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Awesome Tapes From Africa

Tout est dans le nom. Awesome Tapes From Africa a quelque chose à voir avec des cassettes venues d’Afrique. Brian Shimkovitz vient de Brooklyn mais c’est surtout un grand voyageur. En Afrique de l’Ouest (et plus loin encore), il est chercheur de pépites. Après les avoir trouvées, il les numérise et les met en ligne pour promouvoir les artistes qui en sont à l’origine. Il revendique une démarche à l’opposé des pratiques néo-colonialistes et veut s’inscrire sur la durée, loin des recruteurs de talents qui ne font pas avancer le schmilblick d’Afrique.

« Les excellents accompagnements instrumentaux et vocaux en ont fait un disque deep et détente. Ah, la vie de M. Madou Hakilidouman… Il est originaire de Fana, une terre culturellement très fertile au Mali. Laissons ce subtil travail de guitare / n’goni se faufiler et sentons nous reconnaissants de ce joyau. »

Voilà ce que l’on peut lire sur le site Awesome Tapes From Africa (ATFA). En voyage au Ghana, Brian Shimkovitz découvre un impressionnant marché local de cassettes. En grand mélomane et collectionneur averti, il commence doucement à récupérer ce qui lui plaît. Ce qu’il découvre n’est pas une, mais une multitude de scènes musicales africaines.

En Afrique de l’Ouest, très peu de sociétés de distributions peuvent répondre aux besoins des commerçants. Shimkovitz a cherché un moyen de promouvoir cette musique tout en tentant de trouver un modèle juste, viable et pouvant inscrire le projet dans la durée.

« Ma fascination pour la ‘tape culture’ en Afrique de l’ouest se traduit par l’activité – ironique – de répandre des enregistrements via la technologie digitale. » déclare-t-il au magazine musical anglais The Wire.

Au début des années 80, l’arrivée de la cassette a un fort impact en Afrique. La musique enregistrée devient accessible à tous, on l’entend dans la rue, les marchés, les magasins, les véhicules. Sur place, Brian Shimkovitz s’éprend de nombreux courants et, rentré aux États-Unis, il les numérise, les propose en écoute gratuite sur son site et raconte leur histoire, leurs auteurs. Très vite, des gens s’intéressent au projet ATFA et de plus en plus d’artistes locaux acquièrent des fans étrangers. Les européens s’étonnent de découvrir une aussi grande variété de musiques africaines comme le bongo, le flava, le hiplife, le kuduro…

Le digital a aidé la musique africaine à se hisser dans les clubs, les salons et les festivals dans le monde. L’influence de la musique occidentale pour les oreilles de la jeunesse africaine a été un catalyseur de l’évolution de leur art. Les occidentaux ne s’attendaient pas à autant de modernité et de complexité ce qui fait s’indigner Shimkovitz lorsque dans les magasins de distribution de musique occidentaux, il voit le terme générique « Musique Africaine ».

D’une vitrine amatrice, ATFA est devenue un label qui compte de nombreux artistes africains et se développe doucement. Shimkovitz aimerait reverser l’argent à chaque artiste dont le track a été téléchargé sur ATFA. Selon lui « quiconque a déjà été en Afrique de l’ouest sait que c’est presque, sinon complètement impossible » car trop peu de services sont mis en place pour le permettre, le problème n’étant d’ailleurs pas non plus résolu dans les pays occidentaux. Pas de solution miracle donc, à l’heure où les moyens de reversement aux artistes sur le digital sont en plein débat.

Depuis, le blog connaît une renommée relative, Shimkovitz se produit en tant que DJ et passe sa collection de cassettes et de vinyles dans des clubs à travers le monde. Il utilise encore souvent uniquement les lecteurs cassettes. Et chaque chanson qu’il joue est téléchargeable sur son blog.

Update (27/11/2014) : Voilà une petite Boiler Room réalisée en juin 2013 pour vos douces oreilles.

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