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J’ai de l’amour à donner à Ma Pauvre Lucette

Si tu n’aimes ni la chanson française, ni la poésie, ni le rap, ni le slam, ni le spoken word, ni l’humour, ni la vie en générale, tu peux passer ton chemin. Sinon, bienvenue dans l’univers de Ma Pauvre Lucette.

Ma Pauvre Lucette (ou MPL pour les intimes, et d’ailleurs par les temps qui courent les noms de groupe à trois lettres fonctionnent plutôt bien alors moi si j’étais eux…), n’est pas un groupe pour lequel j’ai eu un coup de foudre au premier regard. Il s’agit plutôt d’une histoire d’amour qui a commencé timidement, lentement. Et qui était faite pour durer, j’en suis sûre. À nos débuts, je relayais Ma Pauvre Lucette au rang des groupes-que-je-connais-de-nom-mais-que-je-n’ai-jamais-vraiment-trop-écouté-parce-que-ça-me-semblait-moyen. Erreur. Et je suis là pour t’éviter de la reproduire. Donc, retiens bien ce nom. Retiens bien ce nom parce que si tu le vois sur une affiche mal collée dans une rue près de chez toi, faisant la promotion d’un concert dans une petite salle de ta région où la bière n’y est pas chère, fonces-y. Je t’explique.

C’est l’histoire de cinq copains originaires de Grenoble, qui, durant leurs années lycées, jouent un peu de musique. Puis Lucette, une amie commune, disparaît. De cette disparition un bel hommage voit le jour, sous la forme d’un groupe composé de Cédric au chant, Andreas à la basse, Julien et Manu à la guitare et Arthur, comédien, qui dirige les véritables cérémonies que sont leurs concerts. Lauréats du Prix d’écriture Claude Nougaro, présélectionnés en Rhône-Alpes pour les Inouïs du Printemps de Bourges, vainqueurs du tremplin du festival Musilac, petit à petit, le groupe se fait sa place et gagne en reconnaissance. Leur premier album (MPL, en téléchargement sur leur site) s’articule autour de Lucette, amie, amante, de ce qu’elle était, de qui elle était, de comment elle était. Alors on a tous un peu envie de la connaître cette Lucette, “celle qui fait pleurer les garçons, celle qui s’évanouit quand tu la serres”, de tomber amoureux d’elle, de tourner un peu parce qu’on ne sait pas danser, nous non plus. Une chose extraordinaire avec MPL, c’est cette joie et cette envie d’aller de l’avant qui transpire à travers leurs textes, alors qu’on parle quand même de deuil, et que c’est à priori pas le truc le plus fun qui existe dans ce bas monde. Et il n’y a rien de plus beau, rien de plus émouvant, que la joie s’invitant doucement dans la tristesse, pour finir par la vaincre allègrement. Leur façon d’expliquer la perte d’un être cher – la colère, la peine, puis la reconstruction – ainsi que leur manière de chanter et de danser que “la vie continue” est si juste, si belle et si vraie, que même ton cœur dur comme de la pierre se ramollira un petit peu. Ne t’inquiète pas, je t’assure que de temps en temps, ça fait un bien fou.

Souvent comparé à Fauve (et si tu détestes Fauve je t’invite quand même à lire la suite et aussi à te demander si tu détestes réellement la musique de Fauve ou bien l’engouement populaire pour Fauve, je dis ça je dis rien), parce qu’on parle d’une bande de garçons qui chante en français l’amour et les sentiments, mais à travers des morceaux teintés davantage d’humour noir, ou d’humour tout court, question de point de vue. Plus de références aussi : tu trouveras sur l’album deux poèmes de Jacques Prévert (“Dimanche” et “Déjeuner du matin”) et un de Valérie Rouzeau (“La répétition”), magnifiquement interprétés, ainsi qu’une adaptation des temps modernes du générique d’Hélène et les garçons, “Pour l’amour d’un garçon”. Hors album c’est aussi deux covers, “Stan” d’Eminem ft Dido et “Diamonds” de Rihanna (“Diamants” pour la version d’MPL) chantés en français, que tu finiras sûrement par préférer aux versions originales. Également quelques morceaux plus obscurs mais non moins intéressants qui ne figurent pas sur l’album, tels que “Lion” ou “Kind kind war”. Ne passe pas non plus à côté de leurs clips, drôles et beaux, qui sont finalement les deux adjectifs qui collent le mieux au groupe dans son ensemble. Si tu ne sais pas par où commencer, voici mon top 3 totalement subjectif : “Pavane”, la chanson que j’aurai voulu qu’on m’écrive, “Jetée à l’eau”, si t’aimes la natation, et “Requiem”, parce que c’est tout MPL en un seul morceau.

Enfin, une fois que tu auras écouté tout ça, cherche cette fameuse petite salle de ta région, je suis sûre qu’ils y passent en concert, même si tu n’as pas vu l’affiche mal collée. Prends ta place et amène tes mouchoirs, tu vas pleurer. La puissance des chansons de MPL se démultiplie en live, sous la forme d’une cérémonie d’adieu à Lucette, durant laquelle (attention spoiler) Cédric, Andreas, Julien, Manu et Arthur se partagent en un joyeux festin les cendres de leur amour perdu. Si tu n’étais pas encore convaincu par MPL, alors maintenant tu l’es.

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1 commentaire

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Lucas 25.12.2020

Cet article est génial, je connaissais déjà le groupe mais bizarrement je suis tombé une deuxième fois amoureux après lecture de cet article…

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