieu du 26 juin au 5 juillet, les Australiens de King Gizzard & The Lizard Wizard font une escale lors de leur tournée internationale à la capitale gauloise. Les sept gus de Melbourne se sont formés il y a 5 ans mais affichent déjà une discographie d’une profusion confondante. Chavirant entre garage rock lo-fi, doo wop, balades sixties sous acide et jazz fusion capillotracté, Le Roi Gésier et son Lézard Sorcier visitent avec délectation les diverses contrées du psychédélisme.

L’année dernière sortait l’excellent I’m In Your Mind Fuzz : concept-album gonflé d’énergie et de distorsions wah-wah délurées. En 10 pistes, les sept énergumènes (avec deux guitares, deux batteries, basse, flûte traversière, orgue Hammond et un harmonica blues à peine reconnaissable) traitaient avec un humour douteux des thèses complotistes reptiliennes. Une sorte de caricature moderne d’un 1984 où l’on se méfie d’une eau trop concentrée en fluor. Un liquide qui s’insinuerait dans notre esprit pour en prendre le contrôle. Les 4 premiers tracks raillent la paranoïa des théoriciens du complot par un condensé de rythmes entêtants et répétitifs sur un rock pêchu et faussement vindicatif guidé par la voix effrontée et la guitare volatile de Stu Mackenzie. L’intensité varie, les titres s’enchaînent, errant entre la transe organique ou les envolées déchirantes d’un nervous breakdown non sans rappeler The Doors et Thee Oh Sees.

KG & the LW – I’m In Your Mind Fuzz (2014)

John Dwyer, figure mondiale de la scène punk et psychédélique et leader de Thee Oh Sees est par ailleurs le fondateur du label Castle Face sur lequel King Gizzard and the Lizard Wizard a sorti son dernier opus le 1er mai dernier : Quarters. Quarters comme 4 titres, 4 univers, 4 images. Chacun d’une durée exacte de de 10 minutes et 10 secondes. Quel genre de musicien timbré se pose ce genre de contraintes ?

Cette galette entièrement organique jure pourtant lui aussi solennellement fidélité à l’esprit psychédélique mais cette fois par un autre biais que ses prédécesseurs. L’introduction « The River » d’une justesse prenante déclame sa flamme aux sixties et l’on croirait entendre la résurgence d’un groupe de jazz fusion tombé dans l’oubli. L’aboutissement n’est pas flagrant mais reste magnétique. Comme si le King Gizzard décapsulait notre encéphale pour laisser l’esprit flotter à son gré.

Ecoutez « Lonely Steel Sheet Flyer » en fermant les yeux et posez-vous cette question : en quelle année sommes-nous ? Si vous êtes séduit par leur univers et que vous prenez les 40 min et 40s pour écouter Quarters, alors finalement la question deviendra : la division du temps en années est désuet. Le temps n’est-il pas un fleuve qui coule jusqu’à remonter à sa source ? Ou une élucubration ésotérique de ce genre… Voilà, l’esprit psychédélique qui s’insinue déjà dans vos petites esgourdes. Et on ne vous parle même pas des 4 autres albums et de la tripoté de EPs et singles qu’ils ont composés en 4 ans.

KG & the LW – The River (2015)

Magiciens, sorciers fous, drogués, hippies, les sobriquets que l’on affuble à la scène psychédélique sont nombreux et bien souvent exagérés. Mais il est incontestable que ces sept-là se démarquent de l’innombrable foisonnement de groupes garage de leur patrie, cette petite Amérique sous la tutelle royale d’Elisabeth II. Toujours haut-perchés dans les sphères du continent des fractales et lunettes rondes, parfois se teintant d’un son vintage et nostalgique, le septuor navigue entre les courants musicaux avec adresse et décontraction. Mais la musique des sixties qui fascine tant le King Gizzard et ses six compères est loin d’être le mouvement initiateur du psychédélisme.

Le philosophe George Berkeley (ce type-là) et son idéalisme immatérialiste en 1713 prônait déjà que la matière n’existe que dans notre esprit. Sans oublier Rimbaud qui, avant Jimi Hendrix et sa clique, avait lui aussi pour objectif de se rendre voyant par « le dérèglement de tous les sens ». Alors, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil à leurs vinyles bleus, oranges, mauves, translucides ou tachetés. Ou éventuellement s’offrir un passage à La Machine du Moulin Rouge le 3 juillet prochain pour un show déjanté accompagné de projections vidéos hypnotiques.

Concours Psych Fest : Il y a deux places à gagner pour la soirée à La Machine et deux pour le Trianon. Tentez votre chance.

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