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Putain que ça fait du bien : j’ai découvert mon morceau préféré de l’univers

Un riff de violons, une trompette triste et une voix tombée du ciel. Trente secondes se sont écoulées depuis que mon index a appuyé sur le bouton « play » de mon Spotify et me voilà déjà devant l’un, si ce n’est le plus beau sentiment au monde : j’ai trouvé ma chanson préférée. De tous les temps. De l’univers. La plus belle, la plus déchirante, la plus troublante. J’en suis sûr, et plus rien ne me fera changer d’avis.

Plutôt que de tenter de créer un suspense qui forcerait le lecteur avide à scroller directement la réponse quelques pages plus bas, je vous dis tout, tout de suite : cette chanson, la plus belle jamais écrite, c’est « Where Would You Be », par Yaw. Et je ne vais pas non plus créer une attente qui serait forcément vaine, mais dénoterait beaucoup avec mon propos : le reste du répertoire de l’intéressé n’est pas à ranger du côté des génies méconnus, oubliés et touchés par une résurrection. Son histoire connue de nos services est succinte : Yaw est un chanteur soul / hip-hop né à Chicago de parents ghanéens. Il est découvert grâce au producteur chicagoan Ron Trent, et Gilles Peterson fera le reste. Sa discographie est, en fait, quasiment introuvable : il apparaît au détour de quelques morceaux hip-hop avec Rita J, Eric Roberson sous son autre alias, Yaw Agyeman, et est en ouverture du DJ Kicks! du grand Moodymann. Pas plus.

Voilà de quoi forcer le respect : le monsieur est capable de claquer une merveille du genre, et puis plus rien ? Ou bien, à l’heure de la digitalisation totale, se voit-il comme un résistant et, tel Prince de son vivant, refuserait que sa musique apparaisse en ligne ?

Mais bon sang, ce morceau est dingue, dingue, dingue. Comment décrire ce que l’on ressent, quand la grâce nous touche ? Quand on se sent emporté par quelque chose de plus beau, de plus grand que nous ? Ma première rencontre avec cette plainte déchirante remonte à quelques années, à la lueur d’un mix sur une radio anglaise et où, comble de bonheur, Shazam n’avait pas voulu fonctionner. Torturé, je m’en suis remis au destin qui, quelques mois plus tard, m’a souri : j’avais le titre devant moi, en chair et en flux mp3 basse définition. La fonction replay est alors entrée en surchauffe, comme pour compenser ce manque injustifié.

Des violons aux accents inquiétants surgissent des profondeurs tandis qu’une trompette, lumineuse mais triste, combat cet océan de tristesse à venir, avant que des chœurs ne s’en mêlent : l’introduction est onirique, grandiose, voire over the top. Qu’importe, c’est dans les grands étalages de sentiments que l’on a fait les plus belles choses.

Des soubresauts larmoyants de cuivre et de guitare prennent le relais, avant que le céleste ne déboule : Yaw lui-même empoigne le micro, et décrit toute sa détresse et son amour pour cette fille, qui la mène en bateau autant qu’elle l’aime. L’aime t-elle vraiment, ou bien est-ce un jeu ? Il hurle son désespoir à chaque refrain, désespoir qui fait légèrement saturer mon Spotify, d’ailleurs. Où seras-tu, babe ? Où seras-tu quand la fin des temps approchera ?

Yaw, tu seras toujours au firmament des plus belles chansons de l’univers, sois en certain.

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