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Lenparrot et les quatre cordes sensibles

Pourquoi sortir un EP juste après la sortie de son premier album ? Un premier disque c’est à la fois un aboutissement et le début de quelque chose. Alors que faire de cet objet un peu bâtard qui n’est pas un album mais qui est un peu plus qu’un single ? « And Then He », premier album de Lenparrot n’a pas encore soufflé sa première bougie que voilà « The Boy With The String Quartet », un EP qui prend une place à part dans la jeune discographie du Nantais.

Certains connaissent Romain Lallement depuis longtemps, en tant que membre de Rhum for Pauline et Pégase. La plupart l’ont découvert sous son alias Lenparrot il y a de ça 3 ans, au détour d’une playlist, d’une suggestion Soundcloud ou d’un avis amical. Peu importe le moyen, la finalité était la même, particulièrement à l’écoute de Les Yeux en cavale : chair de poule, frissons, sensation de vertige face à la pureté de cette voix soutenue par des mélodies épurées. L’impression de retrouver James Blake dans cette sorte de r’n’b downtempo mélancolique et sensuel, et ce même si Lenparrot clame sa filiation avec un autre Londonnien, Baxter Dury.

En tout cas, depuis 2015 et la sortie de son EP Aquoibonism, Lenparrot s’est fait un nom dans la pop française qui semble n’avoir jamais été aussi rayonnante, des tas d’artistes trentenaires ou vingtenaires semblant enfin avoir digéré un mélange de complexe d’infériorité face à la pop anglaise et aux figures tutélaires de la musique française et de complexe de supériorité face à la variété française.

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Pour son premier album And Then He Lenparrot s’est entouré de certains qui ont réussi à défricher la pop française, chacun à leur manière : Julien Gasc, avec ses odes hallucinées à l’univers gainsbourien, le cinématographique Chassol signé chez le culte label Tricatel, Juveniles et Yuksek fers de lance de l’électro-pop française. Un résultat riche, varié et solidement produit mais qui ferait presque regretter la simplicité des deux premiers EP du Nantais.

Comme un retour aux sources, c’est à Nantes que Lenparrot a pu donner une nouvelle vie à ses morceaux, en acoustique, avec un piano et un quatuor à cordes le temps d’un concert au Lieu Unique. Dans l’album And Then He « Vincent » comportait la pâte de Chassol, cette impression d’être immergé dans un film un peu suranné. La voix était lointaine, étouffé donnant l’impression d’entendre une personne dans le combiné d’un téléphone à cadran. Là, sur ce premier morceau de l’EP, elle jaillit de façon limpide après une longue et douce entrée en matière instrumentale. Sur « Masculine », avec Julien Gasc, on ressentait leur amour commun pour « L’Homme à la tête de chou ». Le passage à l’acoustique rend le morceau plus sensible, Lenparrot prend le texte à bras le corps et semble construire un dialogue avec les violons.

Il serait exagéré de dire que Lenparrot s’est fait déposséder de son premier album en s’entourant autant. Néanmoins, seul, entouré de son String Quartet, on retrouve le Lenparrot plus intime des débuts mais également plus affirmé, remettant sa voix si particulière au centre des morceaux. Loin d’être engoncé dans ce format particulier d’orchestration, il va même jusqu’à oser reprendre avec succès du Prince (Metallica ne peut pas en dire de même).
Il aurait été tentant d’abuser à outrance de cette opportunité d’avoir un quatuor à cordes à sa disposition. Pourtant, il n’est présent qu’avec parcimonie, principalement pour souligner ou appuyer la voix et les compositions au piano. Avec surprise, c’est sur « Inner Place », d’abord présent sur Aquabonism puis repris de façon plus massif avec Juveniles sur And The He, que les cordes sont les plus présentes.

22 minutes ciselées en 6 morceaux dont 4 sont joliment mis en images par La Blogothèque font de cet EP une belle surprise, de celle qui sont touchantes par leur simplicité. Le seul regret de cet EP, c’est justement que ce n’est qu’un EP.

Crédits photo en une : © Elsa Johanna

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