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Mathieu Boogaerts, un Promeneur qui a de la reprise

L’homme à la tête de hibou sort l’un de ses meilleurs albums, « Promeneur », un mois après que dix de ses disciples aient honoré un vinyle de dix titres marquants. En 20 ans de carrière, il y avait de quoi piocher dans une discographie pêchue et attendrie. Retour sur cette double actu sur fond de Delerm, le copain de Mathieu Boggaerts chez Tôt ou tard qui a lui aussi sorti « A Présent » en septembre.

Écrire sur Mathieu Boogaerts en écoutant le dernier Vincent Delerm n’a rien de surprenant. C’est même marrant de remarquer que les deux compères du label Tôt ou tard viennent de sortir leur album à quelques semaines d’écart. On se souvient alors du pianiste lancinant parler du guitariste à la jambe folle lors d’un concert donné cet été à Fnac Live : « Tôt ou tard, c’est une grande famille mais ce n’est pas non plus une maison dans laquelle Dick Annegarn serait à la cuisine pendant que Mathieu Boogaerts écoute du reggae à fond dans sa chambre ». Derrière la blague, un fil relie pourtant les quadras.

Chez l’homme à la tête de hibou, ce fond de musique africaine tendant parfois vers le reggae nous a toujours parlés. Fin mai, en nous confiant qu’il finalisait un album de chansonnier sans batterie, on se doutait que Promeneur sortirait du cadre. En toute transparence, la première écoute nous a déçus. Une belle déception à vous énerver d’écouter des rimes jugées faciles. Puis, en se rappelant qu’il ne faut pas écouter un disque dans les transports en milieu urbain à une heure de pointe, vous comprenez que le mauvais choix n’émanait pas forcément de Boogaerts. La deuxième et la troisième écoutes n’ont pas été folichonnes. Trop rapide, pas assez posé. C’est allongé sur le canapé, puis dans un lit, à prendre le pouls calme de l’animal qu’on a compris que la paternité avait ouvert de nouveaux horizons au timide qui se soigne. Depuis un mois, Promeneur a subi une écoute en boucle comme Let it Glow de Rover avait reçu le même sort à l’automne 2015. S’il n’est pas simple de décrire ce guitare-voix, la délicatesse bienveillante a servi de moteur à Boogaerts. La perfection est frôlée sur « Le Glorieux ». Aucun doute ne subsiste, cet album est l’un des meilleurs de sa discographie. De quoi renvoyer ce « Merci » au chanteur champêtre.

Sur l’album de reprises

Souvenez-vous : on vous avait proposé d’écouter un album de reprises pour fêter les 20 ans de carrière de Boogaerts, sur le label La Souterraine. Si vous êtes pressés, voici un rapide brief. Parce que si vous connaissez Mathieu, pas sûr que ses proches ou disciples vous parlent.

O (Olivier Marguerit) ft Diane Sorel ouvrent les hostilités avec une fragilité qui doit faire plaisir au principal intéressé. Témé Tan envoie ensuite du lourd sur « Bandit » alors que Nicolas Michaux, fils adoptif musical le plus légitime de Mathieu que l’on avait rencontré,  balance une version électro de « Jambe » qui ne laissera pas indifférente au battement. « Une bonne nouvelle » venue d’Adrien Soleiman, dernier signé chez Tôt ou tard sur lequel on n’a pas trop accroché, redonne du moelleux cotonneux cher à son aîné.

Quand on retourne la galette, Barbagallo continue à nous faire plaisir. La grosse déception provient de Maud Octallinn et d’un « Minuit » qui se veut futuriste. Le moment présent donne surtout envie de lever le diamant et tomber sur l’étincelante reprise de Philémon Cimon. « Las Vegas », pourtant l’un des titres chéris de la discographie de Mathieu, est magnifié au point de dépasser l’original. Dur dur d’en dire autant sur le « Come to me » de Cléa Vincent. Le final de Chevalrex (« Dom ») conclut dans une veine purement booagertisienne.

Alors que cette chronique va toucher à son terme, l’album apaisant de Delerm dévoile un duo amusant sur Paris et la rivalité entre chanteurs. « Les chanteurs sont tous les mêmes », ose-t-il avec Benjamin Biolay. L’écoute du dernier opus de Mathieu et des dix reprises de son répertoire prouvent que ses collègues se plantent. Boogaerts est un Promeneur solitaire qui « ne veut pas mourir ce soir ».

Crédit photo : Thibault Montamat
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