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Paris a son premier festival de musique psychédélique

Un bruit court : il murmure que le psychédélisme n’est pas mort. Mieux, il renaît, mue et n’intéresse pas que les vieux soixante-huitards ! Non papa, non maman, vous n’êtes plus seuls. Dans la dynamique de ce retour ont commencé à pulluler de multiples Psych Fest un peu partout dans le monde. Et dans ce partout, il y a Paris. Et à Paris, le premier Psych Fest va voir le jour début juillet. Focus sur ce mouvement à travers l’œil des organisateurs.

Michael Mateescu et Tom Le Bourhis sont à l’origine de la création de la première édition du Paris Psych Fest. Le premier est programmateur, le second, responsable de la communication. L’orga d’événements musicaux ne leur est pas étrangère, ce que Michael nous rappelle : « On travaille depuis pas mal de temps avec Tom et d’autres potes sur un projet qui s’appelle Refraktion avec lequel on organise notamment des concerts psyché et des soirées techno à Paris, Londres et Berlin. » Comme tous programmateurs et mélomanes exigeants, après l’organisation de soirées et de concerts, les deux collègues rêvent d’organiser leur festival. C’est naturellement qu’ils se sont lancés car « il n’y avait pas encore de grand festival psyché a Paris ». C’est tout con, encore fallait-il avoir l’idée.

Le psychédélisme et les années 60, on a forcément nos clichés. L’arrivée du LSD et les Américains aux cheveux longs qui sont allés à Woodstock en lisant On The Road de Jack Kerouac à la recherche d’une révélation reste un classique. Niveau musique, on a l’impression de vivre un revival psyché, avec tous ces groupes dont personne ne nous parlait avant.

« Oui et non, répondTom. Par exemple, tu prends des groupes « jeunes » comme Wall Of Death, Blondi’s Salvation, Blue Angel Lounge ça fait près de quatre ans qu’ils tournent et qu’ils ont leur propre style (…) On peut parler de revival dans la mesure où de nombreux groupes tentent de créer un son psyché alors que ce n’était pas leur style musical de base. Temples est l’exemple du groupe qui atteste d’un revival psyché. »

Il faut se l’avouer : on est tous passé par une furieuse envie de vivre dans les 60’s, où le mot liberté semblait avoir un sens très profond et réel. Epoque douce où les gens étaient spontanés et sans aigreur, ahhh. Cette peinture (naïve) de la société américaine faite, il nous a semblé logique de penser que, pour organiser un festival psyché en 2014, fallait être sacrément nostalgique.

« Quand tu es ado et que tu commences à écouter du rock, tu passes nécessairement par une phase San Francisco Sound avec Hendrix, Joplin, Jefferson Airplane, Grateful Dead et tout ce qui va avec, confesseMichael. Bien sûr, ça te crée une sorte de nostalgie dans la mesure où tu dis : « Ça avait l’air trop cool, j’aurais aimé y être ». Mais c’était il y a plus de 40 ans et je ne pense pas être nostalgique de cette époque. » Et à Tom d’ajouter : « C’est vrai que l’univers musical, historique, graphique qu’il y a autour du psyché fait un peu rêver donc c’est normal qu’on s’y intéresse (…) Ce qu’on cherche, ce n’est pas de donner un côté nostalgique et revival Woodstock avec le festival. C’est même l’opposé ! On cherche à montrer la musique et la culture psychédélique dans toute sa modernité et avec ce qu’elle a de mieux à nous offrir aujourd’hui en 2014. »

L’idée qu’aujourd’hui un festival puisse composer son entière programmation sur une esthétique psychédélique n’est pas forcément facile à assimiler : « Le psyché a toujours été très présent dans la scène rock actuelle, continueTom, et a tendance a devenir un vrai courant au même titre que l’indie. Tu as l’indie-pop, l’indie-rock, l’indie-folk,… Aujourd’hui on assiste au même phénomène avec le psych-rock, le psych-pop, le psych-garage ».

Bref, des événements psychés, il commence à en avoir beaucoup, et ce n’est que le début. Pour Michael, c’est « mention spéciale à ceux de Berlin, Eindhoven et Manchester. Celui d’Austin au Texas (ici) reste le plus gros en taille et en popularité. Il y a aussi celui de Liverpool qui grossit de plus en plus ! Ces festivals sont pour nous des exemples même si l’on y met notre touche parisienne. »

Une touche parisienne ? Pitié que personne ne sorte l’expression french touch ou parisian touch, oui, pitié.

Ces derniers temps, en posant nos caméras dans les festivals qui promeuvent l’émergence, Trans Musicales, Mo’Fo et Nouvelle(s) Scène(s), on en a rencontré quelques uns, de Moodoïd à Orval Carlos Sibelius. Ce sont des accents nouveaux, une jeunesse inattendue.

Pour Michael, le constat est le même qu’à l’étranger : « Avec l’engouement qu’il y a autour de ce style ça permet à la presse et aux gens de découvrir cette scène : des artistes comme Orval Carlos Sibelius, Moodoïd, Aqua Serge, Dorian Pimpernel, Wall Of Death et des labels comme Clapping Music, Born Bad Records, Hands In The Dark, Howlin Banana Record ».

C’est donc à Paris que la première édition de ce premier Psych Fest  français aura lieu. Comme quoi il y a toujours de l’espace pour créer un festival… Même à Paris.

« Les atouts c’est Paris, sa scène et son public, précise Tom. L’idée de base n’était pas de recréer une ambiance comme à Austin ou dans des villes ayant un fort passé psychédélique. Ce que l’on veut montrer avec ce festival c’est que Paris ait sa propre scène psyché, avec ses artistes phares et un univers bien particulier. Au final, un univers qui va toucher les frontières de la musique psyché avec le post-punk, la darkwave, le garage, le psych-rock ou le noise. Une scène assez vaste mais qui réunit un public ayant des goûts multiples et affirmés pour les musiques expérimentales et de qualité. »

En parlant de ces différentes branches musicales liées au psyché, Michael nous explique grosso-modo la programmation : « On a 17 groupes (15 à la Machine et 2 sur la plage du Batofar) et des DJ sets. C’est une programmation majoritairement psychée. Après, The Soft Moon ou The KVB sont souvent vus comme des groupes new wave / shoegaze mais on considère qu’ils ont vraiment leur place sur un événement comme le notre et que leur musique est psychée. »

Le psychédélisme, c’est certes de la musique, mais c’est aussi une imagerie. Et comme Michael et Tom ne peuvent pas tout faire, ils ont fait appel à Anastasia Andrieu, reponsable d’art et commisaire d’exposition pour le Paris Psych Fest. On lui a demandé en quoi consisterait l’habillage du festival :

« C’était primordial pour nous de monter une expo sur l’art psychédélique, commence-t-elle. On essaie d’apporter un choix de travaux pluri-disciplinaires, mais on se concentre beaucoup plus sur l’art « interactif » : le psychédélique, c’est surtout une expérience. On organise deux expositions. La première, Parisienne, rassemblera donc une majorité de « live acts » et happenings, avec même des conférences sur les thématiques du cerveau et de la perception. La deuxième sera itinérante et se produira sur la terrasse du Batofar (à Paris) ainsi qu’à l’I.BOAT (à Bordeaux), et offrira en grande partie des pièces en 2D, tirages, dessins et peintures. »

Chez nous, on valide (à fond) cette programmation psychée (même si on vous avoue ne pas tout connaître) d’où ce partenariat au coup de coeur (on vous en reparle vite). Avec des lives de The Soft Moon, The KVB, Zombie Zombie, Le Cabaret Contemporain et des DJ sets de la team du label In Paradisium (Mondkopf, Qoso, Low Jack) ou encore Etienne Jaumet, il faut être compliqué pour être déçu.

Et l’on espère que des Psych Fest germent partout dans nos belles villes françaises.

Liens utiles :

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