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Yes Basketball, enfant du lo-fi

« À quelque chose malheur est bon », ce petit proverbe désuet résume assez bien la pensée qui nous vient à l’écoute du premier album de Pierre Marolleau aka Yes Basketball. Si une blessure lors d’un match de basket n’avait pas obligé le rennais à se tenir éloigné des scènes aurions-nous pu nous enthousiasmer sur son premier album Good Bye Basketball ? La question est ouverte.

Au lancement de l’album les percussions tribales des premières secondes de « New Shit », que l’on croirait sorties de l’esprit désormais sobre de Tom Waits, confirment ce que l’on pressentait à la vue du cercle multicolore et anguleux créé par Yoann Buffeteau pour servir d’écrin à ce disque : nous voici en terrain accidenté. Yes Basketball semble se plaire au milieu des multiples aspérités musicales qu’il crée, accompagné de compagnes·ons de routes échappé·e·s pour un temps de Totorro, Trunks, Bantam Lyons, Mermonte ou Bacchantes.

On passe allègrement de style en style, du noise au hip-hop en passant par la pop, parfois même au sein d’un même morceau (« Anger feat Happiness »). Si ce mélange des genres était un pari risqué pouvant conduire à la perte de l’auditeur·trice, il n’en est rien. Tout s’assemble étrangement bien, lié par une précision de l’écriture et de la production qui servent de garde fou à un disque qui aurait pu partir dans tous les sens. Yes Basketball écrit une mathématique tant dans le son, aux accents parfois math-rock, que dans sa formule pour passer sans encombre du hip-hop de Gotta Click on It, finissant sur un foutoir noisy hérité de Thurston Moore, à la pop lancinante de Hairdressing. C’est d’ailleurs avec un certain culot qu’après cet intermède pop, Marolleau revient nous taper sur le haut du crâne avec le morceau « To Dream and Forget », petite claque presque électro industrielle ; cultivant ainsi l’art du grand écart, construisant sur 11 titres une fable tendue et toujours sur le point de basculer dans un univers sonore que l’on n’attendait pas.

Goodbye Basketball est finalement un disque assez symptomatique d’une manière nouvelle et plurielle d’écrire de la musique qui doit autant à Sonic Youth qu’à Kendrick Lamar. Petit à petit les murs s’effritent et l’on trouve les moyens d’oser accorder la saturation des guitares et les codes du rock, avec les rythmes d’un rap entre la mélancolie de Mike Skinner et la trap du sud des États-Unis. Une hybridation bienvenue, commencée il y a bien longtemps par Breton, BRNS, ou Deerhoof et reprise à son compte par Pierre Marolleau. Ce que nous propose Yes Basketball avec ce premier album, c’est une pierre à l’édifice d’un univers musical créé par une génération de musicien·ne·s nerdy, décomplexé·e·s quant à leurs influences, habitué·e·s aux bricolages et assemblages peu conventionnels. En somme, un enfant du lo-fi.

Yes Basketball – Goodbye Basketball – Les Disques Normals / À Tant Rêver du Roi (2020)

Photo en une © Yoann Buffeteau

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1 commentaire

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Rony Coco 24.11.2020

Excellent album plein de textures différentes!

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