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The National au Point Ephémère, c’était comment ?

Il y a mille et une façons de tomber amoureux. A l’opposé du coup de foudre et de sa violence, il existe cette lente addiction qui s’installe. Quoiqu’on fasse et peu importe les chemins empruntés, on revient toujours à ce point de départ, à cet alter ego avec lequel on s’est intimement lié. C’est ainsi que, depuis 2003, The National est entré dans certaines vies. Pour la première fois, l’occasion nous était donnée de rencontrer l’être aimé sur scène. Et pas n’importe où : au  Point Éphémère, salle de 300 personnes. Une date improvisée suite à l’annulation d’un concert à Istanbul.

I Should Live In Salt et Don’t Swallow The Cap ouvrent le dernier album du groupe, « Trouble will find me », paru il y a quelques semaines. Les deux titres ouvrent aussi le concert. Avec The National, il nous a toujours fallu un temps d’adaptation, d’immersion. Le concert fera le même effet. Il faut nous apprivoiser, nous détendre et ne pas crisper une première rencontre qu’on aurait trop longtemps fantasmée. Laissons-nous le temps, comme on se l’était laissé voici maintenant dix ans.

Parce qu’après tout ce chemin parcouru ensemble, par disques interposés, on a quand même quelques certitudes en arrivant ici : si la musique de The National ne nous prend pas toujours à la gorge, elle agit doucement et on en tombe amoureux comme un tendre venin peut parfois parcourir une veine. C’est un éloge de la patience. Tout en progression, on a droit à des allers-retours incessants vers cette discographie qu’on chérit tant. Les liens se resserrent et l’émotion s’installe, au fil de minutes qu’on sait précieuses. On ne voit jamais le temps passer avec ceux qui nous touchent. Même si Sad Songs For Dirty Lovers, l’album qui a permis la rencontre, est désormais boudé sur scène. C’est dommage, son nom collait si bien à notre histoire. Mais il faut bien faire des choix et la set-list a déjà si fière allure.

The Geese Of Beverly Road, Abel, Pink Rabbits est l’enchaînement qui fait chavirer l’histoire et l’emplit d’ivresse. On s’abandonne à l’autre. Le genre de moment suspendu, à fleur de peau, où on pourrait tout dire, tout confier. Pour rien au monde, on ne voudrait être ailleurs ni avec quelqu’un d’autre. Sauf que l’amour n’est pas toujours qu’une histoire de tendresse. Pour écrire ce qu’il écrit et chanter comme il chante, Matt Berninger le sait. Alors parfois, sans même prévenir, il hurle. C’est viscéral, ça dérape, les micros sont balancés et le vin rouge est craché par terre comme on expulse une rage trop longtemps contenue.

Fake Empire sera le dernier morceau avant le rappel. Puis Humiliation ne servira que de pont vers l’apogée : Mr November. Cet hymne qui a marqué chacun et chacune d’entre nous, chanceux parmi les chanceux présents dans cette salle. Une chanson en forme de Madeleine de Proust qui soude ces histoires qu’on aime à se raconter pour nous rappeler comment tout cela a commencé. Matt nous rejoint, se promène dans la salle jusqu’à la sortie, profite des accolades et tapes sur l’épaule. Toute relation a ses instants brut d’euphorie, de jouissance. S’en suit Terrible Love et Vanderlyle Crybaby Geeks, deux chansons pour deux communions, où le groupe fait même monter un fan qui venait d’appeler son amour à lui pour partager le moment. On rit. Mais au même moment, certains pleurent aussi. Les chansons de The National ont cette force-là.

Qui est capable de tels rappels ? Qui a cette trempe, cette envergure ? Qui sait conjuguer une telle fougue et tant de finesse ? C’est d’ailleurs aussi à cela qu’on reconnait celui qu’on aime : on a beau regarder autour de nous, rien n’y fait. Non, on en est vraiment certain : celui qu’on a devant nos yeux est rare. Il est définitivement à part.

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