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Connaissez-vous Sweat Lodge, cette bonne vieille teuf foraine ?

Quand sous un chapiteau, des forains accueillent la techno du producteur et dj Maelström dans une ambiance de cinéma de Méliès ou Kusturica, mais font aussi des performances et promettent « des accidents de parcours » au Kilowatt à Vitry, on tend l’oreille, puis le bout du nez. Enfin, on pique une tête.

Alors que plus personne ne comprend comment on se borne dix heures durant, passablement arrachés, dans une boîte de nuit où tout le monde tire la tronche en mode tiroir-caisse, certains collectifs de France redoublent de couleurs et d’animations pour revenir aux origines de la teuf. Quoi de mieux, dans ce cas, que de faire appel à nos amis les forains.

Si les arts forains tels qu’on les connaît aujourd’hui apparaissent au XIXème siècle et demeurent l’un des fleurons de notre culture française, c’est bien évidemment pour son inventivité, son ouverture et son extravagance. Loin des actuels apparats ultra-marketés, bling-bling en toc louant l’argent et le plastique dur, la fête foraine est celle, rappelons-nous, qui a popularisé le cinéma nomade à ses débuts, avec les films de Georges Méliès retransmis au début du XXème siècle grâce à l’achat des droits des frères Lumière, celle aussi du carrousel, des mécaniques rêveuses, des spectacles de cirque si novateurs, des curiosités jamais rassasiées, des plus exploratrices aux plus scandaleuses.

Des Pays de la Loire à la région parisienne, mais aussi les peuples nomades d’Europe, en Belgique, en Allemagne, en Autriche, aux USA ou en Chine, beaucoup ont montré leur fascination pour ce moment de rassemblement général pour la grande braderie de l’absurde, déchaînant passions et convoitises.

Début des années 2000, une bande de potes décide naturellement d’allier les deux, synonymes d’un quotidien déjà bien installé dans leurs vies. Néo-hippies technoïdes, tenanciers de cabinets de curiosité devant l’éternel, joueurs compulsifs ou simplement jeunes gens aimantés par un mode de vie parallèle, ils ont fait le choix de dédier leur âme à une teuf foraine qu’ils ont appelée Sweat Lodge.

Après 10 ans de bons et loyaux services – principalement sur le grand ouest – le désir de voyage du crew trouve sa prochaine étape au Kilowatt à Vitry-sur-Seine, fière banlieusarde qui a vu grandir les 113. On a donc profité de cette venue en Ile-de-France (le 13 avril prochain) pour poser quelques questions à l’un de ses cofondateurs, Martin Geoffre.

Venez donc voir l’event du 13 avril, ce serait trop bête. Et sinon, il y a aussi un happening au Cirque Electrique organisé par Sweat Lodge le 6 avril, c’est ici.

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INTERVIEW
MAINTENANT

Pouvez-vous présenter rapidement les personnes – et leur parcours – à l’origine du projet Sweat Lodge ?

A la préhistoire de Sweat Lodge début 2000 à Nîmes, y’a une bandes d’étudiants qui passaient plus leur temps en free party qu’à la fac. On a commencé à vivre en hangar et en camion et à organiser des fêtes qui mêlaient déjà techno et spectacle. Y’avait entre autre Maelstrom, l’un des fondateurs de Sweat Lodge. Après un p’tit tour pour certain par des squats en région parisienne et à Rennes, on s’est posé à Nantes pour rejoindre les potes du sound system Karbon14. En outre la ville avait déjà un joli réseau d’activistes du chapiteau avec le collectif Quai des Chaps chez qui on continue de faire nos armes. Sweat Lodge à la base c’est donc un mélange de ces différentes influences.

Pouvez-vous me raconter ce qui a poussé ses fondateurs à créer Sweat Lodge ?

On avait envie d’offrir un peu de couleur à la free party qui semblaient un peu s’affadir. Le chapiteau de cirque nous faisait rêver car il portait en lui les mêmes valeurs de nomadisme que les tekno travellers. Avec les clowns et les acrobates en plus ! C’était pour nous une façon de faire cheval de Troie pour se faire accepter des villes, et donc réussir à vivre de notre passion.

Sweat Lodge n’est donc pas né d’un manque précisément à Nantes ?

Non, l’idée n’était pas de faire vivre Nantes plus qu’une autre ville, elle était au départ juste un port d’attache. Sweat Lodge est né d’un manque à Nantes mais dans toute la Société ! Si on est autant identifié à Nantes c’est que nos rêves d’itinérances n’ont pas été tenus et qu’on a du coup travaillé au plus simple, au plus proche.

Chez nous, Clark Kent n’a pas besoin de cacher qu’il est Superman.
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Sweat Lodge a la particularité d’être une plateforme de production dédiée au sound system (jusque-là ok) et « aux arts forains ». C’est une alliance originale. Unique ou inspirée d’autres modèles ?

A priori cette rencontre n’existait pas avant, mais elle semble faire quelques émules. Ce qui fonctionne bien avec cette alliance c’est que le public peut passer d’une communion à 1000 personnes sur le dancefloor à des espaces à petites jauge où nos artistes prennent soin d’eux, créent de l’intimité. Mais la rencontre de la techno et du show bien sûr on ne l’a pas inventée : dans les raves du début des 90’s y’avait déjà des performers et de quoi en prendre plein la gueule.

