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Grems : « Aujourd’hui, l’artiste rapporte plus aux journalistes que l’inverse »

Forte gueule du rap français refusant de suivre le cortège et les codes du milieu, Grems est un artiste à part, en perpétuel bouillonnement textuel. A un mois de son passage au Trabendo (Paris, le 15 novembre), on vous propose une interview au long cours.

Présente-toi en 7 mots.

Autodidacte, punk, deep, tag, drogue, usle, amour

On est un peu perdus avec tous les projets que tu mènes de front. Tu peux nous faire un tour d’horizon ?

Treize ans de musique. Cinq albums solo, sept albums avec des groupes (5713 Mixtape). J’ai commencé avec mon Groupe Hustla (Grems & Le Jouage & Steady) a l’époque des débuts du rap spé en France, dans les années 2000. J’ai sorti mon premier solo Chez Debrazza Records en 2004 (« Algèbre »). J’ai monté mon propre label en 2005, Deephop Panel, et nous avons sorti douze références en 3 ans. Des disques comme « Airmax », « See », « Sex & Grems », « Rouge à Lèvres », « Le Jouage »…

Ensuite, je suis parti à Londres pour produire mon quatrième album, « Broka Billy », avec les Foreign Beggars, Son Of Kick, Simbad, Opolopo, Machine Drum… J’ai aussi réalisé avec Disiz un autre album-concept s’appelant KlubSandwich, produit par Son of Kick et Simbad.

Rouge à lèvres feat. Foreign Beggars, Gash

J’ai ensuite monté mon nouveau groupe PMPDJ avec mes padawans Entek & MiM. Un projet surtout pour enrichir nos lives. Pour finir, j’ai sorti l’album Algèbre 2.0 avec Noza. Un album totalement rap fonky a l’ancienne, plus classique que les précédents, un clin d’oeil à mes fans de la première heure. Puis le projet sur lequel j’ai vraiment le plus travaillé cette année c’est PMPDJ avec un nouveau membre: Starlion. Cet album est un vrai laboratoire.

Sinon je suis designer. La meilleure façon de voir ce que je fais, c’est sur www.grems.eu car si je commence a expliquer ça aussi ont est perdu… Ahaha !

Pourquoi PMPDJ ? Pourquoi pas Pour Ma Paire De Crocs ? Ou Pour Ma Paire De Birkenstock ?

Parce que les Crocs, c’est affreux (j’ose espérer que ça ne sera pas l’emblème d’une génération…). Pour Ma Paire de Jordan, l’explication est simple : nous sommes quatre activistes du hip-hop maîtrisant pour chacun minimum deux disciplines du hip-hop. Nous avons chacun de vrais métiers nous permettant de ne pas salir notre musique, de vrais métiers nous permettant une liberté sans égale dans nos choix musicaux.

Notre choix c’est l’artistique et les risques (ce que personne n’oserait sortir vraiment). La petite histoire c’est que nous sommes tous fans de Jordan. On est restés frustrés par l’interdiction de nos mères étant plus jeunes, vu le prix d’une paire de pompes. S’acheter des Jordan à tout va c’est un peu cher quand même, et débile… Mais quand tu n’attends rien de la musique financièrement parlant, tout ce que tu récoltes est bonus. Voilà donc notre concept : après chaque concert on s’achète des Jordan. Elles ne nous ont rien coûté. Et du coup, on se sent mieux! Nous sommes des femmes dans des corps d’hommes ! Shopping oblige !

Comment en es-tu arrivé à bosser avec Mim, Entek et Starlion ? Peux-tu nous parler de « Haterville » ?

Alors Entek est mon petit que j’ai rencontré il y a 6 ans. Nous avons donc accroché et depuis il est devenu mon backeur puis mon frère de scène, puis mon groupe. Nous avons rencontré MiM en même temps de manière séparée, l’accroche a été très rapide. Est donc né PMPDJ. Le premier album est sorti… Et j’ai travaillé avec Starlion pour son album. Cette rencontre fut très forte humainement. Par la suite, Entek et moi même avons décidé de le faire rentrer dans le groupe, tout naturellement. Nous avons donc tué le premier PMPDJ pour repartir sur de nouvelles bases. Nous avons travaillé de manière totalement complémentaire, c’est le meilleur album que j’ai fait en groupe et le projet le plus motivant à plusieurs que j’ai pu faire!

Le but est de donner une bonne rouste musicale à tous ces arrivistes qui ne savent pas de quoi ils parlent ou ce qu’ils mélangent… Haterville parce que le rap aujourd’hui est devenu un des mouvements ou l’ignorance et la haine gratuite sont maîtres en la matière. Il est aussi devenu un phénomène de mode (comme la tectonik). C’est un malheur de voir une nouvelle génération de kids copier des vrais MCs sans même comprendre pourquoi, sans aucun message, sans aucune vie. Haterville est une réponse directe à la bourgeoisie du rap. Un vomi contre les gens fermés d’esprit, un vrai retour aux bases du hip-hop.

C’est quoi la Fronce ?

C’est un collectif de MCs qui ne supportent pas le racisme musical des autres. Exemple dans La Fronce y’a du rap sur du rap, puis du rap sur de la deep, puis du rap sur du blues, puis sur de la techno… Le problème des rappeurs, c’est que dès que t’inventes un truc aujourd’hui, on te traite systématiquement de n’importe quoi. Le hip-hop est devenu ignorant et radical. La Fronce, c’est répondre radicalement à ce racisme du rap.

Grems est-il un artiste politique ?

Ma religion, c’est de fumer des joints, travailler et aimer les gens. Ma politique c’est le respect et l’égalité, l’amour et la justice. Visiblement ma religion/politique, personne ne la respecte… Mais je dois respecter les autres moi ?

Quelle considération portes-tu aux journalistes ? La promo, pour toi, c’est un exercice amusant, chiant ou nécessaire ?

Le journalisme ? Tu veux dire le copier-coller? Non parce que, le journalisme ça fait 10 ans que je n’en ai pas vu la couleur. Aujourd’hui rares sont les bonnes interviews… Questions de teubés sur questions de teubés, articles repris et copié-collés… Aujourd’hui, l’artiste rapporte plus aux journalistes que le journalisme rapporte à l’artiste. Le journalisme est mort à mes yeux car n’importe qui s’improvise journaleux maintenant. Et puis c’est cool de s’improviser journaleux : concerts gratuits, soirées pique-assiettes… Bref, non, le journalisme est vraiment dead.

De qui, dans le milieu rap, écoutes-tu les conseils/critiques sur ton travail ?

Des miens et de mes amis. Mais surtout pas des gens du milieu. Je n’ai pas de conseils à recevoir de ce milieu. Ils voient la musique comme un commerce ou une partouze. Moi je suis dans l’artistique, du coup c’est pas le milieu qui peut m’aider.

Valcheux de Klub Sandwich, c’est une idée de qui ? Tu rêves de cette fille parfois la nuit ?

 

Grems & Disiz & Simbad & Son Of Kick, Valcheux

C’est une idée qui est venue en une minute au studio avec Disiz et hop, direct on a posé. La meuf étais là en plus…

« Rencontre avec un ballon », c’est du vécu ? Tu peux détailler ?

Grems, Rencontre avec un Ballon

Enfin quelqu’un qui me dit pas c’est un morceau pour les putes ! C’est tout simplement un viol sur un homme. Et l’homme c’était moi.

Tes trois morceaux du moment ?

Oui y’a pas de rap !

La suite en 2013 ? 2028 ? 2058 ? 5713 ?

La suite, c’est mon album solo, j’y bosse.

 

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