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Zoufris Maracas face à la Droite Populaire

Un chevelu qui jouait de la guitare en ironisant sur la connerie dans la rame de la ligne 2 du métro parisien un soir de juillet : Sourdoreille découvrait, sans le savoir, Vin’s du quintet Zoufris Maracas, révélé cet été par Nova et Le Mouv’ avec la ritournelle Et ta mère. Avant leurs concerts de ce soir et demain au Zèbre de Belleville, on a retrouvé mardi le chanteur et son compère Micho à une terrasse d’Oberkampf. A proposer un EP humaniste, une interview des Zoufris – un petit bandit ou un clochard dans l’argot algérien – face à un représentant imaginaire de la commission culturelle de la Droite populaire (UMP) s’imposait.

Dix chansons en six mois de chômage, dont une qui s’appelle Je veux pas travailler, on peut vous qualifier sans peine de belle feignasse…

Vin’s : Il faut assumer le droit à la fainéantise. Je ne vois pas pourquoi j’aurais pas le droit d’être oisif. Le matin, je dors… Et ça me va très bien. Dix chansons tu dis ? (froncement de sourcils).

C’est écrit dans la bio disponible sur votre site. Vous croyez que dire du mal de la police, prôner l’oisiveté, le non-libéralisme et véhiculer l’enfance comme modèle, ça va rassurer les Français ? Tenir pareils propos en pleine crise, ça vous amuse ?

Vin’s : La crise n’existe pas. Ils fabriquent du pognon et nous disent ensuite qu’il n’y en a pas. Mais c’est le pognon qui crée le pognon. Sur cette Terre, il y a deux fois et demi à bouffer pour tout le monde, dès demain. Mais non, on nous dit que c’est la crise.

A vous écouter, il semble aussi que vous ayez un problème avec la Françafrique. Développez, puisque vous avez voyagé en Afrique.

Micho : Je dirai plutôt qu’on a un problème avec la France…

Vin’s : On a vécu un an et demi en Afrique de l’Ouest. La France a affaire à une bande de fascistes déterminés. Tu sais, quand t’as une guitare, ça facilite les échanges avec les gens dans les bars. J’ai donc rencontré, un soir, un mec qui bossait au Quai d’Orsay et qui touchait 7200 € par mois. Ça fout déjà les boules… Il m’a dit qu’on ne doit pas laisser les Africains choisir leur Président. Et que le ministère de la Défense français s’en occuperait si ça tournait mal. Tu vois, moi je croyais que la France avait bouffé les Africains avec le commerce, mais qu’on leur laissait quand même un peu de liberté… Même pas !

Quand vous parlez de « bande de fascistes déterminés », vous mettez la droite et la gauche dans le même lot ?

Vin’s : Quelle est la nuance entre la droite et la gauche à propos de l’Afrique ? Chirac ou Mitterrand, c’est pareil. Avec la gauche, il y a eu l’Angolagate. Et avec Chirac, l’appauvrissement et les magouilles au Sénégal, au Mali ou au Burkina ont continué. Y’en a ras le bol de ces conneries !

Vous préférez que ce soit la Chine qui colonise l’Afrique ? Le patriotisme ne vous évoque donc rien ?

Micho : C’est possible que tu mettes des bulles comme on en voit dans les bédés. Histoire que le lecteur comprenne qu’on va te péter la gueule (sourire). Pour répondre : le patriotisme, connais pas !

Vin’s : C’est un concept qu’on nous a mis dans la tête. Mais, c’est quoi au final le patriotisme sinon une vue de l’esprit. Un esprit con d’ailleurs…

J’ai appris que vous aviez un problème avec les ONG également. Qu’en est-il ?

Vin’s : Disons qu’on s’en méfie. On a vu comment ça marchait. En gros : quand t’es une ONG, tu maintiens les problèmes pour soutenir ta structure. Ce qui fout les boules, c’est que l’Afrique ne demande qu’à faire travailler ses ingénieurs, ses étudiants, etc. Toutes ces personnes qui regorgent d’envie de faire quelque chose. Et que fait-on ? On envoie des blancs faire le travail. C’est la poursuite du colonialisme. Et ça fait chier.

« Si tu crois que cette nuit » n’est rien d’autre qu’une incitation à la débauche sexuelle…

Vin’s : Et alors ? Il y a une crise morale dans ce pays. Les gens travaillent trop et ne baisent pas assez. Ils ont peur et sont stressés vu qu’ils croient tout ce qu’on leur dit. Ils oublient l’essentiel…

Micho : Je pense que les gens qui ne bossent pas baisent plus. Quand t’es au chômage, tu baises tout le temps. Il n’y a plus de matin, de midi ou de soir. Tu récupères quand tu manges (sourire en coin).

Ça va mieux avec la belle-mère ?

Vin’s : De quelle belle-mère tu parles ? Et ta mère veut extirper la femme de sa mère. Cette chanson montre à quel point le « telle mère telle fille » ne veut rien dire. Les filles, il faut arrêter de prendre vos mères pour des saintes ; elles sont autorisées à crier et jouir autant que vous.

Si je comprends bien, vous vous définissez tels des anarchistes ?

Micho : Anarchistes ? Hum, non… Je ne vois pas ce que c’est.

Vin’s : On ne se définit pas. Si tu veux te mettre dans une case, fais le. Mais nous, on n’est pas de ceux là.

Ca vous fait rire de gagner de l’argent sur le dos de personnes qui achètent vos produits culturels et que vous traitez de cons ?

Vin’s : Des produits culturels ?!? Mais qu’est-ce que tu dis ?

Avec mes amis pro-Hadopi, nous avons rencontré des professionnels de l’industrie de la musique. C’est ainsi qu’on la nomme.

Vin’s : C’est pas un produit, c’est de la musique. Comment peut-on qualifier une telle richesse de produit ? Si c’est toujours payant, comment tu arrives à donner de la joie ? Tu sais, si les gens veulent nous déposer un peu de bouffe devant chez nous, on jouerait gratuitement tout le temps.

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