Sans déguisement, impossible de se marrer ?

Je ne sais pas si le déguisement sert seulement à se marrer. Il permet selon moi de s’approprier la fête, d’en devenir acteur, de lui donner de la couleur. Et peut-être aussi de se permettre le temps d’une nuit de déborder plus facilement des cadres. Pour qu’une fête soit belle, il faut se persuader qu’elle est le rassemblement de personnes extraordinaires. Chez nous, Clark Kent n’a pas besoin de cacher qu’il est Superman.

Sweat Lodge organise des teufs. Avez-vous des formats variés ou c’est globalement toujours le même, à part la musique, la scéno et les collectifs invités qui diffèrent ?

Notre crew a belle et bien sa marque de fabrique mais nous avons connu différentes périodes : de 2005 à 2007 on a organisé essentiellement des fêtes dans les champs avec soundsystems, chapiteau et performance de cirque. De 2008 à 2011 on a tourné en France, en Allemagne, en Suisse, un spectacle de cirque-techno. C’est aussi à partir de 2008 qu’on a commencé à organiser des soirées en salles. A partir de 2012, Toto Black s’est constitué au sein de notre famille et on a orienté nos événements sur le mélange de la rave et de la fête foraine. Depuis l’année dernière, on est parti sur un nouveau projet de soirée renouant avec la performance, le spectacle, avec la volonté d’écrire une nuit de fête en complicité avec le public… Nous avons donc sans cesse réinterrogé notre capacité à donner de l’identité à une soirée.

Vous avez notamment mis en places des parcours type Labyrinthe à votre public, pouvez-vous m’en parler plus précisément ?

Nous avons effet entamé un nouveau projet de mise en scène de nos soirées : offrir un parcours dans la nuit à notre public. Penser aux parcours nous a fait songer à nos vies labyrinthiques et à la fête comme accident salvateur faisant dévier nos trajectoires. Durant 3 ans, notre proposition artistique s’étoffera au fil de nos événements-laboratoires pour aboutir à une version finale du spectacle en septembre 2020.

Quels sont les types de publics que vous avez sur vos événements ? Sont-ils plus variés que les teufs techno plus classiques ?

Ce qui est sûr c’est que nous vieillissons et que notre public non, il a éternellement 20 ans ! Je ne pense pas qu’il soit différent de celui des autres soirées. Aujourd’hui nous avons tous des plaisirs culturels variés : on peut être en teuf le week-end et aller au théâtre ou mater une expo en semaine. Ce n’est pas propre à Sweat Lodge.

Quel est le modèle économique des Sweat Lodge ? Les événements ? La location de chapiteaux ?

Les Sweat Lodge Party, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Pour moitié notre activité consiste à produire des djs, des spectacles, de louer des chapiteaux ou encore des toilettes sèches itinérantes…

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Vous produisez les artistes membres du collectif, comme Nico Redux, ou les Toto Black ?

Oui nous produisons entre autre Redux – l’un des fondateurs de l’asso – et Toto Black mais aussi : les Fantastiks, le Crabe, Soxy, la Brat Cie, Wonder Cake… Nos soirées sont l’occasion de bosser tous ensemble, et c’est aussi une vitrine pour nos artistes : chez nous tout est à vendre mon copain !

Le collectif est très implanté à Nantes. Il va bientôt connaître sa première édition en Ile-de-France, à Vitry. D’où vous est venue cette idée ? Sweat Lodge a-t-il vocation a avoir une antenne parisienne désormais ?

Non, non Sweat Lodge n’a pas pour vocation d’avoir une antenne à Paris ! Dans l’idée on aimerait partir jouer partout avec nos chapiteaux mais encore faut-il trouver des lieux, des autorisations, et comment payer le gazole pour nos camions et nos caravanes. Paris c’est pour se faire connaître un peu en dehors de Nantes, comme lorsqu’on va foutre le bordel aux festivals de rue de Chalon ou d’Aurillac. Avec un peu de chance des gens vont nous voir, nous kiffer, et nous inviter à venir jouer aussi chez eux !

C’est au Kilowatt que ça se passera. Le lieu accueille régulièrement des collectifs festifs de la meilleure facture, comme Soukmachines. Pouvez-vous me raconter la rencontre entre vos deux structures ?

Dès le début de Kilowatt y’a un an, on a entendu parler d’eux, on a les oreilles qui traînent et un lieu comme celui-là en France c’est pas si courant ! C’est grâce à Carole, notre chargée de com’, que se sont faits les premiers contacts. C’était super : lorsqu’elle les a approchés, ils ont répondu « Yes, on pensait justement vous contacter ! ». On a clairement des valeurs et une vision commune de la fête. Lorsque je suis allé les rencontrer à mon tour en décembre dernier on s’est rendu compte que j’étais déjà venu monter du chapiteau en 2013 pour leur festival « Sur les pointes »… ça créer des complicités : entre baltringues on se reconnaît!! D’ailleurs, on vous donnera un petit avant-goût de tout ça, le Dimanche 7 Avril, au Cirque Electrique, DJ Set + Visuel, dans un environnement plus intimiste, vous êtes tous bienvenus !

L’event est ici, bande de moules. Et n’oubliez pas, il y a aussi un happening au Cirque Electrique organisé par Sweat Lodge le 6 avril, c’est ici.

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