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Hors Bord, arc électronique entre ciel et terre

De nombreux mythes et légendes décrivent l’arc-en-ciel comme le pont reliant le royaume terrestre aux Dieux, le chemin entre ciel et terre, la route métaphysique entre la vie ici-bas et la vie là-haut. Cette année, le festival de musiques électroniques bordelais Hors Bord a mis le paquet en budget scénographie en se payant le luxe d’un double rainbow. Mieux que les centaines de millions de vues du type qui découvre, sous LSD, un superbe double arc-en-ciel, voici notre expérience burdigalesque qui a vu double.

La house et la techno

Ciel : La house // Le festival a tout donné sur ses journées à l’air libre. Aux Bassins à flot, face à la superbe grue Wellman, classée monument historique, l’équipe a convié pas moins que le gratin de la house européenne et américaine : DJ Koze, MCDE b2b Antal, Floating Points, Omar S… Bref, il n’aurait manqué qu’un Theo Parrish ou un Moodymann pour parfaire ce panier bien garni.

Terre : La techno // Si la programmation des nuits était plus pointue, l’IBOAT n’a pas changé de cap. Son système son et sa cale en ont fait l’endroit le plus accueillant pour le line-up techno du vendredi et de la fist-house du samedi. Kicks, snare et pintes de bières à 12 balles (record ?) ont maintenu l’élasticité des corps qui se dandinaient de haut en bas. Les corps n’ont fait qu’un. Les âmes, elles, sont demeurées baladeuses.

Les absents et les présents

Ciel : Les absents // C’est notre principale source de tristesse du week-end. La super teuf à la base sous-marine de Bordeaux, située juste à côté du site du festival a été annulée. C’est con, il y avait là les quatre des artistes qu’on attendait fermement: Polar Inertia, Bambounou, Renart et Abdulla Rashim. « Les contraintes techniques imposées par les institutions référentes dans le but de limiter les nuisances sonores ne nous permettaient pas de garantir un événement à la hauteur de nos/vos attentes. » On a même pensé se jeter dans la Garonne.

Terre : Les présents // Floating Points, MCDE, Objekt, autant d’artistes déjà croisés sur les routes de la teuf. De longues routes où les artistes ont des fois l’occasion de s’endormir. Même devant des murs d’enceintes, ça arrive. Pourtant, les artistes n’étaient pas au Hors Bord que pour faire de la figu. Mais pour gagner le cœur des Bordelais.

Motor City Drum Ensemble (MCDE) b2b Antal

Ciel : Antal // Le vrai patron du back to back avec MCDE, c’était lui. Le boss de Rush Hour tranchait les sons de son compatriote hollandais avec des morceaux électroniques instrumentaux qui ont fait la valeur du label sur lequel il a signé notamment San Proper, Kink, Kenny Larkin, Tom Trago, Carl Craig, Âme, Hunee, etc. Tout ça depuis 1999.

Terre : MCDE // C’est toujours spécial avec MCDE. Immense producteur, digger baroudeur, artiste et homme brillant… On arrive pourtant parfois à se dire qu’il se fout de nous. L’homme dont le back à vinyles est constitué à 70% de vieilleries disco et d’afrobeat a parfois du mal à se renouveler, rythmer son temps de jeu et capter son public.

DJ Koze face au reste du monde

Ciel : DJ Koze // Kozito est un artiste rare, plein de classe, qui a mixé avec une précision d’orfèvre et qui a remis tranquillement à la crèche un paquet de branleurs qui se prennent pour des DJ depuis que ça peut bien payer. Point. Ah, et c’est le boss de Pampa Records.

Terre : Le reste du monde // Bon, on est arrivés en retard, mais mettre ce bonhomme de Koze à 18h, c’était coton. Le temps de petit-déjeuner s’est largement raccourci. Et pourtant, malgré une heure de bons et loyaux services, notre langue est pendante devant la classe de Koze, qu’on loupe depuis des années.

Le pont et la cale (de l’IBOAT)

Ciel : Anaïs Leszcynska // Avec un titre pareil, ça commence comme une fable de La Fontaine, version portuaire. C’est à peu près ça, à vrai dire. Dans Le pont et la cale, il est question d’une jeune DJ nommée Anaïs Leszcynska qui a fait un all-night long le vendredi sur le pont de l’IBOAT. Un set-marathon qui ne nous fait que nous convaincre une fois de plus que les promoteurs devraient entendre plus souvent son nom.

Terre : Objekt // Pendant qu’Anaïs jouait éclectique en haut, Objekt était fidèle à sa techno breakée, sa « techno uk » comme on dit dans le bayou. La cale s’est vêtue de capuches et de poings tantôt levés, tantôt baissés. Comme à son habitude (souvenir d’un Glazart ou d’un Oasis Festival), il a vidé une partie de la fosse interloquée par son étrange rythmique, mais au moins avec lui, on a de la place pour danser. Toujours aussi fans.

La musique live et la musique studio

Ciel : La musique live // Roméo Elvis cartonne sur YouTube. Vous allez nous dire : « Ouais, mais dès que tu fais du rap un peu bien léché, t’as 10 fois plus de chance d’avoir plus de vues que ces vieux péquenots de rockeurs. » Tout doux, jeune vandale. Roméo Elvis est balèze en studio, c’est un fait. Ses prods sont aquatiques, ses textes font perdre la tête. Mais le mieux dans cette histoire, c’est que ses lives sont déjà maîtrisés. Et la foule du Hors Bord fut tenue.

Terre : La musique studio // C’était le meilleur moment du week-end et pourtant Isaac Delusion n’en était pas le principal responsable. Le double rainbow, si. Si les concerts d’un groupe sont inégaux, on n’arrive toujours pas entrer dans cette musique immersive jouée en live. Manque de charisme et énergie rock absente, on finit par se fatiguer, même en écoutant les petits bijoux pop qu’on adore se passer à la maison.

Suuns, temps d’attente et temps de jeu

Terre : Suuns, temps d’attente // Un moment très terre-à-terre a été vécu par l’ensemble des festivaliers lors de l’attente pré-Suuns. Le groupe qui a fait 30min de balances a obligé le festivalier (extrêmement) malheureux à boire des pintes et retarder son coucher final. Une demi-heure précieuse qui a vu de nombreux inconnus se parler, des couples se pré-choper, des discussion improbables émerger.

Ciel : Suuns, temps de jeu // Un moment haut-perché dans le ciel a été ensuite enduré par l’ensemble des festivaliers lors du concert de Suuns. Profitant du génial système son du site du festival, le groupe a pu déverser ses litres de watts en touchant directement la caisse de résonance des corps humains. Avec la question à laquelle chacun à sa réponse : Suuns est-il un groupe de rock ou un groupe électro ?

À l’année prochaine. Et bravo.

Photo en une : Kosme par Nicolas Duffaure Photographies

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1 commentaire

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Boby 30.05.2017

Énormément déçu par Dj Koze. Mix en dilettante devant un public tout mou… nul!

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