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Pourquoi Warp Records est encore au-dessus de la mêlée

Aphex Twin, LFO, Clark, Autechre, Drexciya, Boards Of Canada, Danny Brown, Flying Lotus et on en passe et des meilleurs, tous ces noms que vous ne voyez pas tant que ça sur les affiches appartiennent à la grande maison de Sheffield. Steve Beckett, seul aux commandes de Warp depuis le décès du co-fondateur Rob Mitchell en 2001, réussit un pari pas si évident que ça, même sur le papier : questionner le futur avec autant de pertinence en 1989 qu’en 2017, n’en déplaise aux cétémieuxavantistes.

Des portraits de Warp, il y en a déjà des caisses, on ne fera pas l’affront de réaliser un nouvel historique du label. Il y en aura encore des centaines dans les années à venir : 2019 marquera l’anniversaire de ses 30 ans. Et 30 ans pour un label de musiques électroniques – de surcroît sacrément déviantes des coutumes en vigueur -, ça ne court pas les vues YouTube.

Verre à moitié vide : la culture suit globalement la marche du monde entre 1) comebacks ratés d’avance [Les Trois Frères 2], 2) vieillissements et dénaturations de mouvements autrefois à la pointe [quasiment toutes les courants musicaux de plus de 20 ans] et 3) cycles infinis de modes sur le retour [rock psyché, hip-hop ‘old school’, rockabilly, techno de Détroit, variété française, chaussures Ben Simon et Stan Smith]. Ça, c’est la vision dark. Mais à tout dark side of la force fait face un light side tentant d’équilibrer les énergies du cosmos depuis tout temps. Si, si, promis.

Pour qu’on ne soit pas uniquement occupés à voir le monde comme une boucle infinie d’erreurs humaines (la valeur de notre humanité tient peut-être juste au fait que Dieu aurait dû nous donner une mémoire plus balèze, on se serait mieux démerdés), Warp est là pour nos oreilles. Des premiers éclats de schizophrénie d’Aphex Twin, LFO, Nightmares On Wax et Drexciya aux Grizzly Bear, Bibio, Flying Lotus, Hudson Mohawke, Clark et Danny Brown d’aujourd’hui (pour ne citer que les plus connus), le label collectionne les goûts musicaux. Avec cette tendance au détail millimétré, au grain et aux sons « fantôme » qu’on n’entend pas directement mais qui agissent directement sur l’atmosphère des œuvres.

Warp est grand dans l’infiniment petit. C’est peut-être ça, sa principale force, noyé dans un monde globalisé, où les centres-villes sont interchangeables, les fils d’actualité infinis et les disques innombrables. Obscures expérimentations d’Autechre, rap bon pour l’asile de Danny Brown, mille et une textures de Clark, free jazz électronique de Flying Lotus, rituel chamanique de Gonjasufi, Warp tapisse le son, n’oublie pas une deuxième couche et laisse le choix de l’organique même quand tout est électronique. On ne peut trop que vous conseiller d’écouter toute la discographie de la maison de disques mais vu que ses sorties se comptent par milliers, ça paraît compliqué. Tel le digger avide de découvrir la perle rare ou le voyageur qui fait tourner son globe, les yeux fermés, pour trouver sa destination, vous avez pourtant toutes les chances d’acquérir un petit objet musical intense. Et ce, même si vous êtes amoureux des meubles Ikea symétriques, lisses, aux couleurs trop heureuses. Personne ne vous en voudra, chacun ses névroses, chacun ses normalités.

Au-delà de ces considérations – qu’on pourrait lire sur d’autres labels qui suscitent de l’émoi que ça ne se remarquerait même pas (changez les noms d’artistes, vous verrez) -, Warp surfe sur un très solide réseau de distribution et de communication qui en font toujours le label référence des expérimentations plus ou moins « easy listening » dans le monde. Certains n’ont hélas pas la chance d’avoir sa force de frappe et il y en aura toujours pour dire que la vulgarisation, c’est la mort de la créativité, mais on ne peut que se féliciter de voir la maison anglaise en forme olympique. Des signes de bonne santé, c’est toujours bon à prendre.

Et hop, le nouveau titre de Clark, l’un de nos préférés, qui sort son nouvel album le 7 avril.

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