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Le Villejuif Underground : « On a souvent des idées de merde »

Le « groupe français le plus excitant du moment » a une particularité : il ne rate aucune occasion de raconter des conneries en interview. On a donc discuté avec Nathan, Antonio, Adam et Thomas au Binic Folks & Blues festival de la banane martiniquaise, de Michel Sardou et de gentrification à Villejuif.

Vous connaissiez un peu le festival Binic ou vous débarquez ?

Antonio (claviers, guitare) : Oui, bien sûr. On avait failli venir une fois déjà…

Comme artistes ?

Adam (basse) : Pas en tant qu’artistes, non, en tant qu’adolescents attardés. Ce qu’on est toujours un peu d’ailleurs.

Vous n’aviez pas peur qu’on vous prenne pour un tribute band du Velvet avec un nom pareil ? Ça vous arrive souvent ?

Adam : Tous les jours mec.

Antonio : Non, en vrai c’est assez rare. Par contre, il y a des journalistes qui disent des trucs du genre : « Je suis allé voir le Villejuif Underground, putain, ça ressemblait tellement au Velvet. »

Le Villejuif Underground – Villejuif Underground

Vous auriez pu intégrer le top 10 des tribute bands avec des noms marrants, comme Proxy Music, Antarctic Monkeys, Blobbie Williams, AB/CD ou Kaiser Thiefs… Ces mecs ne manquent pas d’imagination. Vous non plus apparemment : qui a trouvé le nom ?

Nathan (chant) : C’est moi.

Antonio : Il fallait être Australien pour avoir cette idée, je pense. De toute façon, c’est un peu le chef. Nous, on le suit.

En plus il paraît que vous n’êtes pas hyper fans du Velvet…

Thomas : Bah on aime bien, mais sans plus quoi.

Adam : C’est un peu comme la banane, si tu veux. J’aime bien, mais c’est pas mon fruit préféré. Même s’il faut dire que la banane de Martinique est vraiment bonne.

Justement, en parlant de banane, vous connaissez sûrement la légende à propos du premier album du Velvet : la banane, sur la pochette, aurait été imbibée de LSD.

Antonio : Ah oui, on la connaissait.

Adam : Moi j’avais emprunté le disque à la bibliothèque, pour voir… Mais ça n’avait pas marché.

Bon, vous n’aimez pas le Velvet. Vous n’aimez rien ?

Antonio : Si, si, des artistes divers et variés.

Thomas : Michel Sardou.

Nathan : Il y en a plein : Van de Graaf Generator, King Crimson, The Shadow Ring, Public Enemy, Miles Davies, The Fall… Pour la santé d’un groupe, c’est bien d’écouter de tout. De toute façon tu ne peux pas n’avoir qu’une seule influence, c’est impossible.

Thomas : Bah si, Michel Sardou ! Il n’y a que lui.

Antonio : « Les Villes de solitude » dans lequel il chante « J’ai envie de violer des femmes », un grand classique recommandé par les membres du Villejuif Underground.

Le Villejuif Underground – Sake of the Sake

Vous avez quand même un son très 60’s…

Nathan : Oui, ça vient surtout de notre table de mixage : une vieille Tascam 38 qu’on a achetée sur Le Bon Coin. On n’avait pas assez d’argent pour enregistrer en studio.

Antonio : On est souvent catalogués comme un groupe garage à cause de ça, même si notre musique ne l’est pas tellement.

Il me semble que vous viviez ensemble dans la même maison à Villejuif, c’est toujours le cas ?

Thomas : Oui, toujours.

Nathan : Enfin, moi j’habite la petite cabane, dans le jardin.

Adam : Il a pas le droit de rentrer.

J’ai vu quelques photos, c’est le musée de l’underground, cette baraque. Vous la faites visiter ?

Adam : Je suis pas sûr qu’elle soit aux normes.

Thomas : On fait pas mal de collages sur les murs : on en avait fait un magnifique, avec des photos d’Emmanuel Macron avant qu’il soit Président.

Antonio : Et tous les jours on rajoutait des trucs, en mode sporadique.

Thomas : C’était super beau.

Mais, elle est à vous cette maison ?

Thomas : Non, on la loue à un mec très sympa.

Adam : Il fume des roulées.

Antonio : Et il joue du saxo, je crois.

Le Villejuif Underground – Chefchouen Blues

Ça me fait un peu penser à la « Tour de Tise » à Rennes. C’était une grande baraque – rasée depuis – quasi-abandonnée et dont personne ne voulait. Elle a été rachetée pour presque rien par une bande de potes qui organisaient des concerts garage à l’intérieur. Pas mal de groupes du coin y ont joué, dont les Flashers et les Cheapsters, qui sont aussi à Binic cette année. Vous connaissez ces groupes ?

Thomas : Ah oui, Cheapsters ça me dit un truc.

Ils jouaient en même temps que vous, tout à l’heure…

Thomas : Ah ok. D’ailleurs j’ai vu qu’il y’a des groupes qui jouent plusieurs fois ce week-end.

Oui, c’est l’une des particularités du festival. Ils vous l’ont pas proposé ?

Adam : Non, mais on était à Los Angeles hier, c’était compliqué.

Antonio : En vrai, on était en Bourgogne pour le festival de la Cour Denis. C’est moins glam, mais c’était sympa.

Tim Presley, de White Fence, devait jouer deux soirs, mais il a eu un problème de bus. Il est resté bloqué à Calais…

Thomas : Ah bah comme Nathan.

Tu as obtenu ton visa finalement, Nathan ?

Nathan : Non je l’ai toujours pas. J’ai fait plusieurs demandes, ça n’a pas marché. Mais maintenant, je m’en fous, c’est pas grave. Je suis pas un terroriste ou un trafiquant de drogue.

Coincé à Villejuif, en somme. D’ailleurs, vous aimez vraiment la ville ? Je suis allé espionner votre profil Facebook et j’ai vu que vous aimiez la page de l’US Villejuif Foot par exemple.

Thomas : Ah oui, on adore.

Nathan : La ville est très proche de Paris, et en même temps suffisamment loin pour être au calme.

Thomas : C’est drôle le mélange de maisons pavillonnaires et de grosses tours. Il y a un peu de mixité.

Antonio : Oui, même si ça reste assez populaire. C’est pas encore gentrifié, mais ça va forcément le devenir.

Je vous posais la question parce qu’on ne sait jamais si vous êtes sérieux ou pas. Vous aviez notamment détourné le clip de campagne de Marine Le Pen, vous aviez dit ensuite qu’il n’y avait « aucun message politique » là-dedans, que c’était juste pour vous marrer. C’était vrai ?

Thomas : Ouais, c’était pour la blague.

Antonio : Il faut dire que le clip de campagne de Marine Le Pen était déjà assez drôle.

Adam : C’était aussi un honneur de pasticher Le Pen.

L’idée est sortie d’où ?

Antonio : Faut voir ça avec Thomas, c’est lui notre community manager.

Thomas : Bah, on a souvent des idées de merde comme ça, mais ce sont aussi celles qui sont les plus marrantes à réaliser.

Adam : Ouais, on se fait plaisir. On se prend pas la tête.

Antonio : Comme dit JP de chez Born Bad : « Pas de prétention, mais un peu d’ambition quand même ». Dédicace à toi mon J-P.

Le Villejuif Underground – Can you vote for me

En parlant de Born Bad, il y a une grosse vague garage / psyché en France en ce moment autour de groupes comme JC Satan, Volage, les Madcaps etc. Vous avez le sentiment de faire partie d’une scène française ?

Antonio : Non pas tant que ça. Musicalement, on ne se sent pas particulièrement proche de ces groupes.

Thomas : Mais ça ne nous empêche pas d’être potes avec certains d’entre eux, genre Marietta, les mecs de Johnny Mafia, ou de Cheveu.

Bon, dernière question : combien vaut Binic sur l’échelle de Villejuif ?

(La vanne a l’air d’avoir marché sauf pour Nathan, qui semble ne pas comprendre la question. Antonio lui explique en anglais l’origine de l’échelle de Villejuif, ou échelle des malaises : Antonio « For its aniversary, the Carrefour de Villejuif invited two shitty singers for a kind of sketch, but people didn’t react. It was really disturbing – Nathan : Aaaah oui !! »)

Thomas : En fait ici, et un peu comme dans tous les festivals d’ailleurs, il se produit plein de situations gênantes, mais qui paraissent complètement normales.

Adam : La gênance devient la norme, si tu veux.

Donc, plus un festival est gênant et meilleur il est ?

Thomas : Exactement.

Crédits photos : William Lacalmontie

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