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Hellfest 2016 : l’enfer comme si vous y étiez

Au retour du Hellfest 2015, nous vous postions une lettre d’invitation pour cette année. Pour être sûr que nous n’avions pas formulé de promesse en l’air, nous sommes retournés sur place vérifier que cette édition allait tenir la route.

Oui, l’édition 2016 du Hellfest a bel et bien été à la hauteur de nos attentes. Et sans doute même au-delà. On passera rapidement sur l’inventaire des choses et des gens les plus extravagants que l’on a croisés parmi les 180 000 personnes présentes cette année. On a souri en voyant ce mec habillé uniquement d’un sac de sport enfilé comme un slip. On a renoncé à compter la ribambelle de Mario, Luigi, et les troupeaux de festivaliers déguisés en licorne. Nous avons même renoncé à compter les vestes à patchs, y compris celles tellement recouvertes que les patchs en viennent à se superposer sur plusieurs épaisseurs. On a bien découvert la variante « peignoir à patchs », mais ce n’est pas sur cet hommage au Dude de The Big Lebowski version metalhead que nous voulons nous attarder. Ni même sur ces métalleux prêts à faire une heure de queue pour un tour de grande roue, comme à la fête foraine. Et encore moins sur la tyrolienne sponsorisée par Redbull, qui descend au-dessus du public des scènes principales. Car en faire plus long sur le sujet serait réduire le Hellfest à sa caricature de parc d’attraction pour métalleux.

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La magie, c’est enfin voir des filles d’un mètre cinquante à peine se jeter dans le mosh pit face à des gars costauds comme des armoires normandes, les yeux brillants de bonheur à l’idée de tout lâcher parce que la musique le mérite.

Evan Forget

Revenons plutôt à l’essentiel : la musique et sa magie. Si le Hellfest attire un public sans cesse plus large, le métal demeure à la fois un genre populaire et pointu, parfois difficile d’accès. Et c’est là une partie de la magie d’un festival comme celui de Clisson : ouvrir la scène, à quelques mètres du bulldozer Black Sabbath, à des groupes bien plus confidentiels comme les Coréens de Jambinai avec leurs instruments traditionnels ou les Allemands de Mantar et leur son puissant à la frontière du stoner et du black metal. Deux formations qui méritent le détour et que les organisateurs ont eu le bon goût de programmer.

La magie de ce festival, ce sont également les shows incroyables offerts par Rammstein puis par Ghost, chacun dans leur domaine, avec tout ce que cela implique de mise en scène et de pyrotechnie. C’est aussi le set implacable des Allemands du power trio Kadavar. Ce sont Korpiklaani et Dropkick Murphys qui vous rappellent que la musique est d’abord une fête et, au cas où on l’aurait oublié, qu’il est (de nouveau) l’heure d’aller boire une bière.

Si on s’est un peu senti vieux con devant The Amity Affliction (ils jouent toujours la même chanson ou bien ils en ont plusieurs à leur répertoire ?), on a trouvé que les gars de The Offspring avaient eux aussi aussi pris un sacré coup de vieux. Un Dexter Holland à la limite du ringard a livré avec ses comparses une prestation convenue et sans surprise. Une madeleine de Proust, mais rien de plus. On préférera se souvenir que le Hellfest 2016 a offert à ses festivaliers les plus punks le premier concert de Ludwig von 88 depuis plus de quinze ans, pour une prestation qui, au vu du pogo XXL, a comblé les fans à coups de « Louison Bobert forever » et autres « Houlala ». On se devrait aussi d’évoquer la prestation de Strife, l’efficacité jamais démentie de Sick of it all, la virtuosité de Joe Satriani. Il faudrait qu’on vous parle de Moosorrow et Fallujah, parce que c’était très bon. Et du spectacle iconoclaste, mais surtout efficace offert par Puscifer, le groupe aux catcheurs mexicains.

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Mais tout cela ne suffirait pas à faire comprendre la magie d’un événement comme celui-là, qui réside dans tout ce que l’on ne peut raconter : l’ambiance, la scénographie impressionnante faite de flammes et d’acier, la soif de musique jamais rassasiée malgré une météo un peu chafouine. La magie, c’est enfin voir des filles d’un mètre cinquante à peine se jeter dans le mosh pit face à des gars costauds comme des armoires normandes, les yeux brillants de bonheur à l’idée de tout lâcher parce que la musique le mérite. Pour tout cela, le Hellefest est un festival hors du commun.

Nous conclurons ces lignes en rappelant simplement que notre lettre d’invitation de l’an dernier vaut bien entendu également pour l’an prochain, on a en mémoire cette citation vue sur un tee-shirt dimanche midi : « J’écoute du metal et pourtant je ne suis pas une zombie. » Eh bien si, après trois jours tellement intenses, nous sommes tous un peu des zombies.

Arte Concert propose, une nouvelle fois, beaucoup de concerts disponibles en replay. Tout est .

Crédit photo en haut de page : Nicko Guihal

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