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Il s’appelle Pierre III, souvenez-vous en

On a retrouvé Pierre III, l’ex-chanteur de Housse de Racket. Il a pris le nom d’un empereur russe pour faire de la musique psychédélique avec des bruits de volcan sicilien. Mais si, je vous jure. Mais… que faites-vous ? Non pas la piqûre, nonnn. Ahhhh.

Le musicien Pierre III est, avant toute chose, un bien indigne homonyme. Plusieurs dirigeants de l’ancien monde (celui d’avant hier) doivent se mortifier, se débattre avec les vers, fouiller la terre et gratter leur tombeau, plutôt que d’écouter cette musique impie et rêveuse. D’un roi d’Aragon au 13ème siècle à un roi du Portugal au 18ème, d’un empereur russe au 18ème siècle à deux autres empereurs brésiliens cette fois-ci au 20ème siècle, en passant par l’évêque d’Uzès au 15ème siècle, s’il est bien une chose qu’on pouvait reprocher aux Pierre III, c’était de ne pas la jouer discret. Mais alors que certains se la coulent douce, confinés depuis 8 siècles dans leur bois de chêne et leurs dorures à compter les fourmis et se rappeler les plus sanglantes batailles, d’autres profitent de leur séjour sur Terre à donner du plaisir aux bonnes gens. Ça c’était donc pour l’intro.

Oui, que de joie d’être en vie s’écoule de la musique de Pierre III. Pendant la quarantaine, cet échappé de Housse de Racket (un petit tube pop au compteur, rappelez-vous, c’était en 2008) n’a pas chômé. Résultat des courses, un album (de 20min et 20sec pour 2020, vous l’avez ?) nommé Cluster (original) dont l’enchaînement des morceaux est d’une incohérence aussi foldingue que libérée des contraintes usuellement rencontrées dans la production d’un disque. Il l’appellera lui-même un « morceau-mixtape » qu’il voit comme « un télescopage d’idées, (…) des fragments qui forment un ensemble. » Alors certes, c’est plutôt pour faire joli sur un communiqué de presse, mais gardons en tête qu’il ne devrait pas avoir besoin de se justifier de laisser virevolter son esprit.

Cluster est donc sorti le 10 juillet de la matrice de Pierre III, aidé par instants de la batterie de Julien Barbagallo (qu’on a pu voir sur son superbe projet solo mais aussi dans Tame Impala, un petit groupe qui a de l’avenir), ou encore de sons d’ambiance enregistrés en 2019 au volcan sicilien le Stromboli. Quelques mots de son auteur : « Pendant cette période, j’ai cru que j’allais travailler ma guitare, apprendre l’italien, faire mon propre pain et plein d’autres choses encore, mais en fait non. Mieux que ça. Je me suis reconnecté au plaisir simple de faire de la musique pour soi. Une musique refuge, celle qui donne des frissons. Il fait sombre dehors, cherchons un peu de lumière à l’intérieur. »

Huit titres, entre délires vocaux bouclés et superposés, interludes entre poèmes et guitares fuzz, mariages électro-acoustiques romantiques, chansons de pop psychédélique, phases d’ambient intemporelles, toutes ces choses qui font de ce disque un trésor d’idées, comme autant d’ébauches de chefs d’œuvres, de brouillons imaginaires, qu’on aime à retrouver comme un vieux carton au fond du grenier en amiante. Comme le disque part dans tous les sens, il ne sera pas toujours facile à caler en fond sonore, mais pour celleux qui ont le temps (de le prendre), il vous sera très aisé d’en saisir toutes les friandises.

L’album s’écoute en entier ici même

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