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La folle incantation d’Arcade Fire à Baltard

Un album encensé dès sa sortie, une date dans une « petite » salle de banlieue parisienne, des billets partis en quelques minutes, des consignes de déguisement pour la soirée, des riverains inquiets pour leur tranquillité : on se doutait que le concert d’Arcade Fire au Pavillon Baltard (Nogent) ne ressemblerait à aucun autre.

Le groupe avait donné rendez-vous à ses fans à 18h30. Pas évident pour tout le monde, surtout un vendredi soir en banlieue parisienne. Pourtant, à notre arrivée, la queue autour de Baltard est déjà bien conséquente. C’est l’occasion pour nous de sonder le public et de constater qu’il a plutôt bien joué le jeu du maquillage / déguisement : beaucoup de tenues de soirée, de masques, de paillettes. Quelques déguisements loufoques aussi en mode Vieilles Charrues. Si la file d’attente est disparate dans les tenues et le maquillage, elle reste étonnement homogène dans sa composition : « Des jeunes trentenaires bien éduqués » comme l’avait annoncé en amont la directrice de Baltard pour rassurer les riverains.

L’ambiance est assez froide jusqu’à ce qu’on pénètre enfin dans le Pavillon. Accueilli par un orchestre de mariachis, on découvre alors un atelier maquillage et masques. Agréable surprise : c’est gratuit ! Une fois à l’intérieur de cet ancien bâtiment des Halles de Paris, on bascule dans un univers parallèle : énormes boules à facettes, musique de club, public se dandinant aux côtés des têtes géantes en papier mâché à l’effigie des membres d’Arcade Fire. Pendant une heure et demie, la fête se déroule dans la fosse, en mode dancefloor-carnaval.

C’est presque par surprise que le concert d’Arcade Fire (ou plutôt de The Reflektors) commence : Win débarque au balcon du Pavillon en compagnie de Régine et quelques membres du groupe et chante quelques secondes de « My body is a cage ». C’est aussi sobre qu’addictif. Puis le noir. Puis une montée sonore, forte, très forte. Des basses puissantes. Le rideau s’ouvre et le concert commence avec It’s never over. Le décor est définitivement planté :

Cette montée en puissance de 5 minutes s’amplifiera encore sur le morceau suivant : « Neighborhood #3 (Power Out)« . Le groupe jouera deux autres titres de Funeral, leur premier album, un titre de « The Suburbs » et aucun du pourtant magique « Neon Bible ». Autant dire que la soirée était clairement sous le signe de Reflektors. Les anciens titres joués étaient d’ailleurs parmi ceux les plus proches esthétiquement de ce nouvel album, à l’image du très dansant « Sprawl II ». Le concert, bien que dansant, surfera sur une énergie punk de plus en plus assumée par le groupe. Une influence clairement revendiquée avec la seule reprise de la soirée : « I’m So Bored With the U.S.A »  des Clash.

La soirée vire définitivement dans le sublime avec le morceau Afterlife. Rarement le groupe avait réussi à pousser aussi loin ce qui fait l’essence même d’Arcade Fire. Un truc profondément viscéral, bouleversant, poussant à un abandon total, le tout dans la communion et l’allégresse. Extatique.

Le plus beau tour de force d’Arcade Fire est probablement de réussir à nous bouleverser malgré un set ultra maîtrisé. Qu’il semble loin le côté foutraque et imprévisible de la première tournée. Tout est désormais parfaitement anticipé, aussi bien sur le son que la lumière et la mise en scène. Le pire, c’est qu’on ne peut rien leur reprocher tellement l’ensemble fait sens. A l’image du deuxième temps fort (fou) du concert : l’interprétation de  Here Comes the Night Time. Ces quelques minutes résument parfaitement la force unique de ce nouvel album. Les propos sont sombres, durs, amers, évoquant la situation en Haïti (la chanson de Régine du premier album était aussi de la partie). Mais tout cela est mis en musique dans une ambiance presque festive : le rythme et les sonorités sont à la fois lancinants et dansants. Il y a clairement un côté vaudou dans cette folle débauche d’énergie. Le point culminant se fait avec l’explosion de paillettes et un public littéralement en transe.

Le concert se termine avec un « Wake Up » désormais rituel. Toujours aussi efficace. Le groupe est à peine sorti de scène que la musique reprend de plus belle en mode club. Un mix d’ailleurs pas si mauvais que ça, particulièrement rétro et dansant. Comme si The Reflektor n’avait été qu’une animation parmi tant d’autres dans la soirée. Si agaçant soit-il, le programme millimétré de la soirée n’en reste pas moins mémorable. Il aura permis aux heureux présents de s’immerger définitivement dans l’univers actuel d’Arcade Fire et de confirmer que ce nouvel album porte le sceau de l’excellence.

SETLIST :

Intro : My Body Is a Cage
It’s Never Over (Oh Orpheus)
Neighborhood #3 (Power Out)
Flashbulb Eyes
Joan of Arc
You Already Know
We Exist
Afterlife
Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)
Haïti
Normal Person
I’m So Bored With the U.S.A. (The Clash)
Here Comes the Night Time
Reflektor
Wake Up

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