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Noriega : « En festival, t’as 40 min pour convaincre. Tu ne triches pas »

La vidéo acoustique des jeunes chiens fous qui suit, proposant un rock jovial d’un Majalube époque Montréal -40°C, a fait tilt instantanément. Pour info, les compères se sont filmés au petit matin « un peu fatigués ». Des branleurs, Noriega ? Comme tout rockeur qui se respecte, oui. Mais pas que. Jef, chanteur parolier (casquette) et Renaud, batteur, insistent sur la différence entre l’image et la face cachée. Au Divan du Monde le 14 octobre, la réponse scénique a été celle de chaleureux branleurs de rockeurs… travailleurs. Avant cela, on leur a balancé des mots pour les faire parler. Des réactions à fleur de peau et second degré. Rock.

Geek

R : C’est marrant car on est vraiment divisés dans le groupe. On a deux énergumènes no geek, no nerd. Jef et Marceau, faut pas qu’ils voient un ordinateur, ni qu’ils en touchent un. Julien et moi, on travaille là-dedans. Moi, je suis à fond dans la vidéo. Après, on se retrouve sur les jeux vidéos.

J : Bien qu’on soit différents aussi dans nos jeux…

Festival

J : Rêve. Envie. But. Objectif. On n’a pas à rougir de dire que c’est quelque chose d’intouchable. On va réussir au moins à y aller.

R : Il y a tellement de gens différents réunis que ça donne envie.

J : C’est vraiment l’apothéose pour un groupe de présenter de la musique à un panel de gens venus écouter de la musique. T’as 40 minutes pour les convaincre. C’est super. Tu ne triches pas.

R : Ça fait bien rêver.

Un, en particulier, qui fait rêver

J : Il est intouchable : Glastonbury en Angleterre. Rock en Seine aussi.

R : C’est con mais on fait du rock (sourire).

Paris

J : Morose. Microcosme parisien, un peu triste, avec des gens robotisés. Pas folichon.

R : On est négatif, là.

J : Non mais… Même si Paris c’est plus rock et plus glam, c’est pas folichon. Il y a plus d’humanité dans les bleds d’à-côté.

Banlieue

J : D’où on vient. C’est pas Paris. Je vais arrêter de faire des phrases. Désanchantéééé… (sourire)

Porno

J : La base (rires). Moment de repère, de reconstruction, ressourcement. Pour réagir face à notre titre, on va dire une inspiration. On est jeunes, on a grandi avec l’avènement du porno, les premiers sites de streaming. On l’a vu évoluer. Après, on a une vision de l’amour à peu près normale. Maintenant les gamins, ils ont grandi qu’avec ça. J’imagine bien la première fois d’un gamin de 15 ans avec sa copine de 14. Il lui fait une éjac faciale : « Normal, j’ai vu sur ça sur internet, on fait comme ça ! ».

Rock

J : Ça veut tout et rien dire. Ça s’est hippisé. On peut dire que Kanye West est une rock-star aujourd’hui. Le rock est un mode de vie. Je pense que t’es aussi rock que moi. On se prend pas la tête, t’as envie de faire quelque chose, tu y vas.

R : Tu suis ton instinct, ta route. Tu fais ce que tu veux. Le manque de repères fait qu’il y a moins de restrictudes… Euh, ça n’existe pas ça. De restrictions (rires).

J : Être rock’n’roll, c’est peut être juste s’assumer dans les travers et les bons côtés. Je ne pense pas que ce soit rock de seulement se bourrer la gueule et s’en fourrer plein le pif. C’est autre chose. Depuis Noir Désir, il n’y a plus rien. Il y a des habillages rock, mais ce n’est pas le fond. Deportivo assure dans ce registre. Tu vois les Top Rock sur D17, t’as M83 ou Phoenix. Pour moi, c’est de la pop electro – je respecte, attention – mais c’est pas du rock. Sur le marché international mainstream, hormis Queens of the Stone Age, t’as plus rien. The Strokes, j’en parle même pas. Artic (Monkeys), c’est bien mais c’est plus plat. Il n’y a plus le côté Nirvana de rendre la musique plus grasse, plus « rentre dans ta gueule ». C’est pareil avec le hip-hop qui est devenu la culture du vide. Y’a plus de message.

