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TaParole, l’anarchie est encore en vie

Jamais deux sans trois à Montreuil ! Pour notre troisième année au festival TaParole, c’est avec une joie non-feinte qu’on est allé écouter Vin’s et ses potes des Zoufris Maracas (photo). Un samedi soir estival avant l’heure pour un festival de chanson française libertaire, le tout dans un cadre de verdure anarchique aux portes de Paris : ça n’a pas de prix ! Enfin si, mais c’est vraiment pas cher. Avant cela, on a pris une belle claque avec Nevché. Et beaucoup ri avec un trio à mi-chemin entre théâtre et chanson.

Nevché, ou le mec qui ferait aimer Massilia à un Francilien. L’anti-cliché marseillais. Enfin celui qu’on voit dans les médias torchons. « Il se passe des trucs, mais pas ce qu’on voit à la télé. Pas que… », précisait cette crème de chanteur capable d’exploser dans un final rageur. Commençant ses phrases par « tout ça », les frissons se diffusent en vous au fil des minutes où le débit de paroles s’accélère. Le questionnement de Nevché sur l’hypercommunication qui gangrène l’homme moderne mérite une écoute attentive. A méditer : « Les hommes partagent leurs idées / Sont de bonnes volontés » et « Les hommes sont heureux comme dans une pub ». Le fameux final ? « Tout ça va bien ensemble. » Le rappel anticipé pour ne pas dépasser l’horaire – « Comme ça c’est plus direct », lançait avec malice notre voisin moqueur – c’est un artiste à la sensibilité à fleur de peau et à la scénographie simple mais non simpliste qui a chanté Marseille. Une chanson poignante qui évoque l’éternité au fil des siècles.

En attendant Zoufris Maracas, dans la moiteur accumulée sous la tôle de La Parole Errante, il est temps d’aller boire une bière artisanale à l’extérieur. Les Cotons-Tiges assure le show. Contrebasse, tambour, guitare et une énorme dose de conneries font marrer toutes les générations. A mi-chemin entre le théâtre et la chanson (reprise délurée de Joe Dassin qui prend cher), le trio sudiste a autant titillé nos oreilles qu’activer nos zygomatiques.

« Vous avez  de la chance qu’on soit encore là à cette heure », lance Vin’s amusé avant de débuter son concert aux alentours de 23h. Le chanteur que l’on avait rencontré avec son compère Micho en 2011 (Zoufris Maracas face à la Droite populaire) n’a rien perdu de son humour. Et il a pris de la bouteille… On se souvient d’un concert au Zèbre de Belleville (le quartier de Vin’s) où les compères étaient moins fatigués. Normal, il était 21h. Plus sérieusement, les Zoufris ont fait le job. Le public – peu bouillant mais tellement dansant – a répondu à l’esprit d’ouverture du combo. Une symbiose de rythmiques africaines qui accentue la force du métissage musical à la française. Bref, ce mélange roots a chauffé un peu plus l’étuve du lieu. Une atmosphère pas désagréable. Au contraire…

Photo Zoufris : (c) Thomas Delavergne / Sourdoreille

Inquiets par la montée du FN, les Zoufris ne manquent pas d’en parler sans le nommer. Et pour tout vous dire, c’est aussi pour ça qu’on les aime. L’analogie entre les textes du Sétois en 2014 et ceux de Tryo fin 90′ saute aux yeux. Même si Vin’s distille un message sardonique moins moralisateur (dans la filiation d’un Brassens né dans sa ville natale). Couple bobo avec enfant sur les épaules, pré-ados qui courent partout, fumeurs de joints, jeunes hippies en transe et vieux anars rivés au bar se côtoient. Zoufris véhicule bonne humeur et joie familiale.

Au fur et à mesure que la bouteille de calva (dans une bouteille plastique) diminue, le gouailleur insiste : « ne pas s’inquiéter, ça va tourner ». Le résultat des Européennes semble obséder le chanteur. Son optimisme fait plaisir à voir. A part ça, on a eu la preuve que la cohérence du texte et de la pratique sont deux choses distinctes. Comment peut-on cracher sur l’État et pleurer la modification du régime des intermittents ? Attention, ce n’est pas un défenseur du Medef qui parle. Cette réforme s’avère fortement injuste et infondée. C’est seulement qu’à écouter les textes de Zoufris, on s’étonne que le groupe souscrive à ce régime de chômage… L’individu reste difficile à suivre. C’est probablement la complexité qui fait la richesse de l’être humain. Une seule chose de sûre : notre parole, on l’a aimé cette soirée !

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