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H-Burns ou le vertige d’un parcours

Les semaines passaient sans qu’on eût pris un instant pour évoquer le nouvel album de H-Burns, pourtant sorti le 3 février dernier. Parce qu’on ne l’avait pas aimé ? C’est tout le contraire. Non, plutôt parce qu’on ne savait pas comment éclairer d’un jour nouveau ces dix chansons qui composent Kid we own the summer. Il fallait trouver autre chose. Peut-être tout simplement en tentant de rendre justice à la trajectoire qu’aura réussi à dessiner, au fil de ces dix dernières années, ce songwriter surdoué.

Voir un artiste grandir est l’un des beaux privilèges que nous réserve notre métier de conteur de la vie musicale. Nous étions encore en 2007 lorsque notre route croisait pour la première fois celle de H-Burns. Nous, simples témoins spectateurs à Lyon. Lui, le voisin venu de Romans-Sur-Isère écumer les café-concerts de la capitale des Gaules.

Cependant, pour être honnête avec vous, la première fois qu’on prêta véritablement une oreille attentive sur H-Burns date de 2009, avec la sortie de We go way backmerveille de disque folk-rock. Même empli d’influences, ce disque avait ce petit quelque chose d’hypnotique. Il y avait là une signature vocale, une personnalité musicale à saisir. De là à imaginer la suite, toute la suite, non.

Cette suite ressemblait d’abord à une ambition déraisonnable. Renaud Brustlein entendait alors produire le successeur de We go way back avec Steve Albini, l’homme à qui l’on doit Surfer Rosa des Pixies, Rid of Me de PJ Harvey ou encore In Utero de Nirvana (et également beaucoup d’autres nettement plus quelconques, avouons-le). C’était osé. Sauf que c’était parfaitement logique. Depuis sa naissance en tant qu’artiste, de Springsteen à Dylan, le passeport musical de H-Burns est bel et bien américain et l’homme traça sa route. Pas de demi tour, chemins sinueux ou contre-sens. Une seule route en guise de cap : la mythique R66, celle qui mène justement en Californie, non loin de Steve Albini. Ainsi sortit Off the map en 2013, avec le précieux concours de Vietnam, le tout frais label des gars de So Foot.

On ne pouvait toujours pas le deviner, mais le meilleur restait encore à venir. Il allait même prendre encore l’accent américain, avec un nouveau producteur du nom de Rob Schnapf, ni plus ni moins que l’homme derrière les disques majeurs d’Elliott Smith. La foudre frappa violemment, par deux fois : en 2015 tout d’abord, avec l’exceptionnel Night Movespuis en ce début d’année avec le petit dernier, Kid we own the summerLe tour de force est double, car si les compositions de H-Burns ont la puissance de l’immédiat, elles savent aussi s’inscrire dans le temps.

Qu’il l’ait consciemment appelé de ses vœux ou non, H-Burns tenait là une formidable revanche. Il n’était pas qu’un doux rêveur en 2010 quand il partit chercher son bonheur ailleurs et viser sa lune.  Là, il y trouva simplement ceux qui pouvaient lui ajuster un costume à sa juste taille. Taille patron si possible, puisqu’aucun d’eux ne semble décidément trop grand pour lui.

Après tant d’efforts, l’heure des comptes peut sonner. Combien de mélodistes sont capables de chansons comme « « Nowhere to be », « Big surprise », « We could be strangers » ou « Kid we own the summer » ? En France, comptez-les sur les doigts d’une main. Mais ne vous méprenez pas, ils sont certainement plus nombreux. Eux, les H-Burns tapis dans l’ombre. Reste qu’au bout du compte, combien seront encore de la trempe de Renaud Brustlein au moment de confirmer à la table des plus grands, quand un brouillon de chanson gribouillé chez soi devra s’épanouir et déployer son envergure dans les studios les plus intimidants ? Car c’est bien ce qu’a réussi ce bonhomme de Romans-sur-Isère, une fois, deux fois, puis trois fois, au moment de transformer son rêve américain, comme s’il s’agissait d’un simple plan de carrière, en une discographie inspirée et enfin respectée. En 2007, nous étions donc quelques heureux détenteurs d’un secret rock jusque là trop bien gardé. On attendait, sans trop y croire, un décollage. Dix ans plus tard, H-Burns a bien grandi, l’envol a eu lieu et sa carrière devient désormais vertige.

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