 

Groupies

R : On connaît un peu. Mais en fait, on a surtout beaucoup de groupies garçons (rires). En référence au film Almost Famous, je tiens à différencier les groupies des groupeux, ces gens qui respectent la musique et veulent nouer des choses avec toi. Personnellement, j’adore. Tu fais de la musique pour donner et ensuite t’enrichir. Après, il y a toujours des énergumènes là pour crier.

J : Groupies pour moi, c’est péjoratif. Cataloguer groupies des gens qui aiment ta musique, ça fait chier. La petite de 15 ans qui ne te connaît pas et qui t’as vu dix minutes sur scène, mais qui t’attends à la fin du concert pour te dire que t’es formidable, pfff. Elle fera pareille la semaine prochaine avec un autre groupe. Je trouve ça glauque, donc perso je trace à la fin des concerts.

L’enfance

J : Tu commences à parler de la violence, Renaud ?

R : On va mettre la musique d’Herta.

J : Dans le terme global  ou actuel ?

R : Il essaie de nous gruger là.

J : Parfois, on avait des oranges à la maison. Non, sérieux, il n’y a plus d’enfance quand tu vois qu’un gamin de 12 ans se prend pour un adulte. Tu te retrouves à cadrer des gosses de 13 ans qui se comportent comme des mecs de 28. Des gamines de 12 ans s’habillent comme des meufs de 18 ans. On se croirait en Angleterre avec leurs jupes ras-la-fouffe, les mini-shorts. C’est un vrai manque de repères.

R : Heureusement qu’on est là après pour les éduquer. Le mec horrible, putain de rock’n’roll : « Trace bien ta route ! » (rires).

L’adolescence

R : En fait, c’est assez cool. C’est le moment où tu te crois perdu mais où t’es le plus libre finalement. On s’en rend compte après. C’est pas pour rien qu’on a de plus en plus de trentenaires/quadragénaires adolescents.

J : C’est la liberté et le moment où tu ressens le plus les choses et le moment où tu choisis si tu vas continuer à ouvrir les yeux ou les fermer après. Tu sais que le monde dans lequel on vit c’est de la merde, que ce n’est pas un fantasme d’adolescent. Soit tu utilises l’hémisphère droit et t’es individualiste, ou alors l’hémisphère gauche dans la compassion et la souffrance. Pour moi, l’adolescence.est un tournant.

Tournée

J : C’est plus bandant de faire une tournée que de passer sur NRJ. C’est là que tu sens la vraie énergie.

R : On tourne comme on vit. On est amoureux de la scène, c’est vraiment notre monde.

Assiduité

J : On a une image de branleurs à la base mais quand tu vois le travail, tu péterais un câble. C’est limite pas humain le taf qu’on a fourni pendant deux ans et c’est limite pas humain ce qu’on va fournir dans les deux ans à venir. L’image peut être celle de branleurs mais on est rigoureux.

R : On l’est dans la vie, mais pas dans la musique. On avance, on trace. C’est pas toujours drôle et marrant.

J : Quand t’as un nouveau morceau, c’est des prises de tête, des concessions. Mais c’est génial. Faut vraiment venir nous voir en concert (interview réalisée avant le concert du 14 octobre à voir ci-dessous), car entre les sons qu’on a mis sur le Net et ce qu’on est aujourd’hui, ça a changé.

Nation

J : Ah putain, plus ça avance… (rires)

R : Franchement, cette station de RER est vachement cool. J’y ai passé beaucoup de temps. Le quartier de moins en moins bien, mais la station, vraiment bien…

Un rituel

R : Lancer des vannes.

J : Charrier, le second degré. Ça permet de dédramatiser quand on est dans la merde.

Femmes

R : J’ai envie de dire l’origine de la vie. Michel Sardou, la base quoi. Femmes des années 80 ! (rires)

Crédit photo : Aurélien Bony

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