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Dour : récit en brèves parties

Dour, on a remis ça. Après l’anniversaire des 25 ans qui avait vu la réunion du Wu-Tang, le retour de Jurassic 5, la tendresse de Devendra Banhart et l’acidité de Carl Craig, retour en terre belge. Et le crû 2014 nous a ôté bien plus de frissons que notre corps pouvait biologiquement produire en temps normal. Voici notre expérience belge en quelques brèves. Allez, une dernière fois pour le symbole : « Douuureeeehhh ! »

Photo en home © Mathieu Drouet

Cheveu aime le bruit blanc

Public de Dour, as-tu aimé l’intro bruit blanc des foutraques Cheveu ? Ces amuseurs publics spécialisés dans le jemenfoutisme productif ont présenté leur nouvel album « Bum » ainsi que d’anciennes festivités noisy. On vous en a extrait le titre La fin au début. Ahh, donc le bruit blanc de début aurait dû être à la fin.

Chet Faker : ambiance à 18h

Si dans la plupart des festivals, 18h est une heure qui soit n’existe pas, soit est extrêmement douloureuse (cf la soirée de la veille), soit synonyme d’apéro, Dour déroge à la règle. Avec ses concerts débutant pour certains à 13:20, le festival s’ouvre à toutes les générations et les ambiances. Alors, lorsque Chet Faker monte sur la scène Dancehall, le chapiteau est déjà plein à craquer. L’Australien y fait une prestation hyper rassembleuse devant un public complètement amoureux d’un mélange d’electronica, de R’n’B, de folk. Si on peut se dire que ce mec est la quintessence du hipster, tant dans sa musique que dans son look, on ne peut que se laisser aller avec les mélodies efficaces.

Un mec perché pendant The Subs

Pendant le set du duo Belge, un mec est monté à un premier poteau, à une dizaine de mètres de hauteur. Puis à un second. Arrivé en haut, son agilité folle lui permettait de faire des figures stables, le corps à l’horizontal, les jambes en rythme. Bref, un grand malade qui aurait pu se tuer et mettre un terme à la soirée.

Gui Boratto VS le public de Dour

Si vous connaissez le festival, il faut savoir que le fameux cri de ralliement « Douuuuureehhh » s’entend toutes les cinq minutes et Gui Boratto n’a pas pu l’éviter. L’ambiance était si électrique que le DJ brésilien en riait, encourageant même l’audience à crier. Niveau musique, un set génial, aux mélodies entêtantes et vives, quelques pépites et un sourire communicatif. Le chouchou de Kompakt et maître de la minimale mélodieuse à l’allemande a montré sa grande classe.

Jeff Mills reçoit une bière sur son matos

et arrête son set

Le sorcier de Détroit, avec qui on a discuté du futur à Astropolis, a vécu une bien mauvaise expérience. Un festivalier a lancé un verre sur son matos, alors que ça faisait à peine une demi-heure que son set avait commencé. Sur quoi Mills, sort de scène et quitte le festival. Chris Liebing, qui prenait la suite, se paie donc 2h30 de set. Sur Facebook, Liebing raconte qu’il est super content d’avoir joué sur le temps de Jeff Mills. Moquerie ou mauvaise interprétation, le web le fustige. Erreur de critiquer papa et polémique. Le DJ Dave Clarke se lève sur les réseaux pour défendre celui « sans qui ta carrière [de Chris Liebing] n’aurait pas été ce qu’elle est ».

Mount Kimbie, Darkside et Shigeto

Ou l’absolu kiff de voir une série de lives électro-acoustiques, hypnotiques ou romantiques. Rien à ajouter.

Mogwai transcendant

Quelques petites inquiétudes au sujet de Mogwai qu’on adore sur disque : est-ce que ça ne serait pas chiant à mourir sur scène ? La réponse est un gigantesque non. Le groupe de post-rock écossais tient toutes ses promesses et va au-delà même de nos espérances. Un live massif qui a transporté son public dans un état de fanatisme musical. On recommande grandement de les voir à l’oeuvre car l’expérience est totale. Extrait.

Vu de la grande scène

Pendant le concert de Nas, on est à la limite de lâcher une petite larme. Tube sur tube. Pendant celui de Casseurs Flowteurs, on fait en sorte d’être le plus loin possible. C’est l’avantage des grands sites de festivals. Côté Boys Noize, on commence à être fatigués de l’electro acide du bonhomme aux drops téléphonés mais l’énergie véhiculée à l’audience sous la pluie insistante n’a pu que nous foutre le sourire aux lèvres. Détroit a joué moins de Noir Désir que lorsqu’on les avait vus à La Cigale, courte durée des sets en festivals oblige. Malgré un très bon retour du public qui semblait attendre ce moment depuis des années, certains se demandent toujours pourquoi tant de place est accordé aux compos d’un groupe du passé. Pour finir, un gros nuage de fumée s’est échappé de la Last Arena pendant le concert de Cypress Hill et s’est en allé à l’arrivée des Girls in Hawaii. Les causes sont encore inconnues.

Photo Boys Noize © Mathieu Drouet

Meilleur set électronique : John Talabot

Jamais fatiguée (ever), notre équipe trempée par le déluge se réfugie sous le chapiteau de Rone. Ok, il y a pire comme abris. Après nous être creusés une tranchée dans la foule et dansé devant l’artiste qu’on aura décidément le plus vu de ces dernières années, on est prêts pour accueillir John Talabot. On attend de voir l’Espagnol depuis des années et il a su entendre nos prières. Un set complètement fou alliant sa science de la mélodie, de la techno et des basses rondouillardes avec lesquels il nous avait habitué dans son superbe album « fIN », sorti en 2012. Meilleur set électronique et frustration maximale à la fin.

Joe Bada$$ : l’avenir est sauf

Si les mastodontes Wu-Tang et Jurassic 5 ont laissé la place à Nas, Raekwon et Cypress Hill, cette année, le festival n’en a pas oublié de programmer la nouvelle scène. Celle qui monte ou dans certains cas, celle qui est déjà tout en haut malgré leur jeune âge. De Joey Bada$$ à Tyler the Creator, on a du mal à imaginer qu’ils soient si jeunes et si productifs. Comme – par grand malheur – Tyler the Creator a loupé son avion (ou qu’il était trop occupé à tourner un clip bizarre avec Mac DeMarco), on ne pourra juger que Joe Bada$$. Et là, énorme claque devant la voix rauque et profonde du MC, déjà un grand artiste.

« I can’t do without you » de Caribou :

déjà tube de l’été ?

Après la première écoute du titre du groupe de Dan Snaith, on le savait : ce morceau ne va plus nous quitter. Il va des fois être insistant, radoteur, mais plus généralement attaché à nos joies, nos amis, nos moments de quiétude. La quasi totalité de la discographie de Caribou est d’une finesse rare et casse les frontières et les clans musicaux. Ce n’est pas étonnant que les excellents Tale of Us et John Talabot ont eu l’idée de clôturer leur set par cette perle. L’amour est à Dour.

Les chiffres

Record d’affluence en terre de Dour. Au total, vous étiez 195.000, étalés sur les 5 jours, à avoir foulé la boue ou la terre sèche du site du festival. Avec un pic, le samedi de 44.000 personnes ! Vous étiez aussi 38.000 répartis sur le camping. Voici aussi les dates de Dour 2015 : le festival se tiendra au même endroit du 15 au 19 juillet. Save the date. Quid du nombre de tentes abandonnées ? Du nombre de lunettes de soleil passant de mains en mains ? Des chaussettes orphelines ? De drapeaux bretons ? Des sardines perdues ou volées ? Du nombre de gens devant Nas ? Du nombre de surhumains qui dansaient sous le déluge ? Etcetera.

Finalement…

Alors qu’on rentre de Dour après une nuit endiablée au Bar du Petit Bois, le chill out du site, on se prend déjà à rêver de l’année prochaine. On regrette malgré tout les douches payantes du camping public (2€). Un bon nombre de festivaliers s’est aussi plaint du prix des bouteilles d’eau (2,5€). La canicule des premiers jours poussant les campeurs hors de leurs tente, on assistait également à des dormeurs à la belle étoile essayant de s’arracher le moindre centimètre carré d’ombre. Le côté guerre, survie… ou exode d’un festival. On a enfin appris le décès d’un festivalier – probablement d’overdose – retrouvé sur le camping, le vendredi matin. A Dour, comme dans tout événement festif, des participants jouent la carte de l’excès ou de l’imprudence. Triste nouvelle en ce jour 2.

Finalement, l’atmosphère est aux remerciements, aux étoiles dans les yeux et à la fierté d’avoir pu faire partie de cette histoire de ce rêve humain qu’est Dour. Le plaisir de voir un public crier le nom de son festival avant même de crier le nom de l’artiste est sans limite.

Non, la tête d’affiche n’était pas Nas, ni Phoenix, ni Détroit, ni Dub Inc. La tête d’affiche, c’était son public.

Photo d’ambiance au Bar du Petit Bois © Claire Na

Le groupe Facebook romantique

Vous connaissez sans doute les groupes « Spotted » qu’il y a dans les facs ou les festivals. Adoptez Spotted Dour, et retrouvez ce joli garçon qui vous faisait craquer pendant le live de Fakear, la fille à la jupe orange sur le camping B, celui qui dansait comme un possédé pendant le live de Mogwai.

A l’an prochain Dour, on viendra toute la vie dans ta maison à ciel ouvert.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de nos vidéos à cette adresse : The Feather, Johnny Flynn, Mogwai, Slow Magic, Fixpen Singe, Gui Boratto, 65daysofstatic, MLCD, Stereoclip, Cheveu. D’autres sont à venir.

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