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Petit précis des sous-genres obscurs de la pop

Du « slo-mo funk » au « kiddie punk », nombreuses sont les étiquettes musicales spontanées et hétérogènes. Créer le sous-genre permet de caractériser un peu plus, de rendre à des artistes leurs singularités. Les sous-genres (oui, « new jack smooth » en fait partie) se révèlent pourtant souvent être une inutile élaboration intellectuelle. Raccourcis d’élites tirés par les cheveux ou accidents devenus codes parmi connaisseurs et journalistes mélomanes ? Le vocable spécifique des zikos se multiplie jusqu’à parfois en devenir ridicule. Anglicismes tordus et sous-genres inventés finissent par confiner les artistes à une communauté pointue et fermée. Parce que vous êtes peut-être passés à côté on est allés défricher le côté obscur de la pop, en playlists.

La twee pop

Le terme anglais « twee » nous évoque le nom d’un Teletubbies. Pour une fois, nos références ne nous trompent pas : on appelle apparemment « twee » ce qui est très « nunuche », tellement mignon que c’en est écœurant (rappelez-vous du personnage cartoon Tweety, alias Titi, l’oiseau trop chou que veut se farcir Sylvestre le chat). Inutile de préciser donc qu’il s’agit d’un terme péjoratif. Ce genre vient de la mauvaise prononciation enfantine du mot « sweet », un peu comme « pestacle » en français. C’est dire comme cette catégorie sort des décombres. Rien de nauséeux dans tout ça pourtant : ce sous-genre de l’indie pop regroupe des bandes cultes tels que The Pastels, The Field Mice, The Smiths ou encore The Wake. Pas mal, pas mal. Pour ceux dont le cœur a battu très fort en voyant ces derniers groupes, on vous conseille la compilation C86 de NME et Rough Trade. C’est un peu la Bible dictant les prémisses du genre. Genre qui s’est développé avec le label anglais Sarah Records. Bien plus tard, la twee pop s’est exportée aux États-Unis avec les label K records et Slumberland Records. Que ceux pour qui tout ça sonne chinois se rassurent, voici la version traduite : la twee pop est une musique douce, mélancolique et délicieusement naïve. Les guitares tintent et les mélodies sont légères. En terme d’influences, on attribue à la twee pop le Velvet Underground de « After Hours », « I’m Sticking with You » ou encore « Candy Says » ainsi que Television Personalities. En version 2.0 on verrait bien Fresh & Onlys et Kevin Morby. On vous laisse écouter.

Le sadcore

Normcore, hardcore, trashcore… Bien des noms se fixent à « core », un terme signifiant cœur ou noyau. La sadcore, parfois aussi appelé slowcore, (parce que la création d’un seul sous-genre n’est pas assez) désigne des chansons lentes, à l’atmosphère noire et aux paroles dépressives. Autrement dit de la musique éthérée, spleenique, envoûtante et lyrique qui donne sa dose d’envies de suicide. Ces termes, nés pour caractériser la musique de Cat Power (deux catégories pour une seule personne, qui dit mieux ?) décrit parfaitement aussi celle d’Arab Strap, de Daniel Johnston ou encore d’Elliott Smith. Aujourd’hui on y classerait bien Cass McCombs, Sage et Bon Iver. À vos mouchoirs.

La chillwave

La chillwave, aussi parfois appelé le glo-fi (on ne déroge pas à la règle du deux pour le prix d’un), vient tout droit du site que personne ne connaît Hipster Runoff. Ce dernier désigna sous ce terme une poignée de groupes émergents. Qui a besoin d’un dictionnaire quand il y a des blogs obscurs ? Le terme « chill » ayant volé la place du mot tranquille et connaissant le terme de wave (nouvelle tendance, vague), clairement pas besoin d’une encyclo pour imaginer le délire. Enfin bref, encore une catégorie sortie de nulle part dont la pérennité est quelque peu étonnante. Pour faire simple, les caractéristiques communes de ces formations sont leur musique solaire, leurs boucles de synthés et la qualité sonore de leurs morceaux (qui évoque les cassettes sur lesquelles on enregistrait tout ce qui passait à la radio dans les années 90). Les chansons chillwave explorent des souvenirs en sépia avec une certaine mélancolie devinée par la douceur des tempos, les mélodies vaporeuses et les paroles contemplatives parfois abstraites, chantées d’une voix réverbérée ou épurée. Tout indiqué pour des groupes comme Craftspells, Washed Out ou encore Toro Y Moi, parce qu’on sait que vous ne saviez pas les définir. Bizarrement on retrouve (trop) souvent « beach », « youth » ou tout autre terme dans ce genre de champ lexical lorsque l’on explore les noms des groupes. Peut-être parce que les jeunes et la plage c’est cool ?

La bubblegum pop

La bubblegum pop est issue des années 1960 et 1970. Elle se nomme ainsi puisque certains des groupes fondateurs de ce genre tels The Archies, The Banana Splits, voyaient leurs albums inclus à l’arrière de paquets de céréales. Certains groupes comme The Brady Bunch avaient même leurs propre marque de chewing-gum. L’unique but de cette musique innocente et légère fut de faire trémousser les masses de lycéens aux bals de fins d’année. La bubblegum pop se compose souvent de singles courts, sortes de teenage songs sucrées et optimismes. Le rythme est levé, les riffs entraînants et la mélodie répétitive. Ces pépites oldies n’ont pas les paroles très élaborées, semblant conter l’amour ingénu, elles ont parfois pourtant un revers sexuel. Parmi les plus connues on recense les tubes des Shangri-La’s, The Crystals, The Monkees, Buddy Holly… Ce genre de chansons font clairement les bandes-son parfaites de films tels Ferris Bueller’s Day Of ou The Breakfast Club. En vrai, la bubblegum pop va du « Twist and Shout » des Beatles à certaines chansons de Britney Spears. Mais on préfère penser à des groupes comme Perfect Hair Forever, Habibi, Hunx and His Punx ou encore Shannon and The Clams comme ceux qui ont pris le relais. Des héritiers dignes (no offense aux fans de Britney Spears).

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