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The Balek Band, rafales de groove en contrée nantaise

Le 2 juin dernier sortait dans les bacs et sur les internets le premier album du projet The Balek Band, « Médecines » sur Abstrack Records. En 2015, le groupe est initié par Valentin Tisserandet aka Vidock, accompagné du bassiste Samuel “Big Chief”, du claviériste et percussionniste Vincent “Zeppo Vega” ainsi que du guitariste Ludo “Sweet cannibale Lou”. Quelques dates live et deux EP plus tard, The Balek Band s’éloigne des sonorités dark-disco et signe un disque sublime, organique et éclectique aux influences zouk caribéen, dub, tribal downtempo, post-funk… Mais balek des sous-genres, « Médecines » mérite son propre lien hypertexte sur Discogs, cliquez donc voir si j’y suis.

Début juin, dans la moiteur nantaise d’un Ferrailleur bondé, les Balek offraient une release party bouillante et dégoulinante de groove, un aller-simple vers Fort-de-France en passant par Manchester après une escale à Chicago. Déboussolés, on est parti en backstage demander notre route à Vidock et Emilien Hervouet, directeur artistique du collectif et label manager d’Abstrack Records. Rencontre avec deux activistes de la teuf libre et fervents défenseurs d’une musique sans frontière.

Rencontre : The Balek Band

Avant de parler de l’album Médecines, peux-tu présenter le projet The Balek Band ?

Valentin Tisserandet : Ce projet est né à la base avec Big Chief, le bassiste. On a commencé en 2015, l’idée était de mélanger les musiques organiques et électroniques. Nos premières bidouilles exploraient l’univers dark-disco, downtempo, funk… On a sorti un premier EP sur Abstrack Records qui s’appelait Superbia. Puis on a sorti un disque sur Beauty & The Beat sur lequel on a posé les premières briques, la recherche du son Balek, qui est arrivé à maturité sur Médecines.

Tu viens du live solo, tu es DJ… D’où viennent tes influences ?

Valentin Tisserandet : J’ai toujours fait du live machine, depuis que j’ai 15-16 ans, en bidouillant des amplis de guitare, des synthés… J’ai eu envie de développer cette approche de la musique en groupe. Sur scène avec The Balek Band, je n’ai pas d’ordinateur, on joue avec beaucoup de spontanéité avec les trois autres musiciens. Je suis aussi DJ résident chez Abstrack, évidemment ça me nourrit énormément car on côtoie des esthétiques musicales très larges. Tu ajoutes à ça le talent des musiciens du groupe et ma maîtrise des machines, tout cela fait qu’on explore un éventail musical important.

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Il y a eu quelques de dates live avant de passer en studio pour ce premier album, comment avez-vous procéder pour l’enregistrement ?

Valentin Tisserandet : On a toujours eu vocation à conduire le live et le studio de front, mais même si on avait déjà un live assez rôdé, on cherchait encore notre son et on avait besoin d’approfondir ensemble. Lorsque le Covid est arrivé, on a très vite compris qu’on allait avoir du temps, donc on s’est lancé dans ce premier album. Ça nous a permis de geeker en studio, toujours aller plus loin dans notre recherche esthétique, chercher des textures… Puis le travail de l’album vers, à nouveau, la scène nous a fait passer un gap pour arriver au son qu’on défend aujourd’hui.

L’album s’appelle Médecines, a été composé et produit pendant les différents confinements, tu cherchais quelque chose de cathartique et salvateur avec ce disque ?

Valentin Tisserandet : Clairement cathartique. Mais on a plutôt pensé cet album comme une médecine pour nous-mêmes, plus sur un plan spirituel, collectif et organique. Mais je sais pas si ça nous a libérés sur le style, on a toujours eu des influences très vastes.

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Tu es à l’initiative du projet, tu puises où tes influences ?

Valentin Tisserandet : Mes parents sont musiciens, j’ai baigné dans un environnement de fête, avec beaucoup de musiques organiques et instrumentales. Je traînais aussi beaucoup avec mon frère qui a cinq ans de plus que moi avec qui on a commencé à découvrir les musiques électroniques. Avec The Balek Band, j’ai eu envie d’explorer un ensemble d’instruments beaucoup plus large que ne le permettent les machines électroniques. La rencontre avec les gars m’a donc permis de créer une musique qui nous appartient mais qui est nourrie de beaucoup d’influences. On va chercher des sonorités chaleureuses comme dans le zouk, la musique africaine, des polyrythmies, autant que dans des univers plus froids comme le krautrock. On s’empare de plein de styles, c’est un super jeu.

D’où vient votre intérêt pour des musiques non-européennes : internet ou le voyage ?

Valentin Tisserandet : On est forcément les enfants d’internet aujourd’hui, mais beaucoup de voyages entre l’Afrique et l’Angleterre m’ont fortement fait évoluer. Je fréquente aussi pas mal de disquaires, dont Wood Records géré par Atemi, des rencontres comme Bloody L m’ont fait évolué aussi… Au fur et à mesure que je grandissais dans le monde de la musique j’ai fait des rencontres qui m’ont ouvert l’esprit vers de nouveaux univers, ça rend dingue et boulimique de musique, tu te dis « putain mais ça existe ça, moi aussi je veux faire ça ! ».

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Quitte à se foutre des étiquettes et des genres ?

Valentin Tisserandet : Pour moi c’est le mélange des styles qui est intéressant. Quand je suis face à un.e DJ je me fais chier si c’est un tunnel trop homogène. Après, je suis pas pour abolir les cases ou les genres, c’est important d’établir un vocabulaire pour pouvoir communiquer. La funk, c’est de la funk !

C’est quoi le live parfait de Balek Band, et dans quel décor ?

Valentin Tisserandet : Une plage à Ibiza ! Non, en vrai, j’imagine un public bien fatigué, au lever du soleil, devant un dancefloor moite et bien chépère, et sur une plage bien sûr.

Émilien, suite à la sortie de ce LP, quelle est la dynamique et le développement en cours chez Abstrack, que ce soit pour le label comme pour le collectif d’organisation de soirées ?

Emilien Hervouet : Le label Abstrack Records est né de la volonté de produire des musiques qui sont jouées sur le dancefloor des teufs Abstrack. Aujourd’hui le projet prend une autre tournure, notre envie est de pousser des groupes comme The Balek Band à se développer depuis le studio vers les tournées, toujours dans un circuit indépendant qui sort des carcans institutionnels. C’est un travail de longue haleine qui est complémentaire de nos teufs. Après dix ans d’événementiel, je crois qu’on s’est retrouvé complètement rincés il y a quelques mois, on a eu besoin de se poser et de repenser le projet Abstrack, de le faire évoluer après avoir mûri tous ensemble.

Valentin Tisserandet : Ouais, enfin on n’est pas moins sous l’eau aujourd’hui ! (rires)

Emilien Hervouet : Je suis fier de ce qu’on a réussi à faire avec ce premier album, cet objet est magnifique, j’ai envie que le public se l’approprie. Ça va nous prendre beaucoup de temps de se faire connaître sur ce terrain qui est nouveau pour nous, mais on y bosse sérieusement.

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Valentin Tisserandet : Le gros de notre boulot ces dernières années a été de remonter le courant de la création. Ok on joue des disques dans nos teufs, on sait les faire sonner, les jouer, faire danser les gens. Maintenant, on a tous et toutes dans le collectif très envie de mettre les mains dans le processus de création en sortant nos propres disques. En tant que DJ et producteur au sein d’Abstrack, je suis hyper reconnaissant d’être à ce point entouré et soutenu.

Emilien Hervouet : Ces derniers temps on a aussi eu envie de renouer avec la genèse du projet, c’est-à-dire un collectif d’artistes, de musiciens et musiciennes. A terme, on rêve de monter notre propre studio, à la manière des artistes jamaïcains où toute la chaîne de la création était possible dans ces studios, un vrai travail d’artisan.

Valentin Tisserandet : Je rejoins carrément Emilien. On se dit « artisans de la fête libre » chez Abstrack, en opposition avec l’industrie. L’exemple des studios jamaïcains est parfait et on se revendique de cette culture-là : on a créé notre propre sound system, on commence à sortir nos propres disques, qu’on joue pendant les teufs qu’on organise… On défend ce modèle, cette posture à la fois d’artistes et d’artisans autour d’un projet créatif commun, qu’on porte dans nos chairs.

Photos live : The Balek Band © Audrey Penin
Photo en une : The Balek Band © Ex Luisa

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