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La tradition de la fête selon Sho Madjozi

“Can I get a Iyaaahhh?” Et la foule de reprendre en cœur le gimmick caractéristique de Sho Madjozi. Attention les yeux. Ça danse, ça se trémousse, ça saute dans tous les sens, et ça lâche des sourires qui feraient fondre le plus endurci des cœurs.

Tout commence par de la poésie. La poésie par nécessité, la poésie pour panser les plaies, la poésie pour s’évader. Sous le pseudonyme de Maya The Poet, celle qui agit dorénavant en tant que Sho Madjozi, s’est vu publier son premier poème dès l’âge de 11 ans. Pour autant, l’artiste ne se définit pas comme une ex-poète et une actuelle chanteuse. Sho Madjozi écrit des poèmes, des textes de rap, des pièces de théâtre… À chaque idée son moyen d’expression le plus adéquat.

Sho Madjozi est issue du peuple tsonga, une population d’Afrique australe à l’histoire complexe, et longtemps discriminé en Afrique du Sud. La chanteuse fait partie de cette nouvelle génération, fière de ses origines, qui participe à la reconnaissance de ses gens et ses traditions.

La plupart de ses chansons sont écrites en vatsonga, le langage tsonga, et elle se positionne en véritable ambassadrice du xibelani, une danse traditionnelle. À l’aide d’un jupon coloré qui s’enfile autour de la taille, les danseurs et danseuses de xibelani sont identifiables grâce à leurs mouvements frénétiques du bassin et des jambes, que Sho Madjozi effectue à merveille lors de ses shows et dans ses clips. L’artiste aux multiples talents en a réalisé un documentaire, The history of Xibelani, à travers lequel elle illustre les évolutions de cette pratique et se rebelle contre différentes pensées : celle qui affirme qu’on ne peut s’habiller que de manière occidentale mais aussi celle, issue de certaines traditions africaines, qui affirme que les femmes ne doivent pas porter n’importe quoi qui soit trop court ou “provocateur”.

Sho Madjozi s’est créée tout un univers autour d’elle, visuellement reconnaissable, par ses coupes de cheveux et tenues qui nous en font voir de toutes les couleurs, littéralement. On peut presque parler d’une marque Sho Madjozi. Et pour cause, l’artiste cultive un aspect très marketing, et elle n’hésite pas à collaborer avec de nombreuses marques et autres show télévisés.

Cependant, elle refuse d’être associée à une éthique qu’elle ne partage pas : Sho travaille uniquement avec les entreprises dont la production se fait localement et qui rémunèrent équitablement leurs employé·es. La chanteuse a conscience de l’essor que connaît la culture africaine dans le monde, pas seulement en termes de musique mais également de mode, de gastronomie… Elle met en garde contre le phénomène de néo-colonialisme qui risque d’en découler, et espère que ce rayonnement et cet intérêt international ne se fera pas au détriment des artistes africain·es.

Sho Madjozi peut se voir comme un modèle d’inspiration pour les jeunes africaines, elle souhaite leur rappeler qu’elles ont le droit d’être qui elles veulent, de porter ce qu’elles veulent, de faire ce qu’elles veulent avec leurs cheveux… Elle pose également cette question : que seraient les jeunes femmes africaines aujourd’hui si elles n’avaient pas été interrompues par la colonisation ? Le champ des possibles est large, l’imaginaire infini, et il est grand temps de se réapproprier cette culture. Tel est le message qu’elle porte.

A travers ses chansons, l’artiste dégage une énergie communicative sans pareille, et beaucoup de joie. Elle l’admet, tout ce qu’elle aime c’est danser et faire la fête, et elle ne quittera pas une soirée si vous ne la mettez pas dehors ! Alors faites pareil, branchez vos enceintes et dansez toute la nuit sur ses titres “Huku” ou “Kona”.